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Kerra Holt, une Jedi chez les Sith

La République et les Jedi n’ont pas toujours contrôlé la galaxie ou apporté la lumière. Il y a même eu des époques où ils ont volontairement...

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mercredi 30 avril 2025

La Force Vivante se déroule un an avant la Menace Fantôme

Ils forment le groupe le plus puissant de la galaxie, ils sont censés mener l’Ordre Jedi : ce sont les douze membres du Haut Conseil Jedi. Incontestablement puissants dans la Force, cela ne fait pas nécessairement d’eux des individus éclairés ; on en aura la confirmation quelques années plus tard quand ils se retrouveront incapables de lire les machinations des Sith, et en particulier de Dark Sidious.


Mais, avant que leur chute ne commence réellement, les douze membres constituent un groupe respecté et influent, un groupe de référence pour tous les membres de l’Ordre Jedi. Et si officiellement il ne s’agit pas de les vénérer, tout dans le symbolique pousse à ça comme le remarque Qui-Gon Jinn alors qu’il vient rendre compte d’un problème et d’une solution. Quand il fait face au conseil, il a conscience de la situation : « la forme circulaire de la salle avait pour but de signifier que tous étaient égaux, mais celui qui venait en audience ne l’était assurément pas ». Qui-Gon Jinn est à deux doigts de considérer son entrevue comme un jugement. En réalité, les membres du Conseil ont conscience de leur importance pour les autres Jedi mais aussi vis-à-vis de la population, du monde extérieur et des politiques. Yaddle pense que les Jedi doivent œuvrer pour la bonne marche de la galaxie sans être inféodés à aucun pouvoir politique (« le Sénat et les Jedi sont des alliés. Mais nous conservons notre propre avis »).


Les Jedi sont-ils en déclin ? Certains pensent que c’est le cas. Qui-Gon Jinn est sans doute un des Jedi qui s’interroge le plus à ce sujet. Il déplore le fait que les Jedi se concentrent de plus en plus sur Coruscant. Si ils sont là, ils ne sont pas ailleurs, ils ne sont pas dans les territoires les plus éloignés ou à des endroits où on a besoin d’eux. Il ose dire au Conseil que « dans une galaxie où les Jedi sont de moins en moins visible, le vide laissé se voit comblé par une image déformée ». Si certains détestent réellement les Jedi, d’autres déplorent leur comportement, leur façon d’agir ou leur absence. Même des militaires doutent : c’est le cas du Capitaine Pell Baylo qui dirige une force dans un territoire à la marge de la galaxie. Il connait les combattants et les Jedi, cela lui permet d’avoir un avis tranché : « vous autres Jedi, vous arrivez tout guillerets en espérant que tout le monde laisse tout tomber pour vous… et ensuite vous repartez, et vous nous laissez réparer les dégâts ».

Eeth Kott, un membre du Haut Conseil, perçoit aussi un changement. Plus les choses vont et moins il peut exprimer son individualité. Ses responsabilités envers l’Ordre pèsent sur ses épaules et l’empêcheraient presque d’exercer convenablement ses activités de Jedi (« à quel point les Jedi étaient nécessaires quand ils agissent en groupe, sur des distances immenses. Et je ne peux le perdre de vue. Pourtant, je regrette l’époque où j’étais plus Jedi qu’Ordre »).


Zilastra, elle, a un avis plus que négatif sur les Jedi. Elle les méprise, elle les déteste. Elle ne supporte pas qu’on leur accorde un crédit immense, presque une dévotion ou une vénération. Zilastra est ambitieuse : elle ne se contente pas de belles paroles, elle veut porter un coup fatal aux Jedi : « tout le monde les traite comme c’étaient des dieux, mais ils ne sont pas invincibles. Ils sont capables d’exécuter des tours élaborés, mais ce sont juste de simples individus. Des individus qui peuvent être vaincus ». Zilastra veut utiliser la philosophie des Jedi contre eux, elle pense que ça leur constitue une faiblesse. Elle affirme alors que « les Jedi ne se vengent pas. Ils se l’interdisent formellement ». Autrement dit, il n’y a pas de risque d’une contre-attaque massive. Mieux, selon elle, les Jedi « travaillent pour le Sénat. Ils ne peuvent rien faire sans autorisation. Et ils ne peuvent certainement pas déclarer la guerre à un autre Etat ». Là, elle mise sur le temps bureaucratique pour garder un ascendant sur les Jedi.


La haine de Zilastra est personnelle. Elle a un fondement intime car elle a été rejetée. D’ailleurs, ce  Jedi est Sifo-Dyas.

Toujours est-il que Zilastra a grandi dans un environnement très pauvre. Elle aurait pu avoir une porte de sortie quand le Jedi s’est présenté mais elle n’a pas été choisie et par la suite rien n’a été entrepris par ce Jedi pour améliorer la situation (« je finis dans un orphelinat qui tombe en ruines (…) voilà qu’un Jedi se présente. Quelqu’un va nous sauver, rendre notre vie meilleure, pas vrai ? (…) Le Jedi les emmenés avec lui…, et il m’a laissée croupir là-bas ! ») Voilà d’où vient toute sa rancune et sa colère.

Le comportement de Sifo-Dyas ne surprend pas plus que ça les Jedi. Mace Windu dit qu’ « il se concentrait uniquement sur l’avenir de l’Ordre. Parfois au détriment de ses autres devoirs ». Sifo-Dyas semble donc avoir oublié que les Jedi ont des responsabilités envers les populations. Pire, il a oublié que les gens attendaient autre chose des Jedi qu’une simple présence. De plus, Sifo-Dyas semble avoir une idée fixe : empêcher la chute des Jedi. Even Piell regrette qu’ « il voulait toujours que les choses aillent plus vite. A croire que la République risquait de s’effondrer s’il ne grossissait pas nos rangs ». Peut-on donner tort à Sifo-Dyas sur ce point ?


Enfin, on a la confirmation que les Jedi ne voient aucun danger en Palpatine. Pour eux, il est simplement un sénateur influent. C’est en tout cas ce que pense Plo Koon (« et bien que le chancelier et le Sénateur Palpatine soient également au courant de leur visite, il était absurde d’envisager la moindre menace émanant d’eux »).


mardi 25 mars 2025

Le roman Hors de l'ombre

Alors que les Nihil continuent de semer le trouble, le désordre et les morts, les Jedi et la République tentent de prendre la mesure de leur ennemi. Ce n’est pas une situation facile pour les Jedi qui doivent se réinventer et se lancer dans la bataille. C’est d’autant plus compliqué qu’ils doivent faire avec des impératifs politiques. Et cela les entraîne à ne pas toujours être libres de leurs choix, parfois au plus grand désespoir des gens du commun…


C’est une galaxie en plein bouleversement où une bonne nouvelle (le Flambeau Stellaire) a vite été effacée par les attaques des Nihil. Pourtant, le Flambeau stellaire est une remarquable prouesse, quelque chose qui rapproche les populations de la galaxie et montre aux gens les plus éloignés du centre galactique qu’ils comptent. Le Flambeau est devenu « le carrefour de cette région de la galaxie, offrant refuge et espoir à tous les êtres, quelle que soit leur espèce ».

Dans ce roman, on se rend compte que Coruscant a une bien mauvaise réputation. Pour les gens qui vivent dans les endroits les plus éloignés de la galaxie, Coruscant est un repaire qui favorise les privilégiés, ceux qui ont le pouvoir. Sylvestri Yarrow, une pilote dont le cargo a été abîmé par les Nihil, en donne une raison ; elle met le blâme l’attitude des sénateurs et autres politiques (« c’était le genre de manigance politicienne qui tenait les gens simples à distance de Coruscant, et voilà que Syl se retrouvait au beau milieu de cette mascarade »). Elle n’hésite pas à dire à Vernestra Rwoh que « vous ne devriez vous fier à personne sur cette misérable planète. Ma mère disait souvent que la politique est l’endroit où se rend la vérité pour mourir ». Cette affirmation illustre bien tout le mépris, tout le dédain ressenti par Sylvestri.


Le roman acte également le basculement des Jedi. Ils ne peuvent plus se contenter d’étudier la Force, ils doivent se battre. Le padawan Imri Cantaros résume parfaitement la situation : « peu de gens considéraient toujours les Nihil comme une menace mineure et localisée ; ces derniers temps, même les Jedi les plus pacifistes n’hésitaient pas à dégainer le sabre au premier signe de danger ». Il faut dire que les Nihil ont commis un bon nombre de massacres et repoussé les limites de l’horreur.


