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Kerra Holt, une Jedi chez les Sith

La République et les Jedi n’ont pas toujours contrôlé la galaxie ou apporté la lumière. Il y a même eu des époques où ils ont volontairement...

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samedi 2 décembre 2023

Le Nouvel Ordre Jedi : Carida

Carida n’est pas une planète anodine. Elle est le symbole de la folie des Jedi puisqu’elle a été détruite par un apprenti de Luke Skywalker, Kyp Durron. Et Kyp n’a même pas été puni pour ce crime odieux : pas de prison. Le Jedi Luke Skywalker s’est contenté de le réintégrer dans son Académie.

Si Kyp a échappé à la sanction, tous savent qu’il a sur la conscience la mort de millions de gens. Sa culpabilité ne fait aucun doute et ses tentatives de rédemption n’effacent pas cette marque honteuse. Leia n’a pas oublié qui il est même si il est le seul à pouvoir ramener une Jaina qui s’enfonce de plus en plus dans l’obscurité lors de la guerre contre les Yuuzhan Vong. Ses pensées résument bien qui est Kyp : « il lui fallut un effort pour se souvenir que cet homme charmant était celui qui avait détruit Carida, rejoint le côté obscur et manqué tuer son frère Luke ».

Ceux qui fréquentent Kyp Durron savent que Carida l’a profondément marqué. Il n’a pas fait que détruire une planète, il y a aussi tué son frère. Cela a grandement impacté sa vie et ses décisions futures. Kyp porte un fardeau sur ses épaules en tentant de se forger une image positive. Luke en a bien conscience, lui qui rappelle que Kyp « avait volé une super-arme et pulvérisé la planète Carida, exterminant des millions de gens ». Et même si il n’a pas été puni par la Nouvelle République ou les Jedi, « Kyp avait travaillé sans remâche pour se réhabiliter ».


Mais, les Jedi et leurs alliés ne constituent qu’une très petite partie de la population galactique. Pour beaucoup, les Jedi sont arrogants. Pour d’autres, ils se comportent comme une police galactique alors qu’ils n’en ont pas la légalité ou la légitimité. D’autres ont directement souffert des actions des Jedi, comme ce scientifique sur Bimmiel (« Mes parents viennent de Carida. Je pourrais en dire long sur les Chevaliers Jedi… »).

D’ailleurs, l’époque est compliquée pour les Jedi. Le leader de la Nouvelle République, un bothan nommé Borsk Fey’lya, tente de les mettre à l’écart. Il leur reproche d’avoir provoqué les Yuuzhan Vong puis d’être incapables de les combattre. Son attitude tend à catégoriser les Jedi comme une force incapable. Il n’oublie pas de jouer aussi sur la symbolique, rappelant que des monstruosités ont été commises par des utilisateurs de la Force.  Corran Horn affirme qu’ « en ce moment, il joue sur le souvenir d’Alderaan et de Carida pour que la faute retombe sur les Jedi ».


Kyp et Carida servent aussi d’exemple. Un Jedi ne doit pas être contrôlé par ses émotions. Il ne peut pas agir de façon impulsive. C’est ce que Luke tente d’enseigner à ses apprentis en reprenant l’exemple de Kyp qui a détruit Carida, alors qu’il ne parvenait pas à voir que les impériaux mentaient en disant que son frère était mort. C’était tout le contraire (« pour s’apercevoir que son frère était toujours en vie… au moment où la planète explosait ! soupira Luke. La fin ne justifie jamais les moyens »).


Qwi Xux a contribué à la création des stations de combat de l’Empire. Elle pensait oeuvrer pour changer les choses dans le bon sens sans se douter que l’Empereur travestissait ses créations. Qwi Xux était totalement aveugle, ne savait pas que ses plans servaient à répandre la terreur et la destruction. En plus, Qwi a eu sa mémoire effacée par Kyp Durron, ce qui lui a causé des torts. Qwi s’est alors retirée des affaires galactiques, dans une sorte d’exil volontaire sur la planète Vortex, réfléchissant à son implication dans la machine de guerre impériale. Lorsque Luke vient lui rendre visite, on comprend qu’elle a été durablement marquée par ce que Kyp a fait avec le Broyeur de Soleil : « j’espérais que Kyp Durron viendrait me voir. J’ignore s’il est hanté par le passé comme moi, mais j’espère qu’ici, il entendra les voix du peuple de Carida ».


