L’affrontement entre les Yuuzhan Vong et les forces républicaines n’amènent pas uniquement leurs lots de morts par millions, de planètes détruites. Il ne pousse pas seulement les Jedi à repenser leur rapport à la Force, il ne conduit pas uniquement à l’anarchie, à la peur. Il pousse également chaque être à une réflexion interne, et pas forcément les créatures vivantes. C’est le cas également des droïdes comme C-3PO : lui qui a vécu un bon nombre d’aventures est fortement perturbé par tout ce qu’il voit. C’est la haine féroce des Yuuzhan Vong contre tout ce qui est machine, c’est la famille Solo qui se déchire, c’est des humains qui étaient vivants et meurent brutalement en quelques secondes.
C-3PO a assisté à un bon nombre de batailles, de combats contre les Vong. Il a vu des gens faucher par les armes des créatures extra-galactiques. La mort était partout et en cette époque troublée elle ravageait les peuples. Cela le pousse à réfléchir à sa propre fin. S’il se compare aux humains, il finit par se rendre compte qu’il n’est pas si différent d’eux (« tous les êtres vivants mouraient un jour ou l’autre, de vieillesse, d’accident, de maladie ou de mort violente. En un certain sens, le décès s’apparentait à la désactivation ou à l’effacement de la mémoire. Pourtant, c’était aussi très différent… Une cessation complète de l’être, la fin des aventures »). Quand un être vivant se fait trancher en deux, il y a bien peu de chances qu’il survive. C-3PO lui a été démantelé, démembré, brisé, sa mémoire a été effacée et pourtant il est toujours là. Des parties de son corps ont été changées à maintes reprises et il est toujours là. Mais là, les choses sont différentes : le Vong sont lancés dans une démarche génocidaire, et en particulier contre tout ce qui est machines. Ils les détruisent méticuleusement et méthodiquement. Être capturé par eux, ce serait, pour de bon, la fin ; il en a bien conscience quand on lit que « plus d’une fois C-3PO avait frôlé la destruction (…) Mais à chaque fois, réparation et bain d’huile - l’équivalent droïde du bacta – lui avaient rendu sa splendeur dorée. Ces résurrections périodiques rendaient la désactivation inconcevable, ou du moins difficile à imaginer. Cesser d’être signifiait être désactivé de façon permanente (…) et qu’il devait être pénible de subir une désactivation forcée entre les mains de l’ennemi ».
La situation de C63PO est d’autant plus intéressante qu’il côtoie une famille qui est en train de se déchirer, où plus aucun membre ne parvient à réfléchir rationnellement et se laisse dépasser par ses émotions. Après la mort de Chewbacca, Han blâme son fils Anakin qui se réfugie dans le combat. Jacen décide de ne plus utiliser son lien avec la Force et Leia, au lieu de soutenir sa famille, se lance dans l’aide aux réfugiés. C-3PO se rend alors compte qu’il n’a pas peut-être pas de sentiments et d’émotions, mais qu’au moins ces derniers ne perturbent pas inutilement sa conduite (« si le prix de la conscience était une perte de logique et d’équanimité, ce n’était peut-être pas si désirable »). Sa conclusion est alors qu’il « n’est pas si étonnant que les êtres pensants se fassent la guerre sans arrêt ».
Pour autant, C-3PO est attaché aux humains qu’il fréquente depuis des décennies. Il fait de son mieux pour les aider. Il compile des données sur la culture Vong, il traduit leur langue. Quand Han s’enfonce dans le désespoir suite à l’enterrement de Chewbacca, il regrette de ne pas pouvoir en faire plus : « Pourquoi le Grand Ingénieur ne l’avait-il pas équipé des programmes nécessaires pour secourir Maître Yan en cet instant tragique ? Pour toute consolation, il pouvait lui offrir des discours philosophiques sans intérêt ».
Dans cette longue saga, C-3PO garde sa propension à faire des remarques qui, parfois tombent à plat, parfois sont importantes. Il remarque ainsi « l’intérêt manifesté par Nom Anor lorsqu’on lui a annoncé que Jacen et Jaina étaient jumeaux ». C’est un fait important car les Vong sont obsédés par la question de la gémellité.
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