Mon Mothma fait preuve de naïveté alors que l’Empire commence à se déployer remplacer la République. Elle ne saisit pas pleinement ce qui est en train de se dérouler. Elle ne comprend pas, dans un premier temps, qu’un régime autoritaire se met en place.
La République a donc laissé la place à un Empire et le Chancelier est devenu un Empereur. Cette double transformation ne révolte pas Mon Mothma. Si cela la dérange, elle n’en est pas non plus à vouloir destituer Palpatine dans l’immédiat. D’une certaine façon, elle est presque prête à penser que Palpatine est légitime à revendiquer le titre d’Empereur dans le cadre d’un Empire (« Palpatine et ses sbires avaient manipulé les règles à leur avantage (…) en s’attirant les faveurs du public et en jouant sur le long terme (…) Mon Mothma respectait cette stratégie car elle reposait au bout du compte sur les compétences administratives de l’Empereur et de son cercle restreint »). La stratégie politique mise en place par Palpatine convainc donc Mothma.
Certes, Palpatine a détruit l’Ordre Jedi. Et alors ? Elle ne va pas baser sa stratégie d’opposition sur ça. Elle n’est pas comme Bail Organa qui court après des chimères et tente de restaurer l’honneur des Jedi. Elle est très claire à ce propos (« Tout le monde s’en fiche »). Mon Mothma veut s’opposer à Palpatine sur le terrain de la politique et du sénat, elle veut gagner des alliés. L’idée d’un Empereur ne semble pas la déranger si il y a des contre-pouvoirs en face comme un Sénat fort. Et ce n’est possible que s’ils ne se focalisent pas sur des luttes vaines. Elle tente d’expliquer cela à un obtus Bail Organa : « nous avons besoin d’alliés, Bail. Nous avons besoin de voix. Et le plus court chemin est de faire appel aux intérêts personnels de nos pairs (…) Si l’on commence à parler de Jedi et de complots…. »
Mothma ne semble donc pas vouloir s’attaquer frontalement à Palpatine. Elle ne veut pas de coup d’éclat et encore moins d’attentat contre lui. Quand l’assassin Soujen propose de tuer Palpatine, elle refuse. Pourquoi ? Mothma est attachée à des valeurs et c’est ce qui fait sa faiblesse dans ce cas-là. Elle refuse de tuer pour tuer, même un ennemi dangereux (« parce que personne ne mérite de mourir terrorisé, sous la menace d’un blaster : c’était condamnable pendant la guerre et ça l’est toujours aujourd’hui »). Il semblerait que la guerre des clones ait durablement marqué Mon Mothma. En outre, Mothma est attachée au respect de la loi et des procédures. Elle ne veut pas déclarer coupable un homme qui n’a pas été jugé ni prononcer une peine (« Parce que Palpatine espère à devenir un dictateur, mais que nous avons aucune preuve de ses exactions supposées »).
Toutefois, on peut penser à autre chose qui retient Mon Mothma : la peur. Dans les prmeirs jours de l’Empire, des Sénateurs ont été interrogés et Mon Mothma en faisait partie. Il s’agissait de connaître leurs intentions et de leur faire prêter allégeance à l’Empire en signant un document. Mothma a fini par le faire tant elle a été traumatisée par sa captivité (« ses membres étaient trop faibles et trop rigides pour qu’elle puisse se tenir droite. Elle avait souillé sa robe, les taches étaient évidentes sur le tissu blanc. On lui avait ôté toute dignité avec une cruauté banale, délibérée »).
Mothma est évidemment surveillée. Les services de sécurité l’ont dans le viseur. Et comme elle est proche de Bail Organa, elle est à nouveau interrogée quand son collègue sénateur crée du remous. Encore une fois, ses interrogatoires remuent Mon Mothma et la fragilisent énormément. Elle est à la fois frappée par la peur, le dépit et de l’énervement : « son sang bouillonnait de terreur ; mais son esprit -son intellect- n’éprouvait que de l’indignation et de la colère envers ceux qui pouvaient la traiter, traiter n’importe qui de manière si indigne ». Car l’interrogatoire est éprouvant : elle n’est pas forcément maltraitée physiquement mais plus psychologiquement. Elle comprend que les services impériaux se moquent ou non de savoir si elle a fait quelque chose de mal, d’illégal. Ils veulent simplement des noms, des aveux, lui envoyer un signal fort qu’ils peuvent la broyer si nécessaire (« traiter les gens comme des obstacles que l’on prend plaisir à éliminer était une abomination, l’antithèse de toutes les valeurs et convictions de Mon »).
Elle prend pleinement conscience de tout cela quand Mas Amedda la convoque. Le vizir de l’Empire est là pour envoyer un message clair : Mon Mothma doit rentrer dans les rangs. Rien ne pourra dévier ou arrêter Palpatine. L’homme, d’ailleurs, ne pense pas comme les autres. Son Empire est là pour durer dans le temps et il anticipe des défis qui dépassent le commun des mortels. Si Mothma veut l’entraver, elle devra lui faire une guerre. Mothma est choquée d’entendre ça dans la bouche de Mas Amedda ; elle « faillit avoir un mouvement de recul face au plaisir pervers qu’avait éprouvé le vizir en prononçant ses mots ». La réalité la frappe en pleine face puisqu’elle se rend compte que l’Empereur se moque d’être populaire ou d’avoir l’aval du Sénat ; il veut régner (« elle pourrait refuser de se laisser intimider par l’administration, et en réponse il y aurait du sang, de l’indignation et des morts. Et elle perdrait probablement, tout comme la galaxie. L’Empereur deviendrait peut-être l’homme le plus détesté de tout l’univers, mais il garderait son trône et n’en aurait cure »).