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Kerra Holt, une Jedi chez les Sith

La République et les Jedi n’ont pas toujours contrôlé la galaxie ou apporté la lumière. Il y a même eu des époques où ils ont volontairement...

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samedi 30 août 2025

Mon Mothma n'a pas compris que les règles ont changé

Mon Mothma fait preuve de naïveté alors que l’Empire commence à se déployer remplacer la République. Elle ne saisit pas pleinement ce qui est en train de se dérouler. Elle ne comprend pas, dans un premier temps, qu’un régime autoritaire se met en place.


La République a donc laissé la place à un Empire et le Chancelier est devenu un Empereur. Cette double transformation ne révolte pas Mon Mothma. Si cela la dérange, elle n’en est pas non plus à vouloir destituer Palpatine dans l’immédiat. D’une certaine façon, elle est presque prête à penser que Palpatine est légitime à revendiquer le titre d’Empereur dans le cadre d’un Empire (« Palpatine et ses sbires avaient manipulé les règles à leur avantage (…) en s’attirant les faveurs du public et en jouant sur le long terme (…) Mon Mothma respectait cette stratégie car elle reposait au bout du compte sur les compétences administratives de l’Empereur et de son cercle restreint »). La stratégie politique mise en place par Palpatine convainc donc Mothma.

Certes, Palpatine a détruit l’Ordre Jedi. Et alors ? Elle ne va pas baser sa stratégie d’opposition sur ça. Elle n’est pas comme Bail Organa qui court après des chimères et tente de restaurer l’honneur des Jedi. Elle est très claire à ce propos (« Tout le monde s’en fiche »). Mon Mothma veut s’opposer à Palpatine sur le terrain de la politique et du sénat, elle veut gagner des alliés. L’idée d’un Empereur ne semble pas la déranger si il y a des contre-pouvoirs en face comme un Sénat fort. Et ce n’est possible que s’ils ne se focalisent pas sur des luttes vaines. Elle tente d’expliquer cela à un obtus Bail Organa : « nous avons besoin d’alliés, Bail. Nous avons besoin de voix. Et le plus court chemin est de faire appel aux intérêts personnels de nos pairs (…) Si l’on commence à parler de Jedi et de complots…. »


Mothma ne semble donc pas vouloir s’attaquer frontalement à Palpatine. Elle ne veut pas de coup d’éclat et encore moins d’attentat contre lui. Quand l’assassin Soujen propose de tuer Palpatine, elle refuse. Pourquoi ? Mothma est attachée à des valeurs et c’est ce qui fait sa faiblesse dans ce cas-là. Elle refuse de tuer pour tuer, même un ennemi dangereux (« parce que personne ne mérite de mourir terrorisé, sous la menace d’un blaster : c’était condamnable pendant la guerre et ça l’est toujours aujourd’hui »). Il semblerait que la guerre des clones ait durablement marqué Mon Mothma. En outre, Mothma est attachée au respect de la loi et des procédures. Elle ne veut pas déclarer coupable un homme qui n’a pas été jugé ni prononcer une peine (« Parce que Palpatine espère à devenir un dictateur, mais que nous avons aucune preuve de ses exactions supposées »).


Toutefois, on peut penser à autre chose qui retient Mon Mothma : la peur. Dans les prmeirs jours de l’Empire, des Sénateurs ont été interrogés et Mon Mothma en faisait partie. Il s’agissait de connaître leurs intentions et de leur faire prêter allégeance à l’Empire en signant un document. Mothma a fini par le faire tant elle a été traumatisée par sa captivité (« ses membres étaient trop faibles et trop rigides pour qu’elle puisse se tenir droite. Elle avait souillé sa robe, les taches étaient évidentes sur le tissu blanc. On lui avait ôté toute dignité avec une cruauté banale, délibérée »).

Mothma est évidemment surveillée. Les services de sécurité l’ont dans le viseur. Et comme elle est proche de Bail Organa, elle est à nouveau interrogée quand son collègue sénateur crée du remous. Encore une fois, ses interrogatoires remuent Mon Mothma et la fragilisent énormément. Elle est à la fois frappée par la peur, le dépit et de l’énervement : « son sang bouillonnait de terreur ; mais son esprit -son intellect- n’éprouvait que de l’indignation et de la colère envers ceux qui pouvaient la traiter, traiter n’importe qui de manière si indigne ». Car l’interrogatoire est éprouvant : elle n’est pas forcément maltraitée physiquement mais plus psychologiquement. Elle comprend que les services impériaux se moquent ou non de savoir si elle a fait quelque chose de mal, d’illégal. Ils veulent simplement des noms, des aveux, lui envoyer un signal fort qu’ils peuvent la broyer si nécessaire (« traiter les gens comme des obstacles que l’on prend plaisir à éliminer était une abomination, l’antithèse de toutes les valeurs et convictions de Mon »).


Elle prend pleinement conscience de tout cela quand Mas Amedda la convoque. Le vizir de l’Empire est là pour envoyer un message clair : Mon Mothma doit rentrer dans les rangs. Rien ne pourra dévier ou arrêter Palpatine. L’homme, d’ailleurs, ne pense pas comme les autres. Son Empire est là pour durer dans le temps et il anticipe des défis qui dépassent le commun des mortels. Si Mothma veut l’entraver, elle devra lui faire une guerre. Mothma est choquée d’entendre ça dans la bouche de Mas Amedda ; elle « faillit avoir un mouvement de recul face au plaisir pervers qu’avait éprouvé le vizir en prononçant ses mots ». La réalité la frappe en pleine face puisqu’elle se rend compte que l’Empereur se moque d’être populaire ou d’avoir l’aval du Sénat ; il veut régner (« elle pourrait refuser de se laisser intimider par l’administration, et en réponse il y aurait du sang, de l’indignation et des morts. Et elle perdrait probablement, tout comme la galaxie. L’Empereur deviendrait peut-être l’homme le plus détesté de tout l’univers, mais il garderait son trône et n’en aurait cure »).

vendredi 30 août 2024

L'Opération Cendres

L’Empire n’a pas accepté sa défaite. De façon plus exacte, Palpatine a mis en place des punitions si jamais il venait à perdre. L’Empereur ne pouvait pas admettre que la galaxie ne lui soit pas soumise.

Dans le premier tome de la trilogie de L’Escadron Alphabet, nous suivons principalement une ancienne pilote impériale, Yrica Quell, qui s’est rendue à la Nouvelle République, après l’Opération Cendres. Elle a trouvé la chose tellement révoltante et hors de propos qu’elle a déserté.


L’Opération Cendres a donc été une vengeance mesquine dont le but semble clair : la destruction. Elle a été un déchaînement gratuit de violence car « des flottes avaient convergé pour participé à l’Opération Cendres : la destruction des civilisations sur Nacronis, Vardos, Candovant, Commenor et bien d’autres (…) Elles avaient été bombardées, gazées, noyées ». Les ordres reçus étaient clairs. Keize, le major de la 204ème escadre des corps de Chasse de l’Empire, rapporte que l’Opération Cendres est lancée. C’est la première contre-attaque galactique depuis la bataille d’Endor. Elle appliquera les plans de contingence mis au point depuis quelques temps déjà ». Bien entendu, l’homme se trompe, il ne s’agit pas d’une contre-attaque : l’Empire de Palpatine ne veut pas regagner ce qu’il a perdu, il désire juste tout réduire à néant. Pourtant, quand Keize poursuit, les motivations sont exprimées de façon claire : « l’objectif stratégique précis est l’élimination de toute présence ennemie à la surface de Nacronis, ce qui inclut toutes les ressources d’être susceptibles d’être détournées par l’ennemi ». Comment bâtir quelque chose en détruisant ou brûlant toutes les ressources de la planète ?

Quell, un membre de la 204ème à ce moment-là, voit ce qu’est une attaque de l’Opération Cendres. Il serait facile de ne pas regarder les dégâts en étant dans son vaisseau. Pourtant, « les enfants mourraient dans les rues, étouffés par les flots de vase. Tout cela parce qu’un ordre avait été donné, et que seuls Quell, Tonas et Barath avaient eu le cran de ne pas l’exécuter. C’était ce que son cher Empire était devenu, après la bataille d’Endor ». 


L’Opération Cendres a eu une conséquence inattendue : elle a révolté bon nombre d’impériaux qui ont décidé de cesser le combat. Ils avaient beau croire aux idéaux impériaux, ils ne cautionnaient pas un tel massacre.

On en a un exemple avec Naboo qui « avait été sauvé du génocide par les commandos des Forces Spéciales Impériales ». La Nouvelle République est forcément révoltée mais elle trouve malgré tout une façon de se servir de l’Opération Cendres. Elle comprend que ceux qui ne s’opposent pas ou continuent à servir ne pourront jamais vouloir la paix ou rejoindre les rangs républicains. Nath, un espion, explique que « toutes ces horreurs commises durant l’Opération Cendres nous ont toutefois fourni des informations utiles. Elles ont révélé quelles étaient les unités ennemis les plus loyales et les plus impitoyables, de par leur participation à ces atrocités ».


Qui a mis en place l’Opération Cendres ? C’est bien entendu Palpatine. Palpatine, disparu, utilise sa voix et des hologrammes pour transmettre ses directives. C’est une attaque à grande échelle (« Résistance. Rébellion. Défi. Vous n’êtes qu’un des nombreux outils grâce auxquels ces idées seront réduites en cendres (…) L’Opération Cendres doit commencer immédiatement »). Palpatine n’a toujours pas digéré le fait que des gens se sont opposés à lui ; il en veut à ces rebelles qui ont troublé son ordre et sa sécurité. 

Shakara Nuress, une gradée de la 204ème, confirme que « le spectre, le Messager, était allé la trouver (…) et avait exigé son sang comme preuve de son identité (…) Alors, la plaque faciale s’était illuminée, et l’hologramme de l’Empereur Palpatine l’avait dévisagée pour la première et la dernière fois ».


Pour le droïde chargé d’interroger Quell, l’Opération Cendres n’est pas étonnante si on prend le temps d’analyser Palpatine. Il était un monstre, un Tyra, un être absolument ignoble. Le droïde remet les choses dans leur contexte (« l’Empereur, qui a ordonné l’Opération Cendres, construit les deux Etoiles de la Mort, supervisé d’innombrables génocides et massacres »). Autremeit dit, cette entreprise de destruction était presque prévisible et attendue. Il continue en disant que Palpatine était un « être cruel. Mesquin et malveillant de la façon la plus ordinaire ; or les individus malveillants commettent des actes malveillants ».


samedi 20 juillet 2024

Des zombies ?

Le roman Death Troopers réserve quelques bonnes surprises. Dans une vaste galaxie où l’action a tendance à se passer en plusieurs endroits et sur plusieurs planètes, nous avons là un quasi huis-clos. Alors que l’Empire est en train de lutter contre la Rébellion, une barge pénitentiaire transporte des prisonniers. Mais, une panne force l’équipage à chercher des pièces sur un destroyer abandonné. Et, c’est le début des ennuis.


Sur la barge, Zahara Cody est une impériale qui travaille dans le secteur médical. Elle n’a pas choisi cette affectation par hasard. C’est un réel choix influencé par un docteur qui a été son mentor et lui a inculqué une certaine façon de voir la monde. Il lui a appris à aider les plus défavorisés, ceux qui sont mis à l’écart par l’injuste système impérial (« il leur rappelle les milliers de miséreux, humains ou non, et ces jeunes êtres qui meurent de malnutrition et de maladie, tandis que la crème de la société galactique se complait derrière ses oeillères »). Dès lors, Zahara effectue un choix périlleux ; elle se retrouve sur un navire qui lui est hostile : on lui reproche de trop prendre soin des rebelles et elle est la seule femme à bord. Elle en a conscience d’ailleurs (« objet bien malgré elle des fantasmes d’une centaine de matons frustrés et de stormtroopers en manque »). Zahara est donc dans la pensée et les conversations de beaucoup de soldats. Ces derniers ne sont pas non plus dans des conditions merveilleuses : ils sont loin de tout, avec des détenus violents et un commandement sadique ou désintéressé. Les soldats cherchent donc une échappatoire à cette morosité et Zahara Cody en offre une (« combien de temps pouvait-on supporter ses collègues se plaindre des menus du réfectoire et s’interroger sur la partie de son anatomie que Zahara Cody lavait en premier sous la douche ? »).

Le roman traite donc d’une infection très mortelle qui se répand sur le vaisseau. Quand il est atteint, Austin, un gardien très malade, crache son venir sur Zahara. Il remet en cause sa façon de travailler, son intégrité et l’insulte : « vous en pincez pour les taulards. Je parie que si j’étais une de ordures de Rebelles, vous me traiteriez comme votre unique patient ».


Dès que les premiers soldats pénètrent le destroyer à la recherche de pièces, ils ont de mauvaises sensations et impressions. Santoris sent que quelque chose ne va pas. Découvrir un nouveau vaisseau, quitter quelques temps la barge aurait dû lui faire du bien, ce n’est pas le cas : « un homme terrifié par les espaces exigus aurait dû se sentir vivifié ici. Pourtant, il ne ressentait qu’une forme curieuse et inédite de panique qui bouillonnait au creux de son ventre ». Un autre soldat, Vesek, confirme cette impression et ajoute d’ailleurs un cran à la comparaison. Il se sert de Vador pour illustrer son malaise (« on éprouve une sensation bizarre quand on le regarde. Comme je ne sais pas… une sorte de froid intérieur. (Vesek frémit.) Un peu comme ici, à vrai dire »).


En revenant sur la barge, les soldats apportent avec eux un virus dont « le taux d’infection avoisine les cent pour cent ». Un droïde médical avec une impressionnante banque de données avoue son impuissance et le fait qu’il est totalement pris au dépourvu ; il affirme que ses « données en matière de maladies infectieuses sont presque exhaustives, mais je n’ai jamais vu quoi que ce soit de semblable à cette épidémie ». Et l’horreur se propage. Les soldats et les prisonniers tombent et meurent (« des cadavres sur les couchettes, des cadavres par terre, des cadavres roulés en boule dans les coins, les bras déjà raides autour de leur genoux serrés »).

De façon assez inattendue, Han Solo et Chewbacca sont présents dans le roman. Placés en quarantaine, ils ont échappé à la propagation du virus et il a été possible pour Zahara de leur inculquer un essai de protection virale. Si Han réagit bien, ce n’est pas le cas de Chewbacca. La façon dont il réagit à l’injection montre la façon dont le virus se développe dans le corps de ses victimes. On peut lire que « la maladie qu’elle avait introduite sous a fourrure, sous sa peau, était une chose vivante qui rampait dans son corps, une créature grise qui se frayait un chemin le long de son bras ».

D’autres personnages ayant survécu à la première vague du virus sont les frères Trig et Kale. Mais, malheureusement, ce dernier est mordu par un infecté et sent le virus monter en lui. Il ressent les changements, il a peur, il délire et pourtant il ose demander à Zahara l’impossible : lui couper la jambe pour empêcher la diffusion du virus dans son corps. Quand Zahara trouve le courage d’obéir à l’ordre, elle regarde la jambe du malade et ce qu’elle voit la terrifie : « Zahara regarda la zone grise remonter le long de la jambe, dépassant le genou et la cuisse dont la peau se mit à palpiter vivement, comme de la gélatine ».

Il semblerait que ce virus pousse les gens dans leurs derniers retranchements. Après quelques péripéties, on tombe sur des impériaux qui ont survécu sur le destroyer. Ils se sont retranchés pour échapper à l’infection. Mais, il fallait bien manger et boire : ils ont alors pratiqué une chose horrible, le cannibalisme (« chaque homme a reçu une mort rapide et humaine. Au début, nous jetions les restes par là (…) Nous avons donc fini par manger tous les restes, nous sucions jusqu’à la moelle des os »).


Il faut dire que le virus a un deuxième effet. Il tue donc ceux qui sont touchés. Puis ceux-ci reviennent à la vie avec une forme d’intelligence et de capacité d’apprentissage, et cherchent à traquer d’autres victimes. Trig et Kale sont apeurés en voyant leur père mort depuis longtemps revenir à la vie (« le vieil homme n’était plus le m^me lui non plus. Les deux semaines passées pourrir à la morgue avaient maculé sa peau jaunâtre de taches sombres »). C’est comme ça que Kale a été contaminé : « les cadavres de la barge pénitentiaires avaient repris vie, et son père se trouvait parmi eux. Son père l’avait mordu ».


Quatre personnes ont survécu : Zahara et Trig, Han et Chewbacca.

lundi 20 mai 2024

La menace grysk

Dans le troisième roman de la trilogie de Thrawn, nous découvrons une nouvelle menace après les Sith, les Nihils ou les Séparatistes : les Grysks. En pleine période impériale, Thrawn est sollicité pour enquêter sur des menaces qui perturbent la construction de l’Etoile de la Mort (le projet Nébuleuse). La cible est clairement nommée, ce sont les Grysks. Ces derniers ont déjà mené des combats. Vador en a même rencontré (« le Seigneur Vador (…) avait aussi exprimé son intérêt pour le Défenseur, surtout après en avoir piloté un contre les forces grysks dans les Régions Inconnues »). De cette affirmation, on peut comprendre que les Grysks sont des adversaires à ne pas prendre à la légère : il semble avoir fallu tous les talents de Vador et une prouesse technologique pour les vaincre. Si on sait peu de choses sur eux, si on entend très rarement parler d’eux, c’est parce qu’ils semblent évoluer dans une partie de la galaxie mal cartographiée et peu fréquentée : les Régions Inconnues. Eli Vanto, un impérial évoluant auprès des Chiss, nous dit que les Chiss « avaient eu le droit à une rixe plutôt musclée avec les Grysks et avec certains de leurs alliés près de la frontière séparant l’Empire des Régions Inconnues ». 


Tout cela laisse place à des rumeurs et peut-être même des inquiétudes. L’Empire aurait-il un nouvel ennemi, en plus de la Rébellion ? La question est clairement posée : « on faisait part de troubles croissants dans certaines zones en marge de l’Empire, un nombre grandissant de systèmes et de peuples hostiles au régime impérial. Combien de ces systèmes et de ces espèces étaient des alliés cachés ou involontaires des Grysks ? ». 

Ronan, l’adjoint de Krennic, finit par comprendre la nature de la menace. L’homme partait avec un préjugé négatif sur Thrawn, sa façon d’être et rejetait par principe ses découvertes. Mais, la réalité des choses l’a heurté en pleine face et il a accepté le danger causé par les Grysks. Il admet que « s’imaginer une espèce étrangère inconnue prête à prendre l’Empire d’assaut était encore plus effrayant. Surtout quand cet assaut pouvait aussi menacer Nébuleuse ».

Comme souvent, c’est l’Empereur qui tranche. Il prend bien entendu tout ce qui pourrait menacer la survie de son Empire mais il minimise les risques en pointant du doigt que le danger est éloigné, physiquement et dans le temps (« le Seigneur Vador m’a déjà parlé de ces Grysks. Il a précisé qu’ils représentent un danger encore lointain, et que la menace pèse avant tout sur l’Ascendance Chiss »).


Si Palpatine semble minimiser la menace, ce n’est pas le cas de ceux qui les ont vus à l’oeuvre. Ils sont d’autant plus inquiets qu’ils en savent peu. Tout ce qu’ils savent sont des rumeurs, des on-dits. Par exemple, Eli Vanto dit que « je croyais que les Grysks manipulaient des populations entières ». Thrawn a analysé les éléments et fournit une hypothèse qui semble aller dans le sens manipulateur à grande échelle des Grysks. Thrawn est convaincu que « la stratégie avérée des Grysks consiste à appréhender ce qui est le plus précieux aux yeux d’une espèce et ensuite à utiliser cette faiblesse pour corrompre des chefs de file voire à soumettre des populations entières à leur volonté ». 

La Commandante Faro semble bien plus préoccupée. Elle se rend compte que les Grysks sont des adversaires inattendus et difficilement cernables. Ne pas avoir assez d’éléments pour les analyser est un vecteur d’inquiétude pour elle (« un ennemi capable de broyer le coeur et l’esprit d’espèces captives au point de les pousser à mourir pour la cause de leurs maîtres (…) voilà qui faisait peser une menace terrifiante sur la galaxie (…) les Grysks pouvaient adopter mille visages , et brandir autant d’armes »).

C’est une Chiss, la navigatrice Vah’nya, qui illustre bien la cruauté et la force des Grysks. Elle témoigne de ce qu’elle a vu sur des gens qui ont souffert des exactions : « j’ai vu ce que les Grysks lui ont infligée. Comment ils ont sondé en profondeur son esprit et son âme. Comment ils ont découvert les désirs et les peurs les plus anciennes en elle, ses souvenirs les plus réconfortants et ses espoirs les plus chers. Comment ils les ont déformés, pervertis, soumis à leur volonté ». Autrement dit, les Grysks sont des spécialistes pour briser psychologiquement leurs adversaires.


D’ailleurs, un prétendu possible Grysk capturé par l’Amiral Chiss Ar’alani montre toute son arrogance : « c’est moi que vous avez traité d’esclave ? Je suis Maître de Vie et Pourvoyeur de Mort. Je suis Chercheur de Conquête ». De cet éclat se dégage une certaine fierté, presque un sentiment de puissance. En tout cas, le grysk est persuadé d’être à part, de ne pas être comme les autres. Il est là pour dominer. A-t-il tort ? La Chiss Vah’nya semble aller dans son sens lorsqu’elle affirme que « trois suffisent à commander une nation. Cent peuvent régner sur un monde entier. Des milliards d’être au coeur et à l’âme mis en miettes, prêts à combattre et à mourir sur l’ordre d’une poignée d’individus ».

mardi 9 janvier 2024

Des impériaux et Alderaan

Le roman Etoiles Perdues nous permet de suivre la formation de jeunes gens qui deviendront ensuite des soldats impériaux et qui occuperont des postes au sein de la flotte, à bord de destroyers, de chasseurs ou à bord de l’Etoile de la Mort. Cette dernière symbolise bien ce qu’est l’Empire : un délire d’un homme égoïste prêt à tout pour écraser les autres. Dirigée par l’infâme Tarkin, l’Etoile de la Mort détruit la planète Alderaan : tous ses habitants sont tués et la planète est réduite en morceaux. Dans le film Un nouvel espoir, Kenobi perçoit la destruction d’Alderaan ; dans ce roman, certains impériaux sont témoins de ce qui se passe. Quelques uns se remettent en question alors que d’autres voient leurs convictions anti-rébellion se confirmer.


Tous les impériaux n’ont pas eu une sensation de réjouissance ou de puissance en voyant la puissance de l’Etoile de la Mort. Ciena Ree, une jeune officière, est choquée par ce qu’elle voit. Rien ne la préparait à ça, rien ne la préparait à une arme donnant si efficacement la mort : « Ciena pensa aux milliards d’êtres vivants qui étaient morts sous ses yeux. Elle crut qu’elle allait fondre en larmes, puis elle aperçut l’officier à côté d’elle ». Ciena ne peut même pas exprimer son dégoût tant les réactions sont scrutées ; le bureau de sécurité impériale n’est jamais bien loin. Après la première réaction, Ciena prend le temps d’analyser ce qui se passe. Elle sait que l’Empire est guerre et qu’il ne doit pas faire preuve de faiblesse. Ses objectifs sont trop nobles (apporter la paix et la sécurité dans la galaxie) pour faire preuve d’hésitation. Ainsi, les moyens employés pour y arriver sont légitimes même si elle peut remettre en cause des conséquences (« je comprends le raisonnement qui a conduit à l’attaque d’Alderaan, mais je ne soutiens pas son anéantissement »).

On pouvait sentir une faille dans l’attitude pro-Empire de Ciena avec raisonnement, elle se confirme avec le temps qui passe. Avec le recul, elle comprend que tous les moyens énormes employés par l’Empire n’ont pas apporté la paix, au contraire. Elle dit que « l’Empire a attaqué Alderaan uniquement dans le but de prévenir une guerre encore plus dévastatrice. La guerre a commencé malgré tout ». Ciena est alors perdue dans son positionnement. Elle ne veut pas rejoindre la Rébellion et ne peut pas quitter les rangs impériaux malgré tout. Son serment prime sur tout, même si « les pires atrocités de la Guerre des Clones n’étaient rien comparées à la destruction d’une planète habitée ». En réalité, elle finit par comprendre que les super-armes de l’Empire ne servent à rien, si ce n’est encore plus motiver les rebelles : « Quand Alderaan a été détruite, nous pensions que ça obligerait la Rébellion à se rendre. Que ça pourrait empêcher cette guerre. Or nous sommes en guerre depuis trois ans. ».


Jude Edivon  est une autre impériale qui a évolué aux côtés de Ciena. Elle pense que la destruction d’Alderaan est un mal pour un bien. Elle cherche et trouve une explication logique : l’attaque fut certes horrible mais elle va empêcher d’autres choses encore plus horribles par la suite. Elle pense que « ce qui est arrivé à Alderaan n’est pas une punition envers le peuple de la planète. La seule justification pour un acte aussi extrême est qu’il permet d’éliminer une menace encore plus grande, les Rebelles ». Autrement dit, c’est presque comme si Alderaan était là au mauvais endroit et au moment et a servi d’exutoire à la mégalomanie de Tarkin. Malheureusement, Jude ne pourra jamais confirmer sa théorie puisqu’elle est présente sur l’Etoile de la Mort quand Luke Skywalker abat la station et tue des dizaines de milliers d’impériaux. D’ailleurs, Ciena considère cela comme une sorte d’égalisation : « chaque fois que Ciena faisait un cauchemar au sujet d’Alderaan, elle chassait ses doutes en se remémorant Jude. La mort de son amie avait toujours aidé Ciena à rétablir l’équilibre dans son esprit ».


Quel est l’impact sur un impérial venant d’Alderaan ? Nash Windrider donne une réponse éclairante. Dans un premier temps, on le pense touché par ce qui vient de se passer, presque à la limite de basculer vers la rébellion. C’est d’autant plus plausible que l’Empire l’empêche de vivre son deuil (« si Nash s’évanouissait, pleurait ou manifestait des signes d’émotion, cette réaction serait considérée comme une protestation. Il serait jugé coupable de la même trahison que les Organa »). Les mois s’écoulent et Nash semble surmonter sa détresse comme le remarque Ciena : « il avait récupéré une partie de son entrain et de sa bonne humeur. Bien sûr, il ne serait plus jamais le même, mais les affreuses cernes sous ses yeux qui inquiétaient tant Ciena au début avaient disparu ». La réalité est que Nash est devenu un impérial fanatique. La mort de milliards de gens était justifiée pour permettre à l’Empire d’atteindre ses buts et se libérer de questions éthiques. En détruisant Alderaan, sa planète de naissance, l’Empire a montré sa conviction et s’est débarrassé de poids morts et de traîtres. Sa pensée est plus que claire : « Alderaan a dû mourir pour que la véritable puissance de l’Empire soit reconnue. La fin de ma planète natal a marqué aussi la fin du Sénat Impérial, la fin des luttes de pouvoir minables qui gangrénaient le début du règne de Palpatine. C’est seulement alors que la véritable force de l’Empire a été révélée ».


Thane Kyrell, lui, a rejoint la Rébellion. Il en est presque à un point où il ne peut pas admettre l’impérial qu’il a été. Sa réaction au sujet d’Alderaan le révulse : « Thane était resté au garde-à-vous avec les autres, et plus le temps passait, plus il avait du mal à comprendre sa propre attitude. Nous avons tué des milliards d’individus (…) et après ça, nous étions censés applaudir ». Anesthésié, Thane constate également que c’est le cas de bien d’autres. Alderaan choque certes, mais personne n’ose en parler. Tout le monde a pris conscience de ce qu’était capable l’Empire et tout le monde a peur. Les gens se taisent : ils craignent pour leur vie, et celles des autres. Ils ne savent même pas où trainent les oreilles de l’Empire ; il faut être prudent. On peut lire que « Thane s’attendait à ce qu’Alderaan soit sur toutes les lèvres, mais personne n’abordait le sujet. Ce silence entourant la destruction d’une planète entière du Noyau en apprenait plus à Thane (…) Si l’Empire était capable d’anéantir une planète aussi importante et prospère qu’Alderaan… plus un seul endroit de la galaxie n’était à l’abri ».

lundi 7 août 2023

La croisade noire du Jedi fou : Mara Jade et l'Empereur

La chute de l’Empire ne fut pas uniquement la chute d’un système politique ou la mort de l’Empereur et Jedi traître Anakin Skywalker devenu Dark Vador. La fin de l’Empire a également bouleversé la vie de bons nombre de gens, comme Mara Jade.


Mara Jade était la Main de l’Empereur, un agent spécial dont se servait l’Empire. Elle ne rendait des comptes qu’à lui et il l’avait entraînée, notamment aux mystères de la Force. Pour Mara Jade, c’était une fierté, une position de pouvoir et d’influence. Grâce à l’Empereur, elle était quelqu’un et elle vivait pour sa reconnaissance. A Luke Skywalker, elle dit que « j’abattais ses ennemis, je l’aidais à maîtriser tous ces bureaucrates imbéciles. J’avais le prestige, le pouvoir et le respect ».

Il n’est donc pas étonnant de retrouver une Mara Jade désespérée les temps qui ont suivi les mois de l’Empire. Même après avoir rejoint l’organisation de Talon Karrde, le souvenir de l’Empereur la hante encore. On sent en elle une colère voire une douleur. Son patron Talon Karrde s’en est bien rendu compte : « il lui avait fallu cinq mois d’observation intense pour sélectionner les quelques rares sujets qui déclenchaient une réaction violente chez cette femme. Parmi lesquels il y avait l’Empereur ». 

Il semble que, pour ceux sensibles à la Force, Endor soit un lieu maudit. Cet endroit déborde de la présence passée de l’ancien Sith. Leia témoigne qu’ « une trace de l’ombre de la présence de l’Empereur existe encore là-bas. Parmi lesquels il y avait l’Empereur ». Mara partage ce sentiment.


Mara a donc été fière d’avoir été Main de l’Empereur. Mais, quand elle rencontre le Grand Amiral Thrawn, il réduit son rôle, il lui fait entendre qu’elle vivait dans une illusion. Mara a sur-estimé ce qu’elle était, son réel rôle. Thrawn, ce Chiss qui manie si bien les mots, lui fait remarquer que « vous n’étiez guère plus qu’une messagère hautement spécialisée ». La qualification blesse Mara Jade, d’autant plus qu’il met en avant une autre réalité : elle n’était pas la seule Main de l’Empereur (« il est absurde que vous ayez plus de connaissances de ses ordres que les autres. Vous ne faisiez qu’appliquer ses décisions »).


A ce moment des aventures, on sent que Mara Jade a une certaine nostalgie de l’Empereur. C’est un homme qu’elle a admiré, qu’elle a servi avec entrain et dévouement. Pour elle, il ne peut y avoir une continuité de ce modèle politique sans lui : « l’Empire sans Empereur n’était plus qu’une pâle copie de ce qu’il avait été et méritait à peine son nom ». Car, l’Empereur semblait capable de tout : il pouvait gérer un immense territoire tout en gardant un oeil attentif sur les gens qui s’opposaient à lui ou lui déplaisaient. Mara se rappelle que « l’Empereur, au faite de son pouvoir, avec des milliers d’autres problèmes en face de lui, avait su, souvent, se venger très précisément de tel ou tel qui avait provoqué sa colère ».


La mort de l’Empereur obsède Mara. Il est difficile de savoir si c’est une réaction qui lui est propre ou qui lui a été imposée par le Sith alors qu’il était battu (Palpatine a contacté Mara en usant de la Force et lui a intimé de le venger). Quand elle rencontre Luke, la seule personne présente au moment de l’instant fatidique, elle l’interroge : « il faut que je vous demande. Vous êtes le seul à savoir. Comment l’Empereur est-il mort ? »

Pour ne rien arranger, Palpatine a gravé en elle un semblant d’ordre grâce à la Force. Il lui a dit que « Vous allez tuer Luke Skywalker ! ». Pour Mara Jade, il n’y a pas de choix, elle doit obéir à cette injonction. C’est pour cela qu’elle se sent mal ces derniers temps, c’est pour cela qu’elle fait des rêves qui la terrifient. En passant du temps avec elle, Luke comprend les tourments qu’elle traverse : « Luke la dévisagea… et comprit soudain. Mara Jade, la Main de l’Empereur, celle qui pouvait entendre sa voix n’importe où dans la galaxie. Elle avait été en contact avec son maître à l’instant de sa mort et elle avait tout vu ».


Enfin, l’Empereur sert de point de comparaison. Quand elle fait face au Jedi C’Baoth, elle se rend compte que le vieil homme a beaucoup à voir avec les autres Sith qu’elle a connus. A un Luke naïf qui espère l’amener vers la lumière, elle répond qu’il ne faut pas le prendre à la légère : « il est complètement fou, d’accord, mais il y a plus que ça. Il est très puissant et plus dangereux que vous ne le croyez. Il a parlé comme l’Empereur et Vador ».

lundi 5 décembre 2022

Jakku

Dans le Réveil de la Force, Jakku nous apparaît comme une planète isolée, dure où a eu lieu de grandes batailles. On y trouve des navires de vaisseaux, notamment des destroyers, sur lesquelles semblent reposer l'économie de la planète. La planète est mentionnée et développée dans quelques romans.

Étoiles perdues nous apprend que c'est ce qui reste de l'Empire qui a décidé de faire de Jakku le terrain d'affrontement final. L'Empire devait se servir de la planète pour prendre sa revanche et régler leurs comptes avec ceux qui les avaient renverser. Empli d'arrogance et de certitude, le Grand Moff Randd affirme que « voici Jakku, une planète désertique : elle ne vaut rien en elle-même, mais elle entrera bientôt dans l'histoire comme le décor de la bataille où l'empire a vaincu la Rébellion une fois pour toutes ». Cette sensation qu'il n'y a pas grand-chose est confirmée par des propos de Han Solo dans un des romans de la trilogie Riposte. Le contrebandier a pas mal vogué à travers la galaxie et sa parole est donc intéressante et à prendre en considération. Ses paroles sont sans pité : « il n'y a rien là-bas. Des mineurs, des charognards, des marchands de terre (…) c'est un terrain vague. Tatooine a l'air vivante en comparaison ». La planète n'aurait rien donc d'intéressant et c'est peut-être pour cela que Palpatine l'a choisi pour détruire son Empire en cas de défaite. Sloane évoque alors à sa façon le plan de la Contingence ; Jakku ne vaut rien si ce n'est tout ce que Palpatine a construit caché, loin des yeux (« Jakku est une étendue désertique, décrépie, brûlée par un soleil impitoyable. Et pourtant, aussi étrange que ça puisse paraître, cette planète abrite en ce moment le plus grand vestige de l'Empire »). Gallius Rax, celui qui doit incarner et mettre en place les volontés de Palpatine, vient de Jakku. Sans un énorme concours de circonstances, il serait resté sur cette planète, coincé et promis à un avenir pathétique. Il dit à Armitage Hux que « je suis né ici sur Jakku, cette planète horrible. Ceux qui sont nés ici sont déjà morts ». La planète n'offre donc rien : elle n'a aucun atout en elle-même, aucun futur possible pour ceux qui y vivent. La bataille n'arrange rien, elle « laisse derrière elle une planète de décombres ».

C'est donc sur Jakku que nous retrouvons Rey lorsque démarre le Réveil de la Force. La jeune femme est seule, occupée à gagner sa vie en exploitant et fouillant les immenses carcasses de métal. Elle décrit ce qu'est la vie sur cette planète : « je n'ai pas d'amis. C'est Jakku ici. Personne n'a d'amis. Il n'y a que des survivants ». Encore une fois, on retrouve l'idée que la vie sur Jakku vous marque, fait de vous une personne résistante. Finn, un ancien soldat du Nouvel Ordre, confirme la première impression de Jakku. Cette planète n'a aucune particularité ; il n'y a que « du sable, des roches, du sable, du sable mouvant et du sable ». C'est un tableau assez déprimant.

Que Jakku soit une planète désolée, un coin reculé de la galaxie semble mettre tout le monde d'accord. La réaction de Han Solo, en apprenant que le Faucon Millenium s'y trouvait, est équivoque. Il s'exclame « Jakku ? Cette décharge ! »

Luke Skywalker est quant à lui d'accord avec Rey lorsqu'elle dit que sa vie passée ne vaut pas grand intérêt (« effectivement, tu viens de nulle part »). Rey n'avait ni famille, ni passé dont elle se souvenait, ni futur. Elle semblait condamnée à passer sa vie à travailler pour d'autres contre un salaire de misère. Rey était quantité négligeable comme Jakku : « elle avait passé tant de nuits dans les déserts de Jakku, à vivre orpheline parmi les rebuts ensevelis d'une guerre oubliée ».

lundi 28 novembre 2022

Une question de survie : Au bon souvenir de Palpatine

Mara et Luke sont contactés par des Chiss : des débris du Vol vers l'infini ont été retrouvés. Il s'agissait d'une mission lancée du temps de l'Ancienne République pour explorer les Régions Inconnues, et pourquoi pas une autre galaxie. C'est un équipage hétéroclite qui est rassemblé : des Jedi, des Chiss, des Impériaux, etc.

Mara, elle, vient de se marier avec Luke. C'est une nouvelle page de sa vie qui s'ouvre mais cette mission la replonge dans son passé, du temps où elle servait Palpatine. Tout lui rappelle son ancien maître, même des choses anodines comme Luke qui fait semblant de fouiller l'esprit de quelqu'un. Pour Mara, c'est de la manipulation, quelque chose qui la met mal à l'aise, quelque chose digne de l'Empereur car « c'est peut-être parce que Palpatine a toujours voulu gouverner par la peur ». Rien ne s'arrange lorsqu'elle rencontre les compagnons de voyage impériaux. L'Empire n'a certes plus rien à voir avec celui qui a existé quelques années auparavant. Mais, il y a leur symbolisme, leur apparat. En choisissant de se montrer sous la forme de la 501ème, ils envoient un bien piètre signal. Il faut noter que cet Empire est appelé l'Empire de la Main et qu'il a été fondé par Thrawn via une demande de Palpatine. On apprend que « Palpatine l'avait envoyé (…) dans les Régions Inconnues (…) sous le prétexte d'une punition à la suite d'une querelle de palais. En réalité, il s'agissait d'une mission secrète d'exploration et de conquête de nouveaux systèmes ». Toujours-est il que tout le monde a conscience de ce qu'a été la 501ème. Luke précise que c'était « le Poing de Vador, l'incarnation même de la haine de l'Empereur Palpatine envers les non-humains, le symbole de sa détermination à fédérer les étrangers sous la domination humaine ».

A ce moment des événements, Luke et Mara sont à la recherche de réponse. Ils aimeraient, surtout Luke, en savoir plus sur ce qui est arrivé aux Jedi de l'Ancienne République, leur façon d'enseigner la Force, leurs coutumes... Mais, ce n'est pas possible comme le remarque Mara : « il y a des tas de choses que nous ignorons à propos de cette période. La Guerre des Clones et les Purges de Palpatine ont fait un drôle de ménage ». En réalité, Mara ne sait pas trop comment se positionner. A cette époque, elle était une agente zélée et efficace, elle faisait ce qu'on lui demandait de faire et elle a sans doute causé de grands torts. En explorant ce passé, elle a peur de déterrer des fantômes et découvrir de nouvelles atrocités (« c'est l'époque de la montée au pouvoir de Palpatine. Personnellement, il y a des tas de choses à propos de cette période que je préfère ignorer »).

Jinzler est à bord du vaisseau avec Luke et Mara. Son point de vue est intéressant car il a fréquenté les Jedi (sa sœur en était une), a vécu sous l'Ancienne République puis l'Empire. Il est donc un observateur de l'Histoire et il peut témoigner de ce qui s'est passé. Il rappelle que Palpatine apportait de la stabilité à une époque bien troublée, qu'il paraissait avoir de bonnes intentions et qu'il avait le soutien du peuple : « il semblait bien, au départ, vouloir fédérer la République. Au fur et à mesure, les gens se sont aperçus combien, de façon insidieuse, il obtenait de plus en plus de pouvoir ». Cette idée que Palpatine a pu apporter de bonnes choses, Mara la partage mais de façon très nuancée. Palpatine était un criminel, un monstre mais il était très organisé. Puisqu'il détenait le pouvoir d'une main ferme, les choses étaient bien réglées. Il régnait grâce à la peur et tous les rouages de la machine avaient intérêt à bien faire leur travail s'ils ne voulaient pas mourir : « Palpatine avait été un individu haineux, méchant, destructeur, tout particulièrement envers les centaines d’espèces extraterrestres sous sa domination. Mais Mara se devait d'admettre que, sur un plan purement pratique, l'efficacité et l'ordre mis en place par les Impériaux avaient représenté une amélioration considérable par rapport à la bureaucratie congestionnée et corrompue en vigueur sous l'Ancienne République ». Cette efficacité de l'Empire par rapport à l'Ancienne ou la Nouvelle République est quelque chose de très répandu dans l'univers légendes : certains pensent que l'Empire aurait mieux résisté face aux Yuuzhan Vong, d'autres en sont nostalgiques. Ils pensent que l'Empire avait les moyens de ses ambitions et qu'il ne perdait pas de temps en palabres inutiles, ou à la recherche d'un consensus. Luke, lui, a forcément un avis différent : « Palpatine aurait très bien pu mettre un terme à tous ces conflits régionaux, mais il aurait également très bien pu mettre un terme à toute notion de liberté et de justice, tout particulièrement pour les non-humains ».

mercredi 14 septembre 2022

L'Empire : les humains d'abord

L'Empire de Palpatine est farouchement pro-humain et tourné vers les Mondes du Noyau. Tout transpire en ce sens, notamment le traitement violent et irrespectueux des mondes éloignés. Dès lors, tout ce qui détonne, tout ce qui n'est pas humain, tout ce qui n'est pas issu de la bonne société est forcément montré du doigt. Le cas de Thrawn, ce Chiss qui finira Grand Amiral, est intéressant car il subira les moqueries liées à son physique et à son origine géographique. Dans le roman éponyme, Thrawn est découvert. La Marine le confie aux bons soins d'Eli Vanto : il est là pour lui apprendre les langues communes et l'initier, autant qu'il peut, aux subtilités politiques. Vanto occupe une place particulière aux côtés de Thrawn : il voit le Chiss progresser alors que lui stagne. Car Vanto n'est pas plus à sa place sur Coruscant et dans les hauts-rangs de la Marine que Thrawn (« vous avez beaucoup progressé en basic ces deux derniers jours. Vous le parlez aussi bien que moi. Peut-être même mieux : vous n'avez pas d'accent de l'Espace Sauvage dont les gens pourraient se moquer »). Surtout Vanto observe Thrawn et se rend compte que l'humanoïde bleu a très peu conscience de ce qui se passe, de tout ceux qui veulent lui mettre des bâtons dans les roues. Il constate qu'un « non-humain qui, encore plus qu'Eli lui-même, était ici comme un poisson hors de l'eau. Un non-humain pour qui la réussite était impossible ». Il dresse alors une liste de peuples, d'espèces qui sont brimées, moquées : « il avait entendu toutes les plaisanteries sur les Falleens, les Umbarans, les Neimodiens, et autres non-humains ».

Quand Thrawn progresse dans la hiérarchie et devient de plus en plus gradé, peu de choses changent. Les préjugés sont toujours là. Lors d'une réunion visant à calmer quelques velléités insurrectionnelles sur des planètes, Thrawn est invité. Mais sa présence n'est pas la bienvenue, n'est pas si souhaitée. L'amiral Durril n'exprime pas ouvertement son mécontentement mais son corps parle (« par ses traits et sa posture, Durril montre qu'il désapprouve la présence d'un non-humain en ces lieux »). Palpatine a bien conscience que son Empire discrimine et cela ne le dérange pas ; en effet, l'Empereur est en plein dans les machinations politiques, il adore placer ses subordonnées en position difficile, les uns contre les autres. Lorsque Thrawn est promu Grand Amiral, il a une réflexion intéressante : « même si je crois que beaucoup ne le voient pas de cet œil ».

Pourquoi ce mépris envers les non-humains ? La question est légitime. C'est Vanto qui nous offre une réponse, une explication qui a un lien avec l'histoire récente de la galaxie. Il explique que « il y avait beaucoup de groupes différents de non-humains au sein du mouvement séparatiste. La Guerre des Clones a causé la mort de beaucoup de gens et dévasté des planètes entières ». Les non-humains paient donc les conséquences de ce terrible conflit (qui n'était qu'une énorme manipulation du Sith Dark Sidious).

Dans tous les cas, pour réussir dans les hautes sphères, il vaut mieux être humain et venir de Coruscant et des planètes autour (« on ressent beaucoup de dédain dans les Mondes du Noyau à l'égard de tous ceux qui viennent d'au-delà de la Bordure Médiane, qu'ils soient humains ou non »). Arihnda Pryce en fait l'amère expérience. Elle qui est une femme relativement influente, qui est en position de supériorité sociale est moquée : « même auprès des gens ordinaires, son accent de la Bordure Extérieure et son absence d'origines coruscanti l'avaient exposée aux moqueries et au mépris ». Toute la société est donc touchée par ce phénomène, du plus bas niveau au plus haut rang : « si l'irrévérence envers les non-humains n'était pas la politique officielle, elle imprégnait néanmoins en toute discrétion l'ensemble de la Marine ».

lundi 5 septembre 2022

L'Empire après la mort de Palpatine

A la fin du Retour du Jedi, Dark Vador trahit l'Ordre Sith et l'Empire. En tuant Palpatine, il met fin à la lignée des Sith et réduit à néant l'organisation politique dominante. Pour beaucoup, la mort de Palpatine signifie la fin du Seigneur Sith, la fin de son emprise et de ses machinations. Mais, c'est mal connaître l'homme qui a mis en place un certain nombre de choses pour avoir, malgré sa mort, une influence sur les affaires galactiques.

Pour pouvoir agir, Palpatine a besoin d'agents à son service. L'un d'entre eux est Galliux Rax, un amiral de la Flotte. L'homme est mystérieux, ses collègues dans la Marine Impériale sont dans le flou total, sauf qu'il est très proche de l'Empereur. Rae Sloane résume parfaitement la situation : « Il est apparu dans les registres de la Marine il y a deux décennies (…) les rapports de Rax sont montés droit au sommet : ils parviennent à l'Empereur Palpatine en personne ». En réalité, Rax vient de la planète Jakku, une planète perdue au fond de la galaxie. L'arrivée de Rax a étonné tout le monde, même dans le premier cercle de conseillers de Palpatine. Mas Amedda témoigne qu' « un jour, le vaisseau est revenu avec un passager clandestin. C'était ce garçon, je crois. Celui de la photo ». On comprend que Palpatine n'a pas cherché spécifiquement Galliux Rax mais qu'il a été favorablement marqué par la volonté du jeune homme. Il a reconnu sa valeur. Rax et Palpatine tissent des liens forts. Palpatine lui offre ce qu'il cherche : un but et sortir d'une vie misérable. Il arrive à l'amadouer (« nous pouvons nous appeler par nos prénoms, toi et moi. Mon nom est Sheev. Nous serons amis. Un Empereur aussi doit avoir des amis, après tout »). Rax apprend donc à connaître Palpatine, il se rend compte que l'Empereur est maître des arts Sith. En le côtoyant, en discutant avec lui, il voit aussi que Palpatine est doué dans la stratégie et dans la tactique : il est incontestablement un homme brillant. Dans un rare moment de lucidité, Rax ouvre ses pensées : « le vieil homme se faisait des illusions sur les forces mystiques qui gouvernaient la galaxie. Il leur accordait beaucoup trop d'importance. Il croyait que ses capacités exceptionnelles contraignaient toutes choses à se soumettre (…) Même s'il attribuait trop de pouvoir à la magie, c'était un tacticien hors pair. Il était capable de fixer des objectifs à si long terme que la ligne d'horizon n'était en réalité que la ligne de départ ». Cette critique est importante car elle illustre bien un trait de caractère de Palpatine : l'homme est confiant, bien trop confiant et il a tendance à parfois sous-estimer les gens et les événements.

Mais, Palpatine est mort l'Empire tente de continuer sa voie. Il y a des rivalités, des luttes de pouvoir. Quelques uns veulent s'emparer de ce qui reste. Rax et Sloane cohabitent tant bien que mal. En effet, Rax refuse de divulguer l'entièreté des plans de Palpatine à Sloane et celle-ci le prend mal. C'est d'autant plus frustrant pour elle que, si elle est la face publique de l'Empire, elle ne possède pas le réel pouvoir et elle est manipulée en coulisses. Quand la Nouvelle République cherche à négocier, c'est elle qui est envoyée. Rax est clair, « elle ne doit pas chercher à aboutir à un accord avec les conspirateurs de la Nouvelle République, mais se contenter de les distraire de l'attaque imminente, pour la diriger ensuite depuis le sol ». Car, cette entrevue publique a des motifs cachés : tuer des leaders de la Nouvelle République et se débarrasser de Sloane. Bien entendu, Sloane n'est pas au courant de la deuxième partie. Sa surprise est donc totale quand elle voit le chaos se répandre, via «  ces Rebelles qui sont sortis de prison » et qui ont «programmés d'une façon ou d'une autre. Transformés en traîtres. Changés en tueurs ». Sloane écartée, Rax se concentre sur un autre étendard de l'Empire : Mas Amedda. Celui qui fut le second, politiquement, de Palpatine vit reclus à Coruscant. Pour certains, il représente le pouvoir légitime de l'Empire. Il est donc un obstacle pour Rax qui décide de lui envoyer un courrier d'intimidation où on peut lire que « j'ai pris Jakku. J'ai emmené l'Empire avec moi. Vous êtes toujours son leader officiel. Mais vous serez confiné dans vos quartiers jusqu'à ce que tout soit fini ».

Jakku, la planète où on rencontre Rey dans le Réveil de la Force, occupe une place importante dans la renaissance de l'Empire. C'est un choix surprenant tant peu de gens ont entendu parler de cette planète, même parmi les hauts gradés. Sloane est perplexe : « pas étonnant que Sloane n'avait jamais entendu parler de la planète Jakku. Elle se trouve en bordure des Confins Occidentaux, si loin dans la galaxie que Sloane n'est pas sûre d'être encore sur la carte ». En se rendant sur cette planète, Sloane fait face à son destin. Elle change le cours des choses en ce qui la concerne et l'Empire. Elle y va motivée, certaine d'être dans son bon droit, certaine que c'est sa place (« le Ravageur projette une ombre énorme et elle sait que celui qui commande le vaisseau n'est pas taillé pour ce poste. Ça devrait être elle. Elle pourrait sauver l'Empire avec le Ravageur. Si elle avait une chance de monter à bord »).

Sur Jakku, Sloane va faire face à des choses inattendues : la bataille en cours n'a pour but que tuer le maximum de gens dans les rangs républicains et impériaux. Mais surtout, il y a tout un pan du plan qui lui était inconnu et qui lui est révélé.

Elle apprend par exemple que bien des années avant Rax a convaincu Brendol Hux de la nécessité d'opérer une correction stratégique. A cette époque, Rax a argumenté en disant que l'Empire devait se projeter vers le futur, avec des jeunes gens endoctrinés. Il affirme à Brendol Hux que « l'Empire doit être fertile et jeune. Les enfants sont essentiels au succès de notre entreprise. Beaucoup de nos officiers sont âgés. Nous avons besoin de vitalité, de l'énergie que seuls les jeunes peuvent fournir. L'Empire a besoin d'enfants ». Il tiendra le même discours à Armitage Hux : « tu vas diriger ces enfants. Ils seront à ton service. Un jour, bientôt, ton père te transmettra son savoir et tu apprendras à accomplir ton travail. Ta tâche consiste à prendre des enfants comme ces sauvages et à façonner leurs esprits malléables pour leur donner la forme dont vous avez besoin ».

Malheureusement pour lui, Rax se fait abattre par Sloane. Avant de mourir, il reconnaît sa valeur et lui dit la vérité. Sloane devient désormais celle qui porte les derniers espoirs de l'Empire de Palpatine (« vous servez la Contingence (…) Quittez cet endroit (…) Recommencez la partie »). Et dans le ciel d'une Jakku où le calme revient peu à peu, certains voient que « quelques de ces capitaines s'échappent dans les Régions inconnues après avoir encodé des coordonnées mystérieuses. On suppose que leur disparition équivaut à un suicide ». Il y a fort à parier que cela finira par donner naissance au Premier Ordre. Sloane s'en va donc, après avoir accompli une dernière mission : elle « a finalement interrompu le mécanisme autodestructeur de l'Observatoire, celui qui aurait fendu Jakku en deux, anéantissant à la fois l'Empire et les forces de la Nouvelle République ». En faisant cela, Sloane a donc contrecarré les volontés mégalomaniaques et meurtrières de l'Empereur Palpatine.

Dans la galaxie connue, l'Empire et la Nouvelle République signent un traité de paix : « la Concordance galactique exige non seulement que l'Empire cesse tous les combats, mais aussi que le gouvernement impérial se dissolve immédiatement ».

Les motivations de Thrawn

Choix décisifs poursuit ce qu'on a vu dans le roman Allégeance. La Rébellion continue de se développer et à chercher de nouvelles bases. Des soldats écœurés par les pratiques impériales ont formé la Main du Jugement et continuent de rendre leur justice. Mara Jade est toujours la Main de l'Empereur et Vador une ombre menaçante en arrière-plan. Et un nouveau personnage apparaît : le Grand Amiral Thrawn. On l'avait déjà vu dans le livre Vol vers l'infini où il défendait le gouvernement des Chiss. Cette fois-ci, il est au service de l'Empire de Palpatine et ce n'est pas une tâche facile.

En effet, l'Empire est pro-humain. Dans tous les rangs, surtout les plus puissants et les plus influents, on rejette ce qui n'est pas humain. Les autres espèces sont bonnes à être exploitées, réduites en esclavage ou déconsidérées. Thrawn, un Chiss, doit donc faire face à beaucoup d'obstacles et son grade le protège très peu. Pellaeon remarque que Thrawn occupe une place à part : il est un officier de premier plan mais relégué à des tâches ingrates ou peu prestigieuses (« la seule exception connue de Pellaeon était Thrawn, et même lui était souvent envoyé dans des missions lointaines, au cœur des Régions Inconnues, pour l'écarter quelque temps du Centre Impérial »). Le jeu politique prend clairement le pas sur les nécessités et les compétences. Difficile de savoir si Thrawn a conscience de ses lacunes tant cela semble peu l'intéresser. En tout cas, ceux qui le côtoient le savent. Pellaeon remarque que « Thrawn ne possédait peut-être pas le talent politique nécessaire à un officier de la Flotte pour gravir peu à peu les échelons vers le succès, mais il ne manquaient assurément pas de courage ».

Thrawn est malgré tout un individu à qui Palpatine accorde de l'attention. Il est une des rares personnes qui ose parler franchement à Palpatine et pointer du doigt des faiblesses stratégiques ou tactiques. Lorsque Palpatine lui explique son plan pour Endor, Thrawn le met en garde : «  Un dernier conseil, si je puis me permettre ! Ne sous-estimez pas ces natifs que vous avez mentionnés. Les peuplades plus primitives peuvent parfois avoir des comportements dévastateurs ». Il ne craint donc pas l'Empereur comme d'autres peuvent le faire. Il ne partage pas non plus cette obsession sur la Rébellion, qu'il voit comme un repli, une focalisation sur les menaces internes alors qu'il y a pire ailleurs : « La Rébellion constitue une menace, mais certainement pas la plus sérieuse à laquelle l'Empire soit confronté. » Sans que cela soit mentionné, on peut penser qu'il fait référence aux Yuuzhan Vong. En effet, ces derniers ont envoyé des éclaireurs dans la galaxie dans les décennies précédentes. Car'das, le pilote et ancien contrebandier qui accompagne Thrawn, pense que pour son chef, « un gouvernement fort et unifié était la seule solution de survie de la galaxie contre une menace nébuleuse qui avait déjà touché l'espace chiss et atteindrait un jour l'Empire ».

mardi 23 août 2022

Catalyseur : de la République à l'Empire

Le roman Catalyseur est intéressant à plus d'un titre. Les personnages principaux ne sont pas des Jedi ou l'Empereur, Vador. S'ils sont évoqués, ils sont au second-plan. Le livre tourne autour de Orson Krennic et Galen Erso, leur relation ; ce sont deux protagonistes importants pour le développement de l’Étoile de la Mort. Surtout, le livre couvre la Guerre des Clones, la chute de la République et le début de la période impériale.

C'est Krennic qui nous donne un premier aperçu de la guerre des Clones, de l'affrontement entre la République et les Séparatistes. On sent dans ses propos de l'inquiétude, l'impression que les forces républicaines sont au pied du mur et dépassées. En rendant visite à Galen et Lyra Erso, il leur dresse un triste tableau de la situation : « nous nous retrouvons régulièrement face à des adversaires plus nombreux et mieux armés. Pour le moment, nous disposons d'un nombre fini de soldats clones contre ce qui semble parfois un nombre infini de droïdes ». Les troupes sont donc dépassées. Malgré tout, la situation pourrait ne pas être catastrophique si les leaders militaires, les Jedi en tête, arrivaient à trouver des solutions. Or, cela n'a pas l'air d'être le cas : eux aussi sont dominés. Ils ne font pas le poids face à Dooku (« eux aussi font ce qu'ils peuvent. Mais n'oubliez pas que Dooku est un des leurs et que c'est un opposant plein de ressources. On a parfois l'impression qu'il est capable de lire dans nos esprits »). Bien entendu, Krennic n'a aucune idée que tout cela est une vaste mise en scène orchestrée par Dark Sidious (Palpatine). Le moral est donc atteint : ce ne sont pas uniquement les gradés qui se rendent compte de leur impuissance mais aussi toute la population qui se rend compte que la guerre dure et a des conséquences certaines : « La guerre avait attiré des milliers de réfugiés sur Coruscant, dont la plupart, sans la moindre opportunité d'emploi, étaient contraints à vivre dans des centres de relogement horriblement surpeuplés. »

Si Krennic vient voir les Erso, ce n'est pas de façon désintéressée. Galen et lyra forment un remarquable duo, lui menant des recherches et elle permettant à son mari d'exercer tout son talent. Au début du récit, Galen Erso travaille pour l'entreprise Zerpen et mène des recherches sur les cristaux. Si Galen peut mener des recherches sur les cristaux kyber, c'est avec d'énormes difficultés tant les Jedi les protègent et refusent une exploitation. On lit que « la gemme synthétique avait été claquée sur un véritable kyber que Zerpen s'était procuré à grands frais et avec beaucoup de difficultés. Les cristaux qualifiés de vivants étaient la propriété presque exclusive des Jedi, qui semblaient les considérer comme sacro-saints. Ceux de la taille d'un doigt alimentaient leurs sabres laser ». Malgré cela, Galen mène donc des recherches. Il est même une référence, sans doute le plus brillant dans son domaine. C'est suffisant pour que Krennic, en quête d'ascension politique, parle de lui au Vice-Président Mas Amedda (« Galen Erso est l'un des polymathématiciens les plus réputés du Noyau (…) Il fait actuellement autorité en matière de cristaux et de leur exploitation pour fournir de l'énergie enrichie (…) Ses recherches les plus récentes se concentrent sur les cristaux kyber »). Après quelques péripéties, Galen, Lyra et Jyn (leur fille) se retrouvent sans argent et sans emploi. Krennic fait ce qu'il peut pour les aider, espérant secrètement convaincre Galen de travailler pour lui. Mais Galen est un idéaliste, il refuse de mettre son intelligence au service de l'armée, il ne veut pas participer à la guerre. Il clame qu'il n'a « pas d’allégeance pour la machine de guerre républicaine ». Il a besoin d'argent, il précise donc que « s'il y a une place pour moi dans l'enrichissement d'énergie, j'accepterai l'opportunité sans hésiter ». Pourtant, ses proches lui disent que la guerre est profitable pour la recherche, que la République dépense et embauche sans compter. La République a besoin des scientifiques pour faire face aux Séparatistes, il y a des opportunités à ne pas manquer. Reeva Demesne tente de convaincre Galen : « Le Comte Dooku nous a secoués, nous nous sommes réveillés dans une dure réalité et nous avons presque tous troqué la théorie contre la pratique. L'avantage, c'est que nous avons des fonds illimités, ce qui est merveilleux pour la recherche (…) Notre équipe travaille à la protection de quelque chose de plus grand... avec une couverture beaucoup plus large. » Sans le savoir, Reeva Demesne vient d'évoquer la première Étoile de la Mort.

En quelques jours, la guerre se termine. Les Séparatistes sont vaincus, Dooku tué quelques temps avant. Grievous a disparu et Palpatine a même évité une guerre civile en éliminant les Jedi qui prévoyaient de renverser la République. C'est en tout cas que murmure la rumeur, d'autant plus que Palpatine a changé physiquement (« l'Empereur Palpatine se trouvait à bord. On disait qu'il se remettait de blessures causées par un affrontement contre un Jedi déloyal. L'Empereur était accompagné d'un nouveau membre de sa cour, un individu masqué, vêtu de noir des pieds à la tête, portant une cape et connu uniquement sous le nom de Dark Vador »). La République est donc devenue l'Empire, il y a de nouvelles têtes importantes. Il y a également des anciens républicains qui ont montré leur loyauté, leur efficacité et qui sont montés en grade. C'est le cas de Tarkin : « Tarkin avait été promu amiral avant la fin de la guerre, mais Moff était un nouveau rang, conféré par l'Empereur à environ une dizaine de ses officiers et commandants régionaux les plus méritants. » Enfin, pour bien marquer sa victoire sur les Jedi, Palpatine a déplacé une partie de la bureaucratie impériale dans leur ancien Temple ; C'est ce que constate Krennic quand il rend visite à Amedda (« ils se trouvaient tous les deux dans le bureau temporaire du Vizir dans une des anciennes tours du Temple Jedi, qui subissait de lourdes rénovations afin d'être transformé en siège de la Cour impériale »).

Krennic, lui, est content de la défaite des Jedi. Pas parce qu'il leur en voulait mais parce qu'ils étaient indécis et n'offraient pas les réponses dans une période troublée. Il avait l'impression qu'ils refusaient de se salir les mains : « S'ils avaient fait usage de tous leurs pouvoirs, la guerre se serait terminée en un clin d’œil (…) Ils avaient beau être soi-disant objectifs, ce n'étaient pas des scientifiques mais des mystiques (…) Mais les notions de bien et de mal ne peuvent plus être dictées par un petit groupe, dans le seul but de protéger une vision de la vérité qui leur est propre. » Il ne va donc pas pleurer la disparition des Jedi, d'autant qu'elle ouvre la porte à l’exploitation des cristaux kyber (« maintenant que les Jedi ont été... dissous, l'Empire a un accès illimité aux planètes qui, depuis des siècles, étaient uniquement réservées à l'Ordre. Et pas seulement à ces petits échantillons, mais à des cristaux énormes »).

L'Empire est pour certains la chance de pouvoir s'élever, elle est pour d'autres la possibilité d'exorciser le traumatisme de la guerre des clones. Dans les deux cas, c'est à qui se montrera le plus impitoyable, le plus soumis à la nouvelle doctrine impériale. Tarkin résume parfaitement ce qu'est ce nouvel Empire : « les opérations de nettoyage dans les Confins Occidentaux l'avaient convaincu de l'utilité de la super arme. L'Empereur, les Moffs, l'armée impériale d'officiers et de stormtroopers ne suffiraient jamais pour dominer la galaxie entière. Seule la terreur ramènerait l'ordre durable et la station de combat incarnerait cette peur ». Tarkin adhère donc à ce qui deviendra l’Étoile de la Mort. Elle doit ramener le calme, soumettre les peuples. Tarkin et Krennic sont en rivalité : Tarkin se rend compte que Krennic se sert du projet de la super arme pour tenter de gagner en influence, en pouvoir. Il n'a pas tort car c'est exactement ce que cherche Krennic (« comme il avait progressé depuis ses premiers briefings ! (…) Il deviendrait très certainement un habitué de la cour de l'Empereur, il serait aux commandes d'une arme qui impressionnerait même Dark Vador et rendrait Tarkin jaloux à tout jamais »).

Krennic a lié son sort à celui de Galen Erso. Il compte sur l'intelligence du scientifique pour développer l'arme. Le coup est donc terrible pour lui quand Galen Erso fuit. Non seulement cela met en danger le projet mais en plus cela le rabaisse. Cela fait au moins un content : Tarkin. Il jubile même : « il n'était pas regrettable du tout que Krennic ait été handicapé par cette défection inattendue. Le commandant opiniâtre et impulsif avait gagné trop de prestige aux yeux du Vizir Amedda. (…) Tarkin était ravi de voir son rival descendre d'un cran ».

Enfin, dans ce roman, on a les premières esquisses de ce que sera le mouvement anti-impérial, anti-Palpatine. Saw Gerrera voit des planètes être exploitées pour fournir des ressources, des minerais, de la main d’œuvre. Il sait que le combat sera celui d'une vie, que l'Empire est un adversaire redoutable, déterminé et sans pitié. Mais, il est là pour se battre. Il affirme que « pour l'Empire, nous sommes rien de plus que des mottes de terre accrochées aux semelles de leur bottes. Et Salient n'est qu'un coup d'essai. Leur objectif est une domination totale à l'échelle galactique. Et c'est là que nous intervenons, même si ce n'est que pour les secouer un peu : nous nous rebellons contre l'injustice ». Dans le film Rouge One, nous retrouvons la famille Erso sur la planète Lah'mu. C'est une planète éloignée et peu peuplée qui a échappée aux griffes de l'Empire. C'est une chance car l'Empire fait preuve d'un caractère impitoyable dans son ascension : « Ça devient de plus en plus difficile de trouver des planètes que l'Empire ne s'est pas appropriées. De plus en plus de systèmes stellaires se soumettent, de plus en plus de planètes sont ravagées et leurs ressources pillées. Lah'mu est une exception. »