Enfin, le système Carida reste un espace meurtri. Lorsqu’elle se rend dans la zone, Leia est saisie par ce qu’elle voit : « des volets de nuées cramoisies enveloppaient régulièrement la station orbitale, masquant les étoiles distantes et rappelant l’image du sang, instantanément porté à ébullition, des milliards de Caridans qui avaient péri dans la catastrophe ».

lundi 22 mai 2023

Le sombre voyage de Kyp Durron

On pourrait croire que le dixième tome de la saga du Nouvel Ordre Jedi, intitulé Sombre voyage, se concentre en grande partie sur Jaina Solo. Et c'est le cas puisque l'intrigue tourne autour d'elle et que la couverture la met en avant. Mais, un autre personnage, Kyp Durron, est également mis à l'honneur. Kyp évolue en parallèle de Jaina et parfois en opposition. Les deux Jedi viennent d'effectuer ensemble une mission qui ne les laisse pas indemnes. Cela n'arrange en rien la détresse infligée par la guerre contre les Vong, et pour Jaina, la mort de son frère Anakin et la disparition de Jacen.

Kyp lutte sans cesse contre les Yuuzhan Vong. Il tente de ne pas se laisser contaminer par l'apathie de Luke Skywalker qui, pendant la première moitié du conflit, freine l'implication des Jedi. Luke n'agit pas par lâcheté mais par crainte que des Jedi sombrent dans l'obscurité. L'obscurité, Kyp la connaît bien car il y a goûté durant son adolescence : « Kyp était l'apprenti d'un Seigneur de la Sith (…) le jeune Jedi avait plongé maître Skywalker dans une transe presque mortelle, effacé de force la mémoire d'un scientifique omwati, volé une super-arme et détruit un monde avec tous ses habitants ». Cela a considérablement marqué et influencé l'homme. Il cherche en quelque sorte à rattraper ses erreurs du passé.

Mais, cela le pousse à commettre des actes plu que discutables lors de cette guerre. Il ment à une Jaina endeuillée et qui a les idées troubles après ce qui est arrivé à ses frères. Il lui fait croire qu'il est possible de porter un coup d'envergure aux guerriers Vong en s'en prenant à un vaisseau de combat alors que c'est un bâtiment de civils. Cela ne reste pas sans conséquence car il ne gagne que le mépris de Jaina (« la réaction de la jeune femme après l'attaque du vaisseau-mère sur Sernpidal laissait plutôt supposer qu'elle ne lui aurait pas craché dessus, même pour éteindre les flammes s'il avait brûlé »). Jaina a une piètre opinion de Kyp Durron et elle n'a pas peur de lui dire que « je ne vous suivrais pas, même pour sortir d'un océan où je suis en train de me noyer ».

La relation avec les époux Solo est également compliquée. Si Han voit toujours en lui le jeune homme qui l'a tiré des mines de Kessel, Leia est bien plus vindicative à son égard. Elle lui reproche les dissensions qu'il crée au sein de l'Ordre Jedi et son comportement envers Jaina. Elle trouve qu'il fait preuve d'égoïsme en privilégiant des actions marquantes et héroïques qui valorisent sa réputation au lieu d'aider les réfugiés de la guerre. Elle lui rappelle que « ces gens ont besoin d'aide. Vous les comprenez probablement mieux que la plupart d'entre nous. Vous pourriez vous rendre utile pour une fois ». Leia pense également que Kyp est trop obtus, trop certain d'avoir les bonnes réponses (« chez certaines personnes, le doute est dangereux. Chez vous, c'est une amélioration »).

En réalité, le Solo le plus important pour Kyp n'est ni Jaina ni Han mais Anakin Solo. On comprend qu'il plaçait beaucoup d'espoirs en ce jeune Jedi. Il voyait en lui la possibilité de sortir de l'impasse où se trouvait l'Ordre. Il est donc choqué d'apprendre qu'Anakin Solo est mort. Pour lui, c'est une perte immense, irremplaçable. On lit que « la mort de Jacen ne lui posait pas de problème démesuré, mais Anakin... Son étoile était montée si vite. Anakin Solo était devenu le Jedi le plus admiré de tous. Il aurait pu faire une différence ». Dès lors, il n'est pas étonnant de voir Kyp Durron prononcer des paroles poignantes et respectueuses lors de l'enterrement d'Anakin. Devant une assemblée de Jedi, de proches et autres, il affirme que « les actes des héros se répercutent dans la Force ; La vie d'Anakin continue d'influencer et de guider les gens. Dans cette assistance, une majorité de personnes utilise la Force. Ce jeune homme en était le symbole ».

Mais, l'affrontement contre les Vong ne permet pas les états d'âmes. C'est une lutte à mort ; la galaxie ne pourra pas survivre sans dépasser les disputes passées. Ce qui vaut pour des planètes ou des peuples vaut aussi pour les individus. Jaina Solo et Kyp Durron sont alors amenés à collaborer. Pour Kyp, une chose le rapproche de Jaina : le fait qu'ils ne craignent pas le côté obscur car ils y ont déjà mis le pied (« la plupart des Jedi étaient prêts à risquer leur vie. Jaina et lui étaient préparer à risquer bien plus que ça »). Mais, Jaina fait preuve d'une obstination, d'une détermination qui effraient Kyp. Il se rend compte qu'il ne peut suivre la jeune femme dans la voie qu'elle emprunte. Même lui est dépassé par les actes de Jaina qui est prête à effacer la mémoire de ses amis. Kyp pense qu'elle va trop loin : « son apprentie avait déclaré que la fin justifiait les moyens. Elle avait poussé cette philosophie très loin, amenant Kyp à penser qu'il y avait peut-être des limites à ne pas franchir ».

Durant le temps passé avec Jaina, Kyp prend le temps de l'observer. Si il éprouve une certaine attirance envers elle, il n'est pas non plus aveuglé par ses sentiments. Il se rend rapidement compte que quelque chose de particulier se développe entre Jaina et Jag Fel (« il était difficile de ne pas remarquer les similarités entre Jag Fel et Jaina. Poussés dans la bonne direction, tous deux pouvaient devenir une force très puissante. Il réfléchit à la faisabilité et à la logistique d'une telle action »).

D'une certaine façon, suite à la mort d'Anakin, il voit en Jaina une nouvelle figure de proue possible des Jedi, celle qui doit mener la nouvelle génération. Kyp veut donner une nouvelle direction, une nouvelle vision à la façon dont les Jedi perçoivent la Force. Il place des espoirs en Jaina car « il avait vu comment les autres jeunes Jedi la suivaient sans discuter. Peut-être avait elle à la fois le pouvoir et la crédibilité nécessaires pour forcer les Jedi à se secouer ».

mardi 23 août 2022

Qui est Qwi Xux ?

Qui a créé l’Étoile de la Mort ? Qui a créé ces super-armes dont l'Empereur est si friand ? L'univers légendes apporte une réponse et nous fournit des noms. Un d'eux est celui de Qwi Xux, une femme que Han Solo rencontre alors qu'il est fait prisonnier par des restes de l'Empire dans le Complexe de la Gueule (l'Académie Jedi). Quand on rencontre Qwi Xux, on comprend que c'est une scientifique passionnée par ce qu'elle fait, ravie des moyens mis à sa disposition et qu'elle n'a pas réellement le recul nécessaire sur ce qu'elle fait. Ce sont d'autres (Tarkin et sans doute l'Empereur qui ont une vue d'ensemble des choses). Qwi Xux est presque une idéaliste, une femme prête à tout pour que la science progresse et se diffuse (« le savoir appartient à tous. Nous avons besoin de connaissances pour évoluer et laisser un patrimoine à nos successeurs »). Elle a conscience de la chance qu'elle a, des opportunités qui s'offrent à elle : « ici, j'ai une chance d'apprendre les plus grands mystères du cosmos ». Sa rencontre avec Han Solo va commencer à la faire douter. Le contrebandier va la confronter à la réalité en lui disant que ses belles réalisations sont utilisées pour asservir les peuples et détruire des planètes. Mais, au lieu de se remettre en question, elle s'enferme dans le déni et la négation ; elle lui répond que « je m'occupe uniquement des concepts. Si quelqu'un d'extérieur utilise mal mes inventions, je ne suis pas responsable. »

En réalité, si Qwi Xux pense comme ça, c'est en partie parce que son cerveau a été conditionné pour. L'Empire a utilisé ses capacités intellectuelles pour arriver à ses fins : il fallait donc s'assurer qu'elle soit docile et obéissante, qu'elle ne fasse pas de vagues. Dans le troisième tome de l'Académie Jedi, Qwi Xux est parvenue à dépasser son éducation, elle a compris que l'Empire était maléfique et qu'elle y a participé. Elle peut donc regarder honnêtement son passé et comprendre ce qui n'a pas été (« Qwi se souvint de sa jeunesse. Pour le seul bénéfice du Grand Moff Tarkin, elle avait stocké d'incroyables quantités de connaissances scientifiques dans son cerveau d'adolescente. De tous les étudiants, elle seule avait survécu à ces conditions épouvantables »). C'est là une preuve que l'Empire a bien manipulé Qwi Xux : elle était tellement contente de participer à quelque chose qui la dépassait qu'elle ne se rendait pas compte qu'elle était traitée comme du bétail. Le chemin de Qwi la mène jusqu'à Kyp Durron. L'apprenti Jedi, désirant se venger du mal que l'Empire lui a fait, lui arrache des souvenirs de sa mémoire et, ce faisant, elle oublie tout son travail de scientifique. C'est un terrible coup pour elle : lorsqu'elle relit ses journaux intimes, elle se rend compte qu'elle n'avait pas grand-chose à elle ; elle était juste un outil, un réservoir dans lequel on piochait (« C'était donc cela, ma vie ? Quel atroce vide (…) Plus de dix ans de ma vie, et je ne m'étais liée à personne (…) Et j'ignorais tout ce qu'on faisait de mes inventions. Comment ai-je pu être aussi naïve ? »)

C'est donc Han Solo qui ouvre les yeux de Qwi et lui dit le premier qu'elle a œuvré pour semer le trouble et la guerre dans la galaxie. Han, lui, est étonné de voir la jeune femme lui parler si fièrement de ce qu'elle fait ou ne pas chercher à savoir l'usage qui sera fait des outils. Il « ne parvenait pas à l'imaginer en conceptrice de l’Étoile Noire. Pourtant, elle travaillait de son plein gré sur le Complexe de la Gueule, et elle avait admis son rôle dans la création de cette arme terrible. » Emprisonné, Han ne peut pas faire grand-chose jusqu'à ce que Qwi, touchée par les paroles entendues et qui a fait ses proches recherches, le libère ainsi que Kyp Durron et Chewbacca. Et avant de partir, elle décide de voler le Broyeur de Soleil, une autre super-arme (« c'est l'arme la plus formidable jamais fabriquée et j'ai passé huit ans de ma vie à la concevoir. Vous ne pensez pas que j'allais l'abandonner à l'amirale Daala » ). Si Qwi Xux est toujours fière de ses recherches, elle a quand même changé : elle sait qu'entre de mauvaises mains, son travail peut faire de mauvaises choses. Elle est prête à prendre des risques pour que cela n'arrive pas.

Malheureusement, Qwi ne peut se douter que celui qui lui fera du mal est un homme qu'elle a libéré : Kyp Durron. Ambitieux dans sa formation de Jedi, il est prêt à tout pour se venger, même à employer des méthodes extrêmes. Il a connaissance du Broyeur du Soleil et il a besoin de savoir comment l'utiliser. Il va donc violer le cerveau de Qwi Xux et lui prendre les informations nécessaires (« elle sentit les pointes acérées de griffes imaginaires lacérer son cerveau, creusant, arrachant les souvenirs et les connaissances scientifiques accumulées au cours des années »). Bizarrement, les Jedi parviennent à pardonner à Kyp ce crime (ainsi que le fait qu'il se soit servi de l'arme pour tuer des millions de gens innocents). Qwi tourne également la page même si elle n'est jamais réellement à l'aise. Dans le roman le Sabre noir, lorsqu'elle revoit Kyp, elle montre sa méfiance : « Kyp Durron s'était distancé du Côté Sombre pour servir les Jedi, et Qui avait su lui pardonner – mais le Chevalier Jedi éveillait toujours le doute. » Dans le Nouvel Ordre Jedi, lors de la guerre contre les Vongs, certains Jedi sont aux abois et sont prêts à tout pour lutter contre ces créatures. Certains se rappellent que Qwi est une scientifique de premier plan et qu'elle pourrait, pourquoi pas construire des armes. Mais, ils se rendent vite compte que Qwi a tourné la page de tout ça. A une Mara dubitative de sa philosophie, elle rétorque que « vous êtes tous des héros. Vous avez tué au combat, pour vous défendre. J'ai créé des armes qui ont pulvérisé des planètes entières. » on comprend qu'elle n'a jamais réussi à dépasser sa période au service de l'Empire (« j'espérais que Kyp Durron viendrait me voir – j'ignore s'il est hanté par le passé comme moi »).

Qwi aura pendant quelques temps une relation avec Wedge Antilles. Dans les romans de l'Académie Jedi, le pilote est chargé de la protéger alors qu'elle est menacée par Daala. Les deux se rapprochent timidement (« elle s'était un peu confiée à Wedge depuis qu'il assurait sa protection, mais elle restait très solitaire »). Les machinations de Daala et les liens qui se créent poussent à leur complicité. C'est Wedge qui entreprendra le premier geste : « avec une certaine nervosité, Wedge lui passa un bras autour de la taille. Alors Qwi Xux, inventrice du Broyeur de Soleil, cocréatrice de l’Étoile de la Mort, se sentit honorée d'être sous la protection du général Wedge Antilles ».

Exar Kun

Ancien Jedi devenu Sith, Exar Kun est connu pour avoir mis à mal l'école Jedi fondée par Luke Skywalker sur Yavin IV. Car, sans le savoir, Luke a enseigné la Force à ces élèves dans un lieu hanté par un esprit Sith. Et Luke en a payé le prix fort, plongeant dans une sorte de coma où il était impossible de le joindre.

Dans le roman Sombre disciple, Luke tombe sur l'holocron du Jedi Vodo-Siosk Baas qui lui résume le basculement d'Exar Kun. Comme souvent, après lui, Exar Kun est un Jedi ambitieux qui s'est penché vers l'obscurité pour être encore plus fort. Baas est fortement lié à Kun puisque ce fut l' « un de mes élèves » qui « découvrit les secrets interdits de la Sith et les utilisa pour créer sa propre philosophie Jedi, une terrible déformation de tout à ce quoi nous croyons et aspirons (…) s'appropria le titre de premier Seigneur de la Sith ». Ayant besoin d'une base, d'un centre de pouvoir, Exar Kun choisit Yavin, un lieu hautement symbolique pour les Sith : Naga Saddow et Freedon Nadd ont grandement marqué la lune. Là, il s'appuya, en les matant, sur les Massassis et développa son réseau de bâtiments : « le Grand Temple occupait le centre du dispositif imaginé par Exar Kun. C'était son quartier général lors des batailles. Ce petit temple isolé était une sorte de refuge – le lieu où le Seigneur de la Sith travaillait à augmenter ses forces. »

Le spectre de Exar Kun survit donc sur Yavin. Si il ne peut exister que sous cette forme, c'est parce que les Jedi l'ont vaincu et l'ont réduit à ce triste état. C'est ce qu'il confesse à Kyp Durron, un jeune homme qu'il sent prêt à tomber dans son filet : « j'ai été trahi (…) Les Jedi ont combiné leurs forces pour me combattre ; ils ont déchaîné une telle puissance que j'ai dû absorber la force vitale des Massassis pour réussir à cacher mon esprit dans ces temples ». La trahison dont il parle a été rendue possible par celui qui fut son apprenti Sith, l'ancien Jedi Ulic Qel-Droma. Mais Exar Kun a marqué les esprits et son souvenir a traversé les époques. Plus de trois mille ans après sa mort, Dark Bane en parle encore (« la force du nombre était un piège... dans lequel était tombés tous les grands Seigneurs Sith de l'histoire. Naga Saddow, Exar Kun, Dark Revan : trois puissants Sith »). Si Bane constate leurs échec, il admet également leur force, leur puissance. Et les trois Sith dont il parle sont des Sith de premier plan, des légendes du côté obscur. Dark Plagueis est plus nuancé : du temps de Kun ou de Bane, les Sith faisaient, au pire, jeu égal avec les Jedi alors que Plagueis est condamné à vivre dans la clandestinité. Il n'a pas d'empire, il doit cacher sa présence. Son interrogation est alors légitime : « les Sith comme Naga Saddow et Exar Kun étaient-ils vraiment bien plus puissants ou avaient-ils bénéficié du fait que le côté obscur avait le dessus en ces temps anciens ? »

Exar Kun a un lien fort avec Kyp Durron. Ce dernier devient en quelque sort son apprenti. Il le met en garde en se servant d'exemple parlant. Il prévient Durron qu'un Sith est toujours proche de la chute ; il prend l'exemple de Dark Vador : « d'après Exar Kun, Anakin Skywalker n'était pas prêt. Le pouvoir était trop grand, il l'avait corrompu. » Anakin aurait pu être un grand Sith si il n'avait pas été tant tourné vers sa propre personne. Cette critique est assez ironique à lire puisque, dans l'Héritage de la Force, Jacen Solo (Dark Caedus) émet les mêmes doutes quant à Exar Kun : «  De l'égocentrisme. C'était ce qui causait toujours la chute des Sith. Il avait étudié les vies des anciens – des géants comme Naga Saddow, Freedon Nadd, Exar Kun – et il savait qu'ils faisaient toujours la même erreur, que tôt ou tard ils oubliaient qu'ils existaient pour servir la galaxie. Autrement dit, selon Jacen Solo, Exar Kun a été pervertie par son ambition et sa puissance.

Car Exar Kun a été un Sith particulièrement puissant. Son pouvoir et ses créations sont remarquables. Il était capable de « provoquer la paralysie dans une foule ». Dark Plagueis apprend qu'il « l'avait apparemment fait (…) avec certains membres du Sénat de la République ». Surtout, il a créé une arme qui a traversé les époques. Quand Plagueis voit Maul brandir un sabre particulier, il s'exclame : « Un bâton de Force ! L'arme d'Exar Kun ! » Dans le roman l'Ombre du chasseur, on apprend que ce sabre laser est réservé aux combattants les plus doués, les plus certains de leur talent et qu'il ne peut pas être mis dans les mains de n'importe qui : « Seul un maître guerrier était à même d'utiliser l'arme conçue des millénaires auparavant par Exar Kun (…) Celui-ci pouvait se révéler aussi meurtrier pour son utilisateur que pour son adversaire. »

C'est donc un redoutable adversaire auquel doivent faire face les élèves de Luke. Le Jedi, réduit à l'état d'esprit avec un corps inopérant, affronte l'esprit de Kun et lui fait des reproches : « Tu es responsable de la mort de Gantoris. Et Kyp Durron s'est retourné contre moi par ta faute. » Exar Kun est particulièrement doué pour manipuler les esprits, montrer aux élèves Jedi ce qu'ils ont envie ou besoin de voir. Il se sert de cette technique sur Corann Horn ; dans Moi, Jedi il dit que « j'avais senti la présence de ma femme, cette nuit, dans la grotte, et Exar Kun l'avait fait apparaître sous mes yeux ». L'objectif d'Exar Kun est clair : « la Confrérie de la Sith renaîtra. Tes aspirants Jedi deviendront l'ossature d'une armée invincible protégée par la Force. » Les Sith ne changent pas.

samedi 30 avril 2022

Le Nouvel Ordre Jedi : Kyp Durron contre Luke Skywalker

La guerre contre les Yuuzhan Vong n’a pas seulement opposé la Nouvelle République à ces terribles ennemis venus d’une autre galaxie. Elle a créé des lignes de fracture fortes : certains ont trahi pour rejoindre les vong, d’autres ont vendu les Jedi. Et, au sein de l’Ordre, il y a eu de fortes dissensions, symbolisées par les désaccords entre Luke Skywalker et Kyp Durron. Lorsque commence l’invasion des Vong, on comprend que Luke et Kyp sont depuis quelques temps sur des lignes différentes.

Au grand dam de Luke, Kyp prône l’intervention directe, l’attaque, une attitude offensive. Kyp Durron résume parfaitement sa position dans le premier tome, Vecteur prime. Il interroge les Jedi sur leur passivité (« quand des peuples innocents voient tous leurs biens confisqués, qu’ils sont retenus prisonniers, voire torturés. Ça ne fait pas partie des obligations des Jedi de leur venir en aide ? ») Luke, lui, est sur une ligne plus défensive, les Jedi ne sont pas là pour combattre. C’est un positionnement bien compliqué à tenir en ces temps troubles mais qui trouve un écho auprès des Jedi, notamment Jacen Solo. Le fils de Leia et Han est en pleine réflexion sur ce qu’est la Force, il cherche à définir et à savoir quel Jedi il sera. Lui aussi critique Kyp Durron et sa façon de chercher le conflit : « il y a une grande différence entre croiser des ennuis sur sa route et s’écarter de son chemin pour courir à la catastrophe. Nous ne sommes pas la police galactique ».

D’autant plus que l’attitude Kyp est gratinée d’une forme d’arrogance. On en vient presque à croire que le statut de Jedi lui donnerait un rang particulier. En tout cas, Luke craint que ça affecte son comportement, qu’il oublie que tout le monde n’a pas d’affinité particulière avec la Force. On lit ainsi que « Luke et ses disciples prenaient soin d’expliquer ce qu’ils faisaient et pourquoi. Kyp et les siens se contentaient d’agir, sûrs d’avoir raison (…) Mais les conséquences étaient parfois difficiles à accepter pour ceux qui devraient, en fin de compte, vivre avec les résultats ». On note aussi que Luke ne contrôle pas Kyp et quelques Jedi : son autorité est remise en cause. Contre les Vong, Kyp propose l’attaque frontale et directe, ce que Luke refuse. Non seulement les effectifs Jedi ne sont pas suffisants mais en plus le pouvoir politique ne les soutient pas. Les Jedi sont accusés assez injustement d’avoir déclenché l’attaque des Vong ; or, celle-ci est planifiée depuis des années. Kyp insiste, les Jedi ne peuvent pas rester les bras croisés. Il s’en ouvre à Luke en lui disant que seuls les Jedi sont de taille à mener la lutte : « c’est que la galaxie a souffert chaque fois que l’Ordre Jedi a été affaibli. Quitte à porter le blâme de toute façon, autant que ça soit pour s’être attaqué au problème plutôt que pour être resté inactif face au danger ».

C’est le caractère de Kyp qui parle. Il est grandement marqué par son passé, ses erreurs (la destruction de Carida, l’emprise d’Exar Kun). Luke Skywalker a remarqué que ça l’a grandement influencé (« Kyp avait travaillé sans relâche pour se réhabiliter, mais il choisissait des campagnes de plus en plus difficiles et publiques, afin de prouver à tout le monde qu’il rachetait ses erreurs passées »). Si Luke est diplomatique, Mara Jade est bien plus directe. Pour elle, Kyp fait fausse route. Elle explique à Anakin Solo que la Force ne peut pas et ne doit pas tout faire, que les Jedi n’ont pas tous les droits, que ce n’est pas à eux de décider ce qui est juste ou de faire systématiquement à la place d’autres (« trop de Chevaliers Jedi se fient à la Force comme si elle était la solution à tout. Voilà pourquoi Kyp et ses sbires sont si rigides et si froids. Ils interviennent dans des situations sans savoir ce que les gens peuvent faire »).

Plus que tout, Luke ne parvient pas à comprendre la colère qui brûle en Kyp. Luke a bien trop peur de voir les Jedi être tentés par le côté obscur, il craint que dans leur volonté de lutter contre les Vong ils ne cèdent à l’obscurité (« j’essaie de préserver la galaxie et nous-même. Si nous vainquons les Yuuzhan Vong grâce au côté obscur, c’est nous qui serons perdus) ; cela le rend passif et cela contrarie Kyp qui ne le comprend pas. Il lui reproche sa non-réaction : « les Jedi que vous avez formés et motivés sont traqués, dans toute la galaxie, abattus sans pitié, et vous comprenez ? Comme s’il s’agissait d’une équation ? Votre sang ne brûle pas du désir de réagir ». A cette question, Luke ne répond que par des missions d’exploration et d’espionnage, il refuse d’engager les Jedi dans le combat s’ils ne sont pas attaqués directement. Luke arpente un chemin bien étroit : il doit faire avec les Vong, les politiciens, éviter que les Jedi ne basculent.

Kyp, lui, est bien plus certain. Il ne doute pas et il finit par cerner Luke. Il explique à Jaina et Anakin Solo sa théorie. Selon lui, « quand ils deviennent plus puissants dans la Force, les maîtres Jedi ne sont plus ceux qu’on a connus… Je refuse de finir comme eux ! Obsédés par le côté obscur et le côté lumineux au point de ne plus savoir agir ! Prenez Obi-Wan Kenobi… Ne s’est-il pas volontairement laissé abattre afin de ne plus faire qu’un avec le Force ? » Kyp est convaincu que les Jedi ont besoin d’un leader impliqué sur le terrain, quelqu’un qui charge le sabre laser à la main, et non quelqu’un qui discute de la théorie. Luke n’est pas le seul Jedi dans le collimateur de Kyp et il s’en prend également à Jacen Solo. Ce dernier a décidé d’arrêter d’utiliser la Force. Il ne sortira de sa torpeur que pour aider sa mère menacée par le charismatique Tsavong Lah. Autrement dit, Jacen a plus ou moins manqué en ses devoirs de Jedi. C’est ce que signale Kyp à Jaina et Anakin : « pour sauver sa mère, à ce qu’on dit. Et encore… il a attendu le dernier moment. Combien de temps a-t-elle passé dans une cuve bacta ? (...) aurait-il également recouru à la force pour sauver des Duros inconnus ? Après toutes les occasions qu’il n’a pas saisies, la réponse est non. En conclusion : le respect universel de la vie ne l’a pas incité à revenir sur sa décision ».

vendredi 9 avril 2021

L'Héritage de la Force : la chute de Luke Skywalker

Le roman Sacrifice se conclut avec la mort de Mara Jade et l’avènement Sith de Jacen Solo. Lumiya a dit à Jacen qu’il devait sacrifier quelqu’un de proche pour enfin devenir un Sