Une nouvelle fois, la galaxie est en
guerre. L’Alliance Galactique doit faire à des planètes qui ont
volonté de faire sécession, qui ne veulent pas assumer leurs
responsabilités, notamment financières. Corellia est une de ces
planètes. Les choses tournent mal quand un terrible attentat frappe
Coruscant, faisant des centaines de morts. Choqués, les politiciens,
Cal Omas en tête, décident de lancer une police secrète (la Garde
de l’Alliance Galactique), chargée de traquer les terroristes (les
Corelliens) : c’est le début de l’ascension de Jacen Solo,
cela le mènera à Chef de l’Alliance Galactique. C’est là
l’origine du mépris qu’a Pellaeon envers Jacen : il n’a a
jamais pardonné la création de la Garde et encore moins que ce soit
confié à Jacen. Ses pensées le montrent clairement :
« Pellaeon était simplement contre la création d’une police
secrète louche, à l’écart de la chaîne de commandement, n’ayant
pas à rendre compte de ses actes et qui avait été finalement
confiée à quelqu’un n’ayant jamais porté un uniforme de toute
sa vie. »
Car
Pellaeon est un impérial, il a le respect du grade militaire et de
l’uniforme. Comme beaucoup d’impériaux, ils considèrent que
l’Empire a un devoir envers la galaxie et sa sécurité, et que le
pouvoir ne doit pas servir à satisfaire des besoins personnels.
Comme beaucoup d’impériaux, il a un préjugé négatif envers les
Jedi. Il les a côtoyés, il les connaît et il sait qu’ils sont
bons dans un rôle de moralisateur mais qu’on ne peut pas leur en
demander plus (« les Jedi sont très forts pour être en
opposition, pour jouer le rôle de la conscience sur l’épaule des
leaders et pour maintenir en éveil, voire même pour jouer les
troupes de choc et préserver la paix lorsque c’est nécessaire.
Mais ils ne savent pas diriger »). Or Jacen est un Jedi selon
Pellaeon, il n’est pas apte à gouverner. D’autant plus qu’il
n’a pas un parcours militaire classique, ne grimpant pas les rangs
par le mérité. Son caractère pose également problème : il
est autoritaire, impulsif et buté. Pellaeon lui reproche de ne pas
savoir chercher et trouver le compromis, de créer de l’instabilité
dans une galaxie déjà bien fatiguée (« la guerres laissaient
la galaxie exsangue, et les blessures de la guerre des Yuuzhan Vong
étaient à peine cicatrisées (…) Mais, si cela impliquait de
travailler avec quelqu’un comme Jacen Solo, songea Pellaeon, la
paix ne pourrait durer. Il aurait pu traiter avec Niathal, pas avec
un individu aussi volatil et mystique que Solo. Nous sommes l’Empire.
Nous apportons l’ordre et la justice pour le bien de tous »).
Pellaeon est un homme de poigne sinon il ne pourrait pas diriger
l’Empire, un système où les Moffs (gouverneurs) ne pensent qu’en
terme de luttes de pouvoir et d’influence. On l’avait déjà vu
lors de la guerre contre les Vong où il avait décidé d’apporter
le soutien impérial à la Nouvelle République. On en a encore la
confirmation quand il arrive à gérer ces mêmes Moffs (« il
maintenait la cohésion de l’Empire à l’aide d’un réseau
complexe de loyautés personnelles, la conviction collective des
Moffs qu’il avait généralement raison et une dose rarement
employée mais efficace de châtiment »).
Malheureusement
pour lui, Pellaeon est à la tête de l’Empire et il est donc un
acteur décisif dans la guerre en cours, son choix de rallier un camp
ou un autre (l’Alliance ou la Confédération ou les Jedi ou rester
neutre) pourrait faire basculer les choses. Jacen décide d’envoyer
Tahiri qu’il forme aux arts et à la culture Sith. Cela doit être
elle pour une épreuve, et aussi tenter Pellaeon en lui envoyant une
jeune et jolie femme pour manipuler ses décisions. Pellaeon n’est
pas dupe, il n’est pas non plus aveugle : Tahiri a été
marquée par les Vong, elle a des cicatrices, tout son visage
rappelle la guerre contre les Vong (« Jacen, si tu envoies une
jolie fille pour m’amadouer, ne brise pas le charme en me rappelant
les Vong »). Pellaeon, qui a été le second de Thrawn, sait
juger et évaluer les gens. Il n’est pas non plus arrivé à ce
niveau en faisant preuve de naïveté. Il voit clair dans le jeu de
Jacen ; il se doit de rester vigilant et ne pas sous-estimer
Tahiri (« aussi charmante soit-elle, car il s’agissait de la
créature de Jacen Solo et qu’il était quasiment certain qu’elle
n’était as aussi adorable qu’elle en donnait l’impression »).
Pour autant, il accepte de suivre l’Alliance.
Au
pied du mur, acculé par Jacen, Pellaeon décide de sortir un atout
de sa manche, un vestige de la puissance impériale comme lui :
Daala. Il est admiratif de la femme quand on lit que « il ne
savait plus le nombre de fois où l’on avait pensé qu’elle était
vaincue, ou même morte. Et pourtant, elle n’avait cessé de
revenir pour mettre de sérieux bâtons dans les roues de la Nouvelle
République ». Daala rejoint une situation complexe lors de la
bataille de Fondor. L’Alliance se déchire entre ceux qui suivent
Jacen Solo et Niathal après que cette dernière ait négocié une
reddition de Fondor. Jacen, pris par sa colère, décide de
poursuivre l’attaque. Niathal est désespéré et Pellaeon décide
de rompre son accord et s’attire les foudres de Jacen (« la
flotte impériale va se retirer immédiatement et respecter le
cessez-le-feu »).
Jacen
demande alors à Tahiri de tuer Pellaeon. Jacen comprend que Pellaeon
est une épine dans son pied, que l’éliminer lui permettra de
prendre le contrôle des forces impériales et de soumettre les
Moffs. Pressé, torturé par Tahiri, Pellaeon ne rompt pas. Il garde
son honneur et sa fierté, il reste fidèle à ce qu’il a toujours
été. Son dernier ordre est bien l’illustration de l’homme qu’il
est. Alors que céder à la demande de Jacen le maintiendrait en vie,
il refuse et demande « à toute la flotte (…) de mettre
vos navires à la totale disposition de l’amirale Niathal et
d’abattre Jacen Solo, pour l’honneur de l’Empire ».
Tahiri tue donc Pellaeon en lui serrant le cœur (« la douleur
ressurgit et engloutit Pellaeon à la manière d’un raz-de-marée
resté immobile durant une fraction de seconde »). La galaxie
perd alors un grand leader impérial qui aura connu Thrawn, les Vong,
Luke Skywalker et tant d’autre. C’est Daala qui lui rendra un
vibrant dernier hommage : « A Gil Pellaeon. Le dernier
authentique gentleman de l’Empire. Bon voyage, mon ami ».