Jordanna, une ancienne amante de Sylvestri et proche des San Tekka, offre un point de vue un peu nuancé sur les Nihil. Si elle ne remet pas en cause leur aspect abject, elle tente d’expliquer ce qui peut pousser certains à les rejoindre. Elle dit que « les Nihil ont offert un foyer aux laissés-pour-compte et aux ratés de la galaxie. Ils ont donné quelque chose à des gens qui n’avaient rien, ce qui est un acte très puissant ». Mais, elle n’oublie pas de dire qu’ils sont néfastes (« Sont-ils mauvais ? Evidemment »).

Les Nihil sont dirigés par Marchion Ro. C’est un individu charismatique comme le remarque Nan. La jeune femme précise que « personne ne savait à quel peuple il appartenait. Tous ceux qui l’avaient questionné sur son espèce l’avaient payé de leur vie. Ro était aussi mortel que beau, et Nan s’estimait heureuse d’être autorisée à occuper le même espace que lui ». Ro assure donc son autorité sur le groupe par sa présence et par sa force, sa puissance. Il est impitoyable et très dangereux.

La mère de Sylvestri, Chancey Yarrow, a collaboré avec les Nihil, notamment par l’intermédiaire de Lourna Dee. Elle a ainsi pu rencontrer Marchion Ro et en donne une description très valorisante : « c’est l’âme des Nihil, le centre du Cyclone. Un visionnaire ». 

Il faut noter que les Nihil étaient particulièrement intéressés par les travaux de Chancey Yarrow et tout ce qui tourne autour de l’hyperespace. C’est grâce à des Sentiers (des routes inconnues) qu’ils commettent leurs attaques et leurs massacres. Ainsi, Marchion Ro fait reposer une partie importante de sa stratégie sur les compétences de Mari San Tekka. Cette dernière, selon Chancey Yarrow, est une femme remarquable : « cette femme est capable de voir toutes les routes possibles à travers l’hyperespace, selon l’endroit et le moment (…) Son cerveau est l’équivalent de dix mille navordirnateurs ».


A l’opposé des Nihil, il y a les Jedi. Si ils ont compris qu’ils doivent se battre, ce n’est pas un choix qui a été fait de gaieté de coeur comme le remarque Reath Silas (« certains craignaient que leurs activités passent de la recherche, de l’éducation et de l’étude de la Force à la guerre et à la politique »). On pourrait presque croire que certains Jedi regrettent de ne plus être un groupe évoluant en marge des affaires galactiques…

Cohmac Vitus semble rejoindre ce point de vue. Il affirme que « les Jedi servent la Force. Nous sommes la lumière et nous ne pouvons obéir aveuglément à d’autres ordres (…) Nous allons là où nous pouvons le plus efficacement chasser l’obscurité de la galaxie, c’est la seule cause que nous devons servir ». Autrement dit, la protection des individus ne semble pas être une priorité.

Cette attitude interpelle Sylvestri. Elle ne comprend pas ce que des Jedi font sur Coruscant, un endroit relativement calme (« que faisaient les Jedi sur Coruscant, au lieu d’être à la frontière pour combattre les Nihil ? »).

C’est Jordanna qui donnera la critique la plus aboutie des Jedi : « ils ne sont pas doués pour le changement. Ou pour s’adapter au monde environnant. Les Jedi sont courageux, déterminés et héroïques, mais toutes ces qualités ne valent pas une semaine de rations si tu n’es pas capable de voir la galaxie telle qu’elle est ». Elle pense donc que les Jedi ne perçoivent pas la réalité des choses, qu’ils sont aveuglés par leurs codes et façons de faire. Si ce sont de bons combattants, ils sont freinés par leurs idéaux et leur méconnaissance des différents peuples et planètes, coutumes et habitudes…

Tout cela est illustré par les doutes qui traversent Vernestra Rwoh. Elle doit former un Jedi et ne se sent pas prête pour ça. Elle est habitée par des interrogations qu’elle ne peut pas partager (« j’ai peur que personne ne me prenne au sérieux à cause de mon âge, à part mon Padawan, et je ne suis pas sûre de lui donner les outils qu’il lui faut pur devenir un bon Chevalier »). L’Ordre Jedi est donc fragile.

lundi 30 septembre 2024

Ce qu'Ahsoka Tano pense des Jedi

Ahsoka Tano a quitté les Jedi. Alors que l’Ordre était sous tension, suite à un attentat et de nombreuses morts, les Maîtres Jedi l’ont sacrifiée et l’ont livrée en pâture à la justice républicaine. Ils l’ont privée de son statut. Même Anakin Skywalker n’a pas pu la retenir. 


Il est clair qu’Ahsoka est toujours marquée par son départ contraint. Les circonstances l’ont forcée à devoir trouver une nouvelle voie. Mais, dans une galaxie en guerre, une ancienne Jedi est inévitablement rattrapée par ce qu’elle sait faire : se battre. C’est ainsi qu’elle se retrouve sur Mandalore à affronter l’ancien Sith, Maul. En bon Sith, Maul tente de la déstabiliser émotionnellement. Il pointe du doigt le fait que les Jedi lui ont tourné le dos. La réponse d’Ahsoka est assez explicite et montre qu’elle n’a pas encore réussi à tourner la page : « je suis partie de ma propre initiative. Sur le moment, les mots sonnèrent comme la vérité, malgré la douleur qui sourdait derrière ». Car, Ahsoka n’a pas seulement quitté l’Ordre Jedi, elle a d’une certaine façon perdu foi en eux. 

C’est en partie à cause de Barriss Offee, la réelle responsable de l’attaque du Temple. La jeune Jedi a tenté de montrer que la guerre avait changé les Jedi, les avait rendus extrêmes dans leur façon de voir le monde et qu’ils ne respectaient même plus leurs engagements, à savoir protéger la paix. Pire, elle est parvenue à montrer que l’Ordre était prêt à sacrifier l’une des leurs pour s’acheter une bonne conscience et une respectabilité. C’en était trop pour Ahsoka (« depuis que Barriss, avait fragilisé la confiance qu’elle avait vis-à-vis de la voie des Jedi, la Togruta avait ardemment lutté pour recouvrer le contrôle qu’elle avait autrefois possédé »). Maul défait, la guerre des Clones terminée, Ahsoka doit se redéfinir. Elle comprend que les Jedi n’ont pas l’apanage de la Force et que celle-ci touche tout le monde (« la Force serait toujours une partie d’elle-même, que sa formation soit terminée ou non, car elle unifierait toute la galaxie »). Elle ne peut d’ailleurs pas espérer se cacher ou renier réellement qui elle est alors que l’Empire étend son influence. Les Jedi, les sensibles à la Force sont traqués par des soldats ou par des Inquisiteurs. Pire, Ahsoka est témoin d’événements qui la révoltent et la poussent, parfois contre son gré, à s’impliquer. Elle finit par rencontrer Bail Organa qui lui propose de rejoindre un mouvement de contestation naissant. Son expérience et son passé seraient de grands atouts. Ahsoka accepte sauf qu’elle dit que « je ne veux plus mener de troupes. Je ne veux plus les mener à la mort. Je l’ai fait trop de fois ». L’impact de la guerre est encore présent ; Ahsoka est traumatisée par ce qu’elle a vécu, tous ces clones qu’elle commandait et qui sont morts. Ahsoka dit même à Organa que Barriss « avait raison sur la République et les Jedi. Quelque chose ne fonctionnait pas, et nous étions trop attachés à nos traditions pour le voir ».


Ahsoka a donc quitté l’Ordre mais elle garde de bons souvenirs de sa formation. Elle a estimé tant de Jedi. Surtout, elle a conscience d’être une rescapée, une chanceuse puisque beaucoup ont été tués lors de l’Ordre 66. Elle se demande d’ailleurs comment cela se fait : « pourquoi avait-elle survécu ? Elle n’était pas la plus puissante, elle n’était même pas un Chevalier Jedi, et pourtant, elle était là, vivante, quand tant d’autres avaient succombé (…) Elle avait survécu parce qu’elle avait fui. Parce qu’elle leur avait tourné le dos ». Deux choses sont à noter ici. Ahsoka se sent coupable et responsable de son départ de l’Ordre ; elle en presque à se demander si elle aurait pu en sauver certains. En outre, elle ressent toutes les pertes, tous ces Jedi morts dont certains étaient des amis. Toute une partie de sa vie a été effacée en quelques secondes. Pire, il y a la façon dont ça s’est passé ; les Jedi n’ont pas été tués par les Séparatistes ou d’autres ennemis mais par des clones, des gens à côté de qui ils ont combattu. Quand elle y pense, Ahsoka sent une boule envahir sa gorge (« ce même étranglement de tristesse qui la prenait à chaque fois qu’elle imaginait ce qui s’était passé quand les clones avaient retourné leur veste. Combien de se amis avaient été abattus par des  compagnons d’armes de longue date ? »).

Les Jedi ont donc été abattus, que ce soit sur des champs de bataille ou à Coruscant. Ils ont été tués froidement, souvent sans possibilité de se défendre. Ahsoka se rend compte que la fin a été horrible. Les Jedi ont été traités comme des moins que rien : « combien n’avaient même pas eu droit à une sépulture, mais avaient tout simplement été abandonnés sur place comme des déchets, leurs armes volées en guise de trophées ? ».


mardi 20 août 2024

La situation de la galaxie dans le roman l'Oeil des Ténèbres

Les Nihil de Marchion Ro ont réussi un exploit en faisant s’écraser le symbole de la République : le Flambeau Stellaire. En faisant cela, ils ont montré que la République n’était pas si protectrice que ça, et qu’ils avaient une force de frappe incroyable. Surtout, ils ont réussi à se construire un territoire dans la galaxie. Ils ont coupé un bon nombre de planètes de la République.


Marchion Ro trône sur cette zone. Si il n’est pas du genre à diriger au jour le jour, à s’impliquer dans toutes les tâches administratives, il donne quand même le tempo. C’est lui qui insuffle la direction aux Nihil, c’est lui qui les inspire et leur donne le mode de vie à suivre.

Shryke, une Nihil, a trouvé son destin en les suivant. Fille d’une bonne famille, riche et aisée, elle n’a rien à voir avec les Nihil en apparence. Mais, les Nihil lui ont permis d’ôter une sorte de chape qu’elle portait, d’être enfin réellement qui elle est. Prendre ce qu’on veut quand on le veut semble être le leitmotiv de ce groupe. C’est en tout ce qu’on peut conclure en ayant accès aux pensées de la femme : « là, parmi les Nihil, se trouvaient des individus capables de trouver la joie dans un total abandon (…) Des gens qui prenaient ce qu’ils voulaient ,disaient exactement ce qu’ils pensaient. Et qui manifestaient une splendide et dévastatrice aptitude à la violence. Pour une femme qui avait passé comme (…) costumée et paradée (….) qu’on n’avait jamais autorisé à parler ou à agir comme elle le souhaitait, l’idée s’avérait tout à fait grisante ». On peut donc très bien embrasser les idéaux et le style de vie des Nihil et apprécier leur barbarie.

Toutefois, tous les gens ne sont pas des Nihil. Ceux qui se retrouvent du mauvais côté de la frontière ont vu la situation s’imposer à eux. Ils n’ont pas d’autre choix que baisser la tête et accepter la domination des Nihil. Si ils ne le font pas, c’est la mort. Boona dit ainsi qu’ « ils ont tué la moitié de la population (…) Ils ont aligné les habitants et s’en sont servi pour s’entraîner au tir. Et ils ont conclu que nous devions nous estimer heureux, avec autant de bouches à nourrir de moins ». Les Nihil font donc régner l’ordre en répandant la peur et la mort. Ils doivent bien se douter qu’ils ne vont pas avoir automatiquement le soutien des populations locales. 

Ils essaient parfois de se placer comme l’institution régnante légitime. Ils contrôlent les médias et lèvent l’impôt, quitte à faire de la propagande assumée.

Par exemple, Rhil, une journaliste prisonnière, est forcée de présenter des informations et de tourner des reportages mettant en avant les Nihil (« l’émission, scénarisée par la Générale Viess, avait pour but d’encourager les habitants de l’Espace Nihil à verser leur impôt de bonne grâce au moyen d’une série de menaces à peine dissimulées »).


Les Jedi sont dans une impasse. Ils n’ont pas pu empêcher la terrifiante Catastrophe, ils n’ont pas pu empêcher la chute du Flambeau. Si ils ont pu avoir quelques succès ici ou là, rien ne semble empêcher la marche en avant des Nihil. Pour ne rien arranger, un des Grands Maîtres, Pra-Tre Veter, a été capturé et sa mise à mort se fait de façon publique, elle est diffusée via un flux vidéo à toute la galaxie. C’est un spectacle inhumain que regardent les Jedi. Ils voient l’un d’entre eux être réduit à rien par les Sans-nom (« il ne restait plus rien du Grand Maître Jedi qui avait été Pra-Tre Veter. Rien d’autre que la poussière et le vague contour d’une coquille vide de forme humanoïde »).


Les Jedi semblent sans repères, perdus. Quelques uns sont présents dans le territoire Nihil comme Avar Kriss. La Jedi ne sent plus ses camarades, elle est isolée. La Force a beau toujours coulé en elle, elle ne sent plus faire partie d’un grand tout : « son lien avec la Force s’était…. Altéré, après le Flambeau, lorsqu’elle s’était retrouvée prisonnière de l’espace Nihil (…) Mais durant l’année passée, le chant s’était estompé, désormais dissonant. Etouffé et détraqué ».

Le Jedi Elzar Mann, lui, ne sait plus du tout où il en est. Il rêve d’une action héroïque qui renverserait le cours des choses. Il est grandement marqué par ce qui est arrivé à Veter (« il avait également observé avec une fascination terrifiée la créature de Ro (…) La proximité du monstre exerçait un effet prononcé sur la perception des Jedi, dont elle perturbait les pensées, provoquant chez eux des hallucinations biaisées et une terreur abjecte »).

Elzar Mann tente de franchir la frontière mais son action conduit à encore plus de morts. A ce moment là, il perd espoir, il s’avoue vaincu. Il confesse dans un message à une Avar Kriss absente que « je ne sais pas quoi faire. Je ne sais pas ce qui va se passer ensuite, ni comment rattraper ces erreurs. J’ignore même si je dois tenter de les rattraper ».


Marchion Ro, lui, mène ses troupes. Si il lui arrive de prendre en compte les avis de ses adjoints les plus proches, ses deux plus proches compagnons semblent être les créatures tueuses de Jedi, les Sans-nom. Son côté violent et impitoyable est ainsi mis en avant. Ro est aussi un bon stratège, sachant jouer sur les peurs de ses ennemis. Il tue des Jedi et ridiculise la République en mettant sa capitale sur un monde important. Ainsi, on peut lire que « Ro savait ce qu’il faisait en exploitant les symboles (…) Hetzal comptait pour la République et les Jedi. Pas seulement en raison de ses abondantes récoltes (…) C’était le monde qui avait échappé à la Catastrophe de l’Hyperespace ». 


Tout ne se déroule pas parfaitement non plus. Si personne ne remet en cause sa façon de mener les Nihil, quelques uns ne le suivent pas non plus aveuglément. C’est ainsi le cas de Ghirra Starros, une sénatrice républicaine ayant rejoint les Nihil et qui aurait envie que les Nihil profitent de leur avantage pour construire quelque chose de solide. Starros a énormément de mal à se faire entendre par Marchion Ro. Starros se rend compte que Ro n’est animé que par l’envie de destruction ; il le lui dit d’ailleurs clairement (« Telle est la Nature des Nihil. Une tempête qui balaie la galaxie. Une force inexorable. Le chaos ne se transforme pas en ordre une fois qu’il a tout dévasté »). Calculateur, il accepte d’envoyer Starros en mission auprès du Sénat et de la Chancelière pour négocier un accord auquel il ne croit pas du tout. Tout le monde en a conscience sauf une partie bien naïve de Ghirra Starros. La Chancelière Soh exprime ses doutes assez clairement : « Marchion Ro vous a envoyé pour faire mine de rechercher la paix, mais, je ne crois pas qu’il souhaite une solution pacifique. Je crois qu’il nous nargue et se sert de vous pour y parvenir ».

Et Soh semble avoir raison car Ro a des volontés expansionnistes. Il ne se contente pas de la zone qu’il occupe déjà puisque « nous avons reçu confirmation que le Rempart d’orage s’étendait », autrement dit les Nihil ont de plus en plus de planètes sous leur domination.

Starros se rend compte qu’elle a été manipulée, que Ro n’a aucune envie de négocier un accord.


Le tableau semble donc bien sombre. Mais, des signes d’espoir émergent. Avar Kriss parvient à franchir la frontière et revenir sur Coruscant. En outre, certains Nihil doutent : ils en ont assez des meurtres gratuits, du toujours plus de violence et de sang. Discrètement, un Nihil glisse à Starros que « je voulais juste que vous sachiez que nous sommes nombreux à adhérer à votre façon de penser ».

Enfin, Marchion Ro semble montrer des signes de fragilité. Il est en proie à des visions qui ont l’air de le tourmenter quelque peu. Il voit des membres de sa famille, dont son père qu’il a tué (« il entendant de plus en plus souvent la voix de son père ces dernières semaines, ainsi qu’une autre (…) Marda Ro. La fondatrice d’origine des Nihil »).


lundi 23 janvier 2023

Les idées de Dark Sidious

Le Sith Dark Sidious a réussi à un exploit : il a réussi à prendre le contrôle de la République, l'a transformée en Empire tout en humiliant au passage les Jedi. Il les a humiliés en restant dans leur ombre, en les rendant incapable de les percevoir. Et encore mieux, il leur a pris celui qui devait être leur Élu : Anakin Skywalker. Il ne s'est pas contenté de le prendre, il a entraîné sa longue transition vers l'obscurité et l'a dépouillé de tout ce qu'il avait.

Sidious se rend compte que l'apprentissage de Vador va être compliqué. Vador a encore trop de réflexes en lui du temps où il était Jedi. Il est encore obsédé par les fantômes du passé. Sa défaite contre Kenobi le ronge et il rêve de se venger du Jedi. Il n'a pas non plus oublié Padmé : il oscille entre rancœur suite à sa prétendue trahison et amour déçu. Sidious tente de lui faire passer un message : l’attachement n'est pas une mauvaise chose sauf si il vous empêche de vous élever. Les pensées de Vador sont un frein à l'accomplissement de son destin de Sith. Seule l'obscurité doit l'accompagner (« marié à l'ordre Sith, vous n'avez pas besoin d'autre compagnon que le Côté obscur »). Ce que Vador ne parvient pas à comprendre est qu'un Sith doit être capable de tout sacrifier pour atteindre son objectif ; il ne doit pas être freiné par des attaches. La règle des deux en est un bon exemple : alors que la relation entre un Maître et son apprenti est harmonieuse chez les Jedi, elle est compétitive et mortelle chez les Sith. Sidious le lui explique clairement en lui disant que « le chemin vers le côté obscur n'est pas sans risques, mais il est le seul qui vaille d'être suivi. Peu importe notre apparence, et qui doit être sacrifié pour que nous atteignions notre but ».

Une caractéristique forte de Sidious est son mépris envers les Jedi. En étant chancelier, il a vu à quel points ils n'avaient aucune vision, à quel point l'Ordre Jedi de Yoda avait failli.

Il utilise tous les moyens pour rabaisser la légendes des Jedi, même si ils ont disparu grâce à lui. Symboliquement, il permet à Vador d'utiliser son sabre laser même si il ne devrait pas (« les Sith n'ont plus besoin de sabres laser. Mais nous continuons à en utiliser, ne serait-ce que pour humilier les Jedi »).

Alors que Vador veut traquer les derniers Jedi encore en vie, Sidious est plus enclin à les laisser sombrer, à les laisser patauger dans leur défaite ; il veut qu'ils vivent leurs dernières années en sachant qu'ils ont été vaincus et que ce sont les Sith qui règnent : « en se mettant la tête dans le sable ou la neige de monde reculés, les Jedi survivants s'humilient devant les Sith. Laissons-les faire. Laissons les payer pour un millier d'années d'arrogance et d'égoïsme ». On note au passage que Sidious a bien conscience de porter l'héritage et la revanche de tous les Sith du passé. Bien entendu, il pèche par arrogance et plante là les graines de sa future défaite.

Sidious encourage Vador à se déchaîner. Il veut exalter ses passions, ses émotions. Un Vador fort, mais sous contrôle, rend Sidious encore plus craint (« si quelqu'un d'aussi puissant que Vador lui obéissait, cela signifiait que lui-même l'était encore plus »). Dès lors, les choses sont claires et le règne de Sidious sera un règne de peur. Il n'a de comptes à rendre personne et ceux qui se mettent en travers de son chemin seront châtiés : « la galaxie pouvait bien penser ce qu'elle voulait de son protégé : Jedi déchu, Sith faisant surface, défenseur des lois impériales... Cela n'avait pas d'importance, puisque, en fin de compte la terreur serait leur allié ».

Sidious a eu le temps de réfléchir. Il a fini par comprendre que la façon dont les Jedi se servent de la Force les freinent. Il a pu voir à quel point derrière leur image d'hommes et femmes vertueux les Jedi étaient des hypocrites. D'après lui, les Jedi empêchent les enfants de se grandir et de se confronter à la réalité. Vador n'échappe pas à ça. Malgré son côté rebelle et le fait qu'il ait commencé sa formation tardivement, il est quand même grandement marqué. Sidious s'aperçoit qu'il a du travail pour le corriger (« et de lui faire comprendre que leurs pouvoirs venaient de l'envie, de la rivalité et de la méchanceté plutôt que de la compréhension. Toutes ces qualités que les Jedi considéraient comme vils et corrompus. Pour empêcher leurs jeunes disciples, ces enfants qu'ils arrachaient à leurs familles, d'explorer les côtés profonds de leur nature. Et les brider afin qu'ils ne découvrent pas pour eux-même le vrai pouvoir de la Force »). Les Sith doivent être capables de s'emparer de leurs émotions, ils doivent s'en servir pour devenir plus forts : « jalousie, haine, trahison... telles étaient les trois choses essentielles pour maîtriser le côté obscur, mais uniquement en tant que moyen de prendre ses distances avec toute notion de moralité, dans le but d'atteindre un objectif plus élevé ».

lundi 17 octobre 2022

Ordre 66

L'Ordre 66 et la fin de l'Ordre Jedi sont des événements marquants : ils symbolisent la fin de la guerre des Clones, la chute de la République et l'avènement d'un nouvel ordre. Ils ont considérablement marqué l'histoire galactique. Des années après, on en parle toujours et il est difficile pour beaucoup de savoir ce qui s'est réellement passé. Les Jedi ont-ils mérité ça ? Palpatine a-t-il abusé de son pouvoir ? On en a un bon exemple dans le roman le Collectionneur où l'histoire se situe quelques temps avant le Réveil de la Force et donc bien après l'Ordre 66. On peut y lire que « l'Ordre était démantelé, les Jedi étaient dispersés. Ils se sont dressés contre la République : le rapport de Palpatine expliquait tout ».

En quoi a consisté l'élimination des Jedi ? Dark Vador y a joué un grand rôle. En endossant le costume Sith, Anakin Skywalker a trahi : il a trahi les Jedi, l'Ordre qui l'a tiré de sa condition d'esclave. Il s'est laissé séduire par les belles paroles de Dark Sidious. Elles ont suffi à le convaincre à commettre des actes monstrueux. Dans le roman les Seigneurs des Sith, on a accès aux pensées de Vador ; il revient sur ses actes et « son esprit vagabonda dans le passé, jusqu'à ce jour où il avait pénétré dans le Temple Jedi rempli d'enfants. Il les avait massacrés ». Pour Vador, c'est un acte fondateur, presque jouissif. Il n'éprouve aucun remords, il est convaincu qu'il a fait ce qu'il fallait faire (« l'assassinat des jeunes apprentis du Temple Jedi, et leurs yeux écarquillés de peur qui attisaient son juste courroux »). Vador a massacré des Jedi, souvent jeunes. D'autres ont été abattus par des clones. Et ceux qui ont survécu ont vécu dans la peur et dans une angoisse permanente puisque «  les Inquisiteurs étaient les armes de l'Empereur, envoyés dans la galaxie après l'Ordre 66 pour traquer et éliminer les derniers Jedi ».

La question de l'attitude des clones est importante. Durant une bonne part de la guerre des Clones, Jedi et clones ont combattu côte à côté, ont créé des liens forts. Et pourtant, les clones se sont retournés contre les Jedi. C'est une question qui hante Ahsoka, l'ancienne Jedi qui a pu survivre à l'Ordre 66. Dans son roman éponyme, elle s'interroge : « combien de ses amis avaient été abattus par des compagnons d'armes de longue date ? (…) Et qu'avaient bien pu ressentir les clones une fois la besogne faite ? » Pour Bail Organa, la réponse semble claire : il en veut aux clones, à ce qu'ils ont faire. Il faut dire qu'il a été témoin d'une mise à mort d'un jeune Jedi et que cela le perturbe toujours (« il rêvait encore régulièrement de cette fameuse nuit, quand le Temple avait brûlé. Parfois, il parvenait à mettre le Padawan à l'abri dans son speeder. Parfois, les clones le tuaient, lui aussi, en même temps que le garçon »).

Ahsoka, elle, se sent seule. Elle n'a pas de nouvelles d'Anakin, elle sait ce qui est arrivé aux Jedi (« elle savait que le Temple avait brûlé : elle avait reçu l'avertissement de ne pas y retourner »). Ahsoka ressent presque une injustice, une injustice injustifiée d'ailleurs : elle, la non-Jedi a pu tenir tête à la mort alors que d'autres Jedi assumés sont morts. Elle remarque qu' « elle avait eu la chance de pouvoir échapper à l'Ordre 66 (…) Les autres Jedi, ceux qui étaient morts, n'avaient pas été capables de se sauver, les puissants comme les autres ». Ahsoka est donc marquée, traumatisée. L'Ordre 66 l'a plongée dans de grands doutes, dans un fort embarras. Elle n'a pas seulement perdu ceux qui ont été des collègues, des amis, sa famille pendant un long moment. L'Ordre 66 a remis en cause sa personnalité : « elle s'était posé cette question une centaine de fois depuis l'Ordre 66. Pourquoi avait-elle survécu ? Elle n'était pas la plus puissante, elle n'était même pas un Chevalier Jedi, et pourtant elle était là, vivante, quand tant d'autres avaient succombé ».

mardi 10 mai 2022

Une nouvelle aube : la question Jedi

Dans une nouvelle aube, l’Empire a gagné et étend ses tentacules dans toute la galaxie. Les peuples sont opprimés, utilisés sans merci et les Jedi défaits. Ceux qui ont survécu doivent changer : changer d’identité, de comportement. Ils ne peuvent plus vivre librement. Ce roman montre la façon dont Caleb Dume est devenu Kanan Jarrus, a tourné le dos aux enseignements Jedi, puis finit par y revenir.

Kanan était un apprenti Jedi lorsque la République a chuté. Appelé Caleb Dume, il était en mission sur Kaller lorsque l’Ordre 66 fut prononcé par Palpatine. Ce fut un terrible moment de sa vie, particulièrement dur où il assista à la mort de son Maître : « puis, d’un coup, la République et ses soldats clones s’étaient retournés contre les Jedi. Depa Billaba s’était battue pour le protéger… et Caleb s’était battu pour la protéger. Elle était morte ; il s’était enfui ». Non seulement Caleb n’a pas pu aider celle qui l’a formé mais en plus il n’a eu d’autre choix que de la laisser. Pire, avec le temps, Kanan différenciera Caleb de Kanan : il s’en voudra d’avoir été un apprenti Jedi, un statut qui lui a apporté une immense peine, qui lui a montré toute son impuissance. Des années plus tard, il pense à cette époque avec déception et peine : « Caleb avait autant que l’Empereur gâché l’adolescence de Kanan, et l’ensevelissait sous les regrets. L’esprit du jeune Caleb était rempli de et si, il se rejouait sans cesse la mort de Depa Billaba et des autres Jedi, cherchant toujours une solution qui aurait permis d’éviter la catastrophe ».

Si Kanan a cessé d’être un Jedi, c’est qu’il se sent impuissant. Pour lui, l’Ordre est bel et bien éteint, il n’y a rien à espérer et attendre. Pire, il est convaincu que les leaders des Jedi sont morts. S’ils étaient vivants, ils seraient nécessairement en train d’agir (« il n’arrivait pas à imaginer Obi-Wan caché de son plein gré sur une planète perdue, attendant que les choses se calment. S’il était en vie, il serait occupé à accomplir une mission »). Malheureusement, c’était bel et bien le cas : Kenobi était bien reclus, exilé mais avec une mission (protéger le jeune Luke Skywalker). Ayant tourné le dos aux Jedi, il a également arrêté de croire en leurs règles, enseignements et tabous. L’attachement et les relations charnelles ne sont plus un problème (« l’une d’elle spécifiait que les Jedi devaient éviter les relations amoureuses. Dès que Kanan Jarrus avait pris la fuite, il avait trouvé cette règle facile à oublier »). Pour autant, être Jedi ne lui a pas apporté que du négatif. Involontairement, ça lui a donné des outils pour survivre dans cette galaxie hostile. Non seulement, il a pu sentir quand des événements tragiques allaient arriver, mais en plus le non-attachement prôné par les Jedi l’avait préparé à sa vie de cachettes et de fuite : « ils avaient sans le couloir entraîné leurs élèves à devenir les fugitifs parfaits, capables de couper les points et de fuir à tout moment ».

Toute la galaxie sait ce qui est arrivé aux premiers jours du Nouvel Empire : on lit que « pendant des jours et des semaines, après que les généraux Jedi eurent été abattus par leurs propres soldats clones, le Nouvel empire avait traqué et éliminé les Jedi ».

Zaluna travailla pour la République puis pour l’Empire sur la planète Gorse : à chaque fois, elle était chargée de surveiller les civils. Elle est prise dans le feu de l’action contre son gré dans le roman Nouvelle aube : en effet, un de ses camarades de travail devait transmettre des informations à la Rébellion (Hera Syndulla), mais il se retrouve empêché et demande à Zaluna de prendre sa place. Zaluna a une vision assez objective des choses, elle sait que aucune information n’est neutre, qu’elle dépend du point de vue selon laquelle on l’observe. Elle remarque que « pendant la Guerre des Clones, les Séparatistes avaient fomenté de nombreux conflits contre la République. Les tenir à l’œil était une question de bon sens. Même les soi-disant défenseurs de la République, les Jedi, étaient devenus des traîtres...à en croire l’Empereur ». On peut croire qu’elle a l’impression que quelque chose ne tourne pas rond, que l’Empereur n’est pas aussi innocent qu’il le dit. Ce qui se passe à Gorse (l’exploitation de la planète et la menace de détruire sa lune) finit par convaincre Zaluna que l’Empire est loin d’être bénéfique, et que les Jedi seraient bien utiles (« dès que des vies innocentes étaient menacées, ils savaient comment réagir. Même dans les situations les plus inextricables »). Autrement exprimé, les Jedi apportaient l’espoir.

Hera Syndulla est également au centre des événements dans ce roman, elle fréquente énormément Kanan et finit par comprendre son passé, qu’il a été un Jedi et qu’il porte un lourd poids sur ses épaules (« elle avait regardé de nombreux holos historiques – tous interdits désormais- montrant les Jedi en action. Elle avait compris que leurs pouvoirs ne provenaient pas d’une sorte d’armure superpuissante qu’on pouvait laisser à la maison (….) Et seul un Jedi pouvait réussir les exploits que Kanan avait accomplis »). Bien impliquée dans la lutte contre l’Empire, malgré de faibles moyens, Hera saisit à quel point un Jedi pourrait faire la différence. Mais, elle ne presse pas Kanan, elle ne cherche pas à le forcer à dévoiler son passé. Elle désire qu’il rejoigne les rangs de la contestation par son propre choix, en faisant son propre parcours. C’est ce qu’il fera en la rejoignant à bord du Ghost (il est également attiré par la Twi’lek).

dimanche 10 avril 2022

Geonosis a changé les Jedi

L’Attaque des clones se conclut sur la terrible bataille entre les forces républicaines (et les clones de Kamino) contre les droïdes de la Confédération. Mais, un peu avant, il y a eu le massacre des Jedi dans l’arène : en effet, ces derniers étaient arrivés, menés par Windu, pour sauver Kenobi, Anakin Skywalker et Padmé Amidala. La Force et les sabre lasers furent bien impuissants face aux terribles droïdes et de nombreux Jedi tombèrent. Geonosis, ce n’est pas seulement la mort de dizaines de Jedi inconnus, ce sont aussi des histoires particulières, des individus marqués.

Dans la Revanche des Sith, on voit à quel point l’événement a marqué encore un peu plus Anakin et a contribué à son changement de comportement. Lui qui venait de goûter aux joies de l’amour est ramené à la raison avec la mort de sa mère déjà et également la mort de nombreux Jedi. Kenobi voit bien que son ami a changé et pour lui c’est la conséquence directe de Geonosis (« Obi-Wan espérait toujours deviner dans la voix d’Anakin un peu de son sourire moqueur de jadis, mais il ne l’y retrouvait jamais. Plus depuis Jabiim. Peut-être même depuis Geonosis »). Si Anakin est atteint, Geonosis a également touché des Jedi bien plus expérimentés. C’est le cas de Mace Windu qui ne cesse de se demander si il aurait pu mieux faire en étant plus incisif lorsqu’il avait Dooku et Fett à portée de sabre. Windu ressent la même chose qu’Anakin, quelque chose en lui s’est envolé, a disparu (« Mace aussi aurait ri, si quelqu’un dans l’arène de Geonosis ne lui pas, un jour de triste mémoire, si brutalement fait perdre le sourire »).

Dans Point de rupture, on comprend que c’est tout l’Ordre Jedi qui a été ébranlé par ce qui s’est passé. Les conséquences ne sont pas qu’immédiates, elles se diffusent aussi à moyen terme. C’est un réel traumatisme collectif qui touche aussi bien ceux qui ont combattu que ceux qui les ont soutenus : « la plupart des survivants de Geonosis soufraient de cauchemars terribles. Je ne compte plus les soigneurs Jedi qui me font part de leurs expériences auprès des victimes (…) Il n’y avait pas eu de massacre de Jedi depuis la guerre des Sith, il y a plus de quatre mille ans ». On le voit bien, les Jedi ont également perdu une illusion de sécurité et de puissance. Voir tant de Jedi mourir d’un coup en même temps ne leur était pas arrivé depuis bien longtemps : ils ont perdu leur innocence. D’autant plus que ce sont des Jedi prometteurs qui sont morts comme le dit Maître Leem : « le massacre de Geonosis était survenu, exterminant la fleur de la génération Jedi en moins d’une journée ».

La padawan Scout n’a pas participé à la bataille mais elle en a entendu des échos, elle a vu des Jedi survivants. Elle dit que « on a essayé de bien apprendre nos leçons, de nous tenir à carreau, mais on passait le temps à attendre que les autres reviennent. Et ils ne sont jamais revenus. Je ne parle pas seulement de ceux qui sont morts. Mais aussi de ceux qui ont survécu. A leur retour, ils étaient différents. Beaucoup plus sombres ». Son témoignage illustre bien l’état d’esprit des Jedi restés au Temple. Ils savaient que quelque chose de grave se passait et ne pouvait rien faire : leur impuissance leur était renvoyée en pleine face. Et quand les combattants sont revenus, ils sont marqués par les horreurs de la guerre, de leurs proches. Ils ont perdu le sourire, ils ont perdu un peu de leur joie de vivre. Ce qui est sans doute aussi compliqué est que les Jedi n’ont pas le temps de faire le deuil de ceux qui sont morts. La guerre des clones a commencé et elle ne leur laisse pas le temps de rendre hommage (« au début, il y avait eu des cérémonies commémoratives et des veillées afin que personne n’oublie jamais l’effroyable massacre. Mais le temps était passé, le déclenchement de la guerre avait eu lieu, éludant tout cela »).

jeudi 3 mars 2022

Daala n'aime pas les Jedi

La mort de Caedus a laissé une place vide à la tête de l’Alliance Galactique. Il faut un nouveau leader et c’est Daala qui a été choisie. C’est une douce revanche pour elle qui a souvent été sous-estimée par les impériaux parce qu’elle était une femme, c’est aussi une douce revanche car elle a passé une majeure partie de sa vie à lutter contre la Rébellion (devenue l’Alliance) qui a mis à bas son Empire. En tant que cheffe d’État, Daala demande des comptes aux Jedi. L’histoire récente de la galaxie lui laisse croire que les Jedi sont responsables pour un bon nombre de crises. Et même si ils ont des principes convenables, l’envie de faire le bien, de répandre la justice, ils se comportent comme des êtres supérieurs, des gens au-dessus ou non concernés par la loi. C’est ce qu’elle dit clairement à Luke Skywalker quand ce dernier vient négocier sa peine (Luke est accusé de ne pas avoir vu que Jacen devenait Dark Caedus, ce qui a occasionné des millions de morts). Elle montre du doigt le comportement des Jedi : « les Jedi peuvent déterminer qui doit être remercié et qui doit être éliminé, qui doit être pardonné et qui doit être remis aux officiers de l’autorité ordinaire. Ils protègent le citoyen moyen mais ne répondent pas de lui. Ils ne payent pas pour leurs erreurs. Ils obéissent aux ordres du gouvernement uniquement quand ces ordres se conforment à leur code moral ». Si on lit entre les lignes, il est clair que Daala veut mettre les Jedi au pas. On a un petit retour dans le passé qui explicite ça clairement (« il faut qu’ils rentent dans leur coin, à l’écart de la politique et surtout ne jamais leur donner des armes, avait-elle un jour confié à Boba Fett, le chasseur de primes »). C’est donc un projet qui mûrit depuis longtemps en elle et qu’elle va enfin pouvoir mettre en place. Car, comme tant d’autres dans cette galaxie, Daala a vécu de nombreuses guerres, souvent à cause des Sith. Et sa lecture des choses est assez simple : les Sith et les Jedi sont la même chose. C’est ce qu’entend Jag Fel, le nouveau leader de l’Empire : « Chef d’État, un Sith n’est qu’un Jedi qui a mal tourné. Pourquoi pensez-vous que les Seigneurs Noirs ne cessent d’apparaître ? (…) Si nous voulons vraiment nous protéger des Sith, ce sont les Jedi que nous devons surveiller. L’histoire l’a complètement prouvé ». Daala n’a pas oublié ce qu’a fait Dark Caedus, notamment le meurtre de Pellaeon, un homme qu’elle estimait énormément. Daala se montre alors impitoyable et les Jedi, privés de Luke Skywalker (exilé), doivent se retrancher dans leur Temple. Leia est envoyée négocier un accord avec Daala ; celle-ci lui dit clairement ce qu’elle veut : « la normalisation des relations entre les Jedi et le gouvernement demeurera une chimère tant que l’Ordre Jedi ne se reconnaîtra pas et n’agira pas en tant que ressource du gouvernement ».

Pour réduire les Jedi à l’impuissance, Daala déploie tout un tas de mesures. Après avoir contraint le plus puissant et influent d’entre eux (Luke Skywalker) à l’exil, elle assure dans la foulée un certain contrôle sur leurs actes. C’est par la voix du Grand Maître Hammer (le remplaçant de Luke) que nous apprenons que Daala ajoute une sorte de couche bureaucratique aux activités des Jedi (« nous avons été informés par le Bureau de la Chef d’État que, prenant effet immédiatement, les Jedi seront désormais accompagnés par des observateurs officiels »). Mais peut-on en vouloir à Daala de s’acharner sur les Jedi à une époque où certains d’entre eux perdent la raison et se mettent à avoir des comportements inexplicables ? Les Jedi veulent s’occuper eux-mêmes de ceux qui sont malades, ce n’est bien entendu pas l’avis de Daala qui est parfaitement expliquée par Leia (« nous ne pouvons pas commencer à livrer de jeunes Jedi à Daala simplement parce qu’ils sont tombés malades. Surtout quand la seule solution qu’elle propose est de les congeler dans la carbonite »). Face à l’obstination des Jedi, du fait que les Jedi fassent corps, Daala doit s’en prendre à des éléments isolés. Et Tahiri est une cible parfaite (Kyle Katarn : « Daala s’en prend à Tahiri pour envoyer un message, un message qui nous est destiné »). Tahiri est accusée du meurtre de Pellaeon.

Daala en veut tellement aux Jedi qu’elle emploie des Mandaloriens pour s’en prendre à eux. Elle demande aux mercenaires de récupérer les Jedi malades. Quand ces derniers se présentent au Temple, c’est l’assistance Kani Asari qui vient à eux. Sauf que ce n’est pas elles qu’ils veulent. Elle est alors abattue, Daala leur ayant laissé toute latitude d’action. Le leader des Mandaloriens est prêt à tout, il est inflexible (« je ne suis pas là pour négocier ou discuter, ni même pour capturer et interroger. Personne ne quittera le Temple tant que je n’aurai pas obtenu ce que je suis venu chercher »). Cet assassinat de sang-froid choque tout le monde, Daala y compris (« quand l’holocaméra montra une vue panoramique où l’on distinguait le corps sans vie, Daala prit la télécommande et changea de canal »).

samedi 31 juillet 2021

Jedi et Sith dans le roman Dark Plagueis

Tenebrous, Plagueis et Sidious ont mené les Sith à la consécration. Ils ont patiemment perpétué la Règle des deux, en faisant grandir l’Ordre Sith dans l’ombre. Dissimulés des Jedi et des forces républicaines, ils ont gagné en influence et en pouvoir, en investissant les champs économique et politique. Etre actif dans ces deux domaines leur a permis de côtoyer de près l’Ordre Jedi et d’avoir un avis critique sur cette organisation.

Dès les premières pages du roman, Plagueis présente clairement les objectifs des Sith. Bien qu’ils ne soient que deux, ils sont « comme un ouragan prêt à déclencher une tempête de destruction sur la République décrépite et l’Ordre Jedi assoupi ». Leurs ennemis sont clairement identifiés : ce ne sont pas que les Jedi mais aussi le système politique en place. Ce qui caractérise les Sith à cette époque, c’était leur relative humilité quitte à leur place : ils savent qu’ils sont voués à diriger la galaxie mais ils ont conscience de leurs limites, et surtout de la puissance des Jedi, notamment politique (« les Jedi occupaient une position de premier plan mais les Sith avaient tout le loisir d’étudier l’Ordre de loin, sans que les Jedi ne se rendent compte que des adversaires les menaçaient dans l’ombre »). L’ombre, c’est la doctrine Sith depuis Dark Bane. C’en est fini des troupes avec des dizaines de Sith qui défient la République, ils ne sont plus que deux, un maître et un apprenti.

Dominants, les Jedi le sont incontestablement. Ils ont l’oreille des Sénateurs et du Chancelier, et malgré tout ils n’exercent pas le pouvoir. C’est un fait qui n’échappe pas aux Sith. Ils en éprouvent presque du regret de voir des utilisateurs de la Force se limiter. C’est un peu ce qu’on ressent quand Palpatine dit à Plagueis qu’« il suffirait qu’ils utilisent la Force pour imposer leur volonté à toute la galaxie, s’ils le souhaitaient. J’aurais plus de respect pour eux s’ils le faisaient ». Plagueis est encore plus clair, plus explicite. Vivre si proche du centre du pouvoir les a affaiblis, leur a fait se réconforter dans de faux-semblants et les a empêchés de progresser : « la plupart des vies sont sans conséquences. Les Jedi ne l’ont pas compris. Ils sont tellement occupés à sauver des vies et à préserver l’équilibre des pouvoirs au sein de la Force qu’ils ont perdu de vue le fait que la vie intelligente doit évoluer sans cesse, qu’elle ne peut se contenter de languir dans un immobilisme parfait ». Sans doute croient ils que les Jedi aimeraient rester dans ce statu quo pour toujours, la République amenant l’ordre avec les Jedi pour guider et conseiller.

Si, dans son ensemble, l’Ordre Jedi est plus puissant que l’Ordre Sith, il n’en va pas de même des individus qui le composent. Plagueis a bien étudié l’histoire des deux organisations et il en a tiré une conclusion claire. Etre Sith nécessite beaucoup plus de courage et de volonté puisque « n’importe quel Sith peut maîtriser les arts Jedi, mais seul un Jedi sur mille pourrait jamais devenir un Sith car le Côté Obscur est réservé à ceux qui placent la prise en main de leur destin au-dessus de tout ce que l’existence peut offrir ». Peut-être que c’est la conséquence du fait que les Jedi sont trop jeunes (quelques mois) quand ils renoncent à leur famille et qu’il leur manque donc du coup la souffrance que ça représente de se séparer de tout, sans compter que ce n’est pas un choix de leur part mais qu’on leur impose.

Pour autant, Palpatine et Plagueis ne sont pas stupides au point de croire qu’ils élimineraient aisément les Jedi. Ces derniers sont nombreux et donc forts (« pour Palpatine, voir autant de Jedi en un seul endroit était à la fois enivrant et dégrisant. Même s’il était bien camouflé en citoyen ordinaire, il sentait leur fierté collective s’infiltrer en lui à travers la Force »). La dynamique est clairement du côté des Sith car les Jedi « sont capables de tirer l’énergie de le Force mais leur capacité à utiliser la Force a diminué ». C’est un peu comme si ils s’étaient reposés sur leurs lauriers, trop certains de leur situation. Ils ne se remettent pas en question, ils n’explorent pas la Force, ils ne cherchent pas à perturber l’ordre des choses. Plagueis affirme que « si les Jedi respectaient leur philosophie et agissaient véritablement en accord avec la force (…), ils passeraient du Côté Obscur ». Il méprise ces Jedi incapables de voir que le vent a tourné et que leur fin approche (« Yoda et les autres membres du Conseil doubleraient leurs séances de méditation pour tenter de scruter l’avenir, avec pour seul résultat de découvrir qu’il demeure confus et insondable »).

Finalement, c’est Dooku qui nous en apprendra le plus sur la déliquescence des Jedi. Ils « sont retranchés derrière des raisonnements archaïques et sont lents à adopter des changements (…) ils attendent l’avènement d’un rédempteur qui apportera l’équilibre à la Force et réinstaurera l’ordre ». C’est un sacré aveu d’échec : les Jedi, le groupe dominant, tremble littéralement et en est venu à attendre un miracle. C’est d’autant plus révélateur que c’est un ancien Jedi prometteur qui dit ça. D’une certaine façon, les Jedi se sont embourgeoisés. 

mardi 27 avril 2021

Les derniers Jedi : La Force, les Jedi


Dans le film Les derniers Jedi, des questions liées à la Force et à l’héritage des Jedi sont abordées. Ce qui est intéressant est qu’elles le sont à travers des personnages variés, qui ont différentes expériences : un Jedi, la fille d’un puissant Sith, un militaire, une jeune femme éloignée de tout… 
 
Il faut déjà se demander ce qu’est la Force. Alors qu’il tente d’enseigner à Rey quelques sujets, Luke Skywalker lui donne une définition claire : « la Force (…), c’est l’énergie qui relie toutes les choses entre elles. Une tension… qui maintient l’équilibre au sein de l’univers. » On apprend que Luke s’est coupé de tout ça, qu’il a cessé de faire partie d’un monde bien plus grand et que c’est pour ça qu’il s’est exilé. Il finit par se rouvrir et cela nous donne l’opportunité d’avoir une approche plus fine. Il y aurait une différence entre la Force vivante (« il eut à nouveau l’impression de faire partie d’un réseau infini de connexions maintenant tout en place, lui compris ») et la Force cosmique (« elle avait une conscience, un but et une volonté »).

La Force englobe tout, elle est tout. Leia Organa l’a compris il y a des années. Elle a eu quelques enseignements avec Luke et son frère « lui avait appris à s’ouvrir à la Force (…) il lui avait expliqué qu’elle avait inconsciemment fait appel à la Force toute sa vie. »
La Force existe, tout le monde n’y croit pas. C’est un peu la même chose des Jedi, ces gardiens de la paix qui ont été purgés sous le règne de l’Empereur Palpatine. Hux illustre bien ce doute. Comme tant de gradés militaires issus, il méprise la Force et la sous-estime. Il la considère comme « une sorcellerie », qui « était un écho moribond d’une histoire ancienne, peu fiable et imprévisible, alors que les prouesses technologiques apportaient la certitude. » Les Jedi disparus, beaucoup de rumeurs ont circulé à leur propos, des rumeurs négatives entretenus au fin des décennies et des années. Hux nous apprend que « son père, Brendol, lui avait raconté que les Jedi avaient maintenu le pouvoir en s’emparant des bébés sensibles à la Force et en les formant pour en faire des guerriers ». Cette affirmation peut presque être vraie, tout étant question de point de vue. Après tout, les Jedi ne prennent que des enfants très jeunes…
 
Luke est reclus. Il est meurtri et il a subi l’échec. Sa nouvelle académie a été détruire, Ben Solo s’est tourné vers l’obscurité. Surtout il remet en question ce que les Jedi du passé croyaient, eux qui se positionnaient en tant que gardien de la paix, du bien. Les Jedi se sont considérés trop important (« dire que la lumière s’éteindrait avec les Jedi est du pur orgueil »). Il dresse alors à Rey un sombre bilan des Jedi : « l’héritage des Jedi est un échec. Hypocrisie. Orgueil (…) Au sommet de leur puissance, ils ont laissé le champ libre à Dark Sidious, le créateur de l’Empire, qui les a balayés. C’est à un maître Jedi qu’incombe la responsabilité d’avoir créé et formé dark Vador. » Luke n’est pas tendre avec son ancien ami et maître, Obi-Wan Kenobi. Il arrive à garder un esprit lucide malgré des liens affectifs. Il sait que les Jedi ont pêché, à un point qu’ils ne furent plus qu’une poignée quand il y en avait des milliers quelques mois auparavant.

Snoke semble partager la décision de Luke. On peut lire que « Skywalker avait été assez malin pour ne pas reconstruire l’Ordre Jedi, n’y voyant que le club de débat sclérosé qu’il était devenu au moment de son agonie ».

Snoke semble également au fait de l’histoire récente des Jedi. Il veut éliminer Luke car c’est un adversaire redoutable (« comme son père, Skywalker, avait été un instrument de prédilection au service de la Force cosmique. C’est pourquoi il était essentiel de le surveiller »).

Dans cette logique, il est intéressant de noter la réapparition de Yoda et l’enseignement final qu’il donne à Luke. Dans la trilogie originale, Kenobi et Yoda insistaient plus ou moins sur la nécessité de Luke d’affronter et de mettre à bas Sidious et Vador. Certes, il y avait Leia mais ça ne réconfortait pas Luke, il ne voulait en aucun cas sacrifier sa sœur. Yoda insiste à nouveau, Luke n’est pas le dernier Jedi. Il a beau avoir rejeté l’Ordre, il faut qu’il dise à d’autres tout ce qu’il a appris ou vécu (« transmets ce que tu as appris. La sagesse, oui, mais aussi les folies. La puissance, la maîtrise, mhm. Mais la faiblesse et les échecs aussi. Oui. L’échec surtout. Le meilleur des maîtres, c’est l’échec »).

mardi 30 mars 2021

Vol vers l'infini : l'arrogance de Jorus C'Baoth

Il est assez plaisant de voir que le roman Vol vers l’Infini se concentre sur un Jedi qui n’est Yoda, ni Kenobi ou ni Anakin Skywalker. Il met en avant le Jedi Jorus C’Baoth (à ne pas confondre avec son clone que l’on verra dans la Croisade noire du Jedi fou).

Dès le début du roman, on s’aperçoit que C’Baoth est un homme qui dit ce qu’il pense, peu importe qui est autour de lui. Il a ses convictions et il n’hésite pas à les afficher. C’est un homme qui a conscience de la supériorité des Jedi. Dans ce livre, C’Baoth a une padawan, Lorana Jinzler (elle deviendra Chevalier au cours de l’aventure). Il lui assène des leçons qu’il juge importantes : « un jour, tu seras un Chevalier Jedi, avec tous les pouvoirs et toutes les responsabilités que ça implique. N’oublie jamais que nous sommes le ciment de cette République, au contraire de Palpatine ou du Sénat, de la bureaucratie et par-dessus tout de ces pauvres esprits fermés qui ne peuvent survivre une journée  sans venir quémander de l’aide à Coruscant. »
C’Baoth veut des fonds pour son Vol vers l’infini, il s’agit d’une mission d’exploration de ce qu’il y aurait aux limites de la galaxie et ensuite. Mais, l’Ordre Jedi et le Sénat sont plus que réticents. Il a donc besoin d’un succès important et marquant pour assurer sa légitimité. C’est ce qu’il aura sur la planète Barlok. C’est un moment assez intéressant du récit car Kenobi et Anakin Skywalker sont là. On a alors l’opportunité de voir le comportement différent de deux Jedi confirmés et de la façon dont ils se nourrissent du succès.
Doriana, un agent de Sidious, est un témoin des événements. Il relate à son maître que « Kenobi n’est pas du genre à rechercher la reconnaissance du public et C’Baoth n’est pas du genre à lui proposer de la partager. »

Le mépris de C’Baoth s’étend même aux gens qui pourraient donner légitiment un avis dans leur domaine de compétences. Le pauvre Capitaine Pakmillu subit  le dédain du Jedi qui lui dit sans ménagement qu’il ne sera pas au courant de tout ce qui se passera à bord de son vaisseau (« c’est une affaire de Jedi, capitaine, qui ne vous concerne pas »).

Le livre montre aussi que la politique Jedi touche les simples gens de la galaxie. Ce n’est pas que C’Baoth qui est en cause, c’est tout l’ordre. Ainsi, on en a un bon exemple avec Lorana Jinzler qui retrouve, par un heureux hasard, son frère à bord du vaisseau. Ce dernier a beaucoup de rancœur, toute sa vie a été marquée par le départ de sa sœur, tout ce qu’il faisait n’était pas assez pour plaire à ses parents : « Lorana aurait fait ceci, Lorana aurait fait cela (…) on croyait vivre à l’ombre d’une déesse. C’était d’autant plus absurde qu’ils n’avaient pas la moindre idée dont tu aurais agi dans ces situations ». Et en effet, les Jedi prennent les enfants très jeunes. Pour certaines familles, c’est une fierté, pour d’autres c’est une malédiction. C’Baoth a trié ses passagers en faisant monter à bord des familles qui avaient des enfants qui montraient des dispositions à la Force. Il veut leur enseigner quoiqu’en pensent leurs parents : « offrir une possibilité à un enfant de devenir un Jedi est l’honneur le plus élevé qui soit ». Il se moque de savoir si cela sera bien reçu par les parents, il se moque de briser des familles.

Anakin Skywalker et Kenobi sont temporairement à bord du Vol vers l’infini. Kenobi a des désaccords avec l’autre Jedi. C’Baoth est têtu, borné, obstiné. Il ne pense pas que les Jedi doivent uniquement être destinés à protéger les faibles, à maintenir la paix. Il le lui dit, leurs talents sont sous-utilisés. Il interroge : « Maître Kenobi, pouvez-vous honnêtement reconnaître que Maître Yoda ou Maître Windu par exemple, ne seraient pas capables de diriger la République avec plus sagesse et d’efficacité que Palpatine et les bureaucrates du gouvernement ? ». On notera qu’il critique une nouvelle fois la bureaucratie. C’est sans doute parce qu’il aime faire les choses comme il le ressent, sans devoir se fier à des procédures et des protocoles.

Tout cela mène à une défiance envers les Jedi. Pour les passagers, la vie est compliquée. Algrann affirme que « nous quittons une tyrannie gérée par des bureaucrates et des politiciens véreux pour tomber dans une autre, sous la coupe des Jedi ».

L’histoire présente également un personnage important de l’univers Légendes : Thrawn. Comme le vaisseau est amené à explorer les Régions Inconnues, il tombe sur des vaisseaux Chiss. L’agent de Sidious, Doriana, est chargé de détruire le Vol vers l’infini mais il est capturé par Thrawn avant d’y parvenir. Il tente de convaincre le Chiss de mener sa mission à sa place. Il a vu que les Chiss tiennent fermement à leur territoire et il est clair pour lui que les Jedi seraient une menace. Thrawn ne saisit pas encore bien ce que sont les Jedi, il en profite donc pour lui dire que « les Jedi se prennent pour les maîtres de la galaxie ». Heureusement pour les plans de Doriana, C’Baoth ne le décevra pas en rencontrant Thrawn. Il était inutile d’espérer que le Jedi fasse preuve de diplomatie et de finesse. Il explose littéralement face à Thrawn, le traite comme une espèce inférieure : « Nous sommes les Jedi, le pouvoir le plus puissant de l’univers ! Nous agirons comme bon nous semble et nous détruirons ceux qui croient ce mettre en travers de notre chemin. »

Bien entendu, C’Baoth est un élément particulier de l’Ordre Jedi, tous ne sont pas comme lui. Mais, on voit bien dans ce roman que les Jedi commencent à avoir une mauvaise presse. On peut penser que cela (l’arrogance, le sentiment de supériorité) contribuera à l’acceptation de la galaxie en ce qui concerne l’Ordre 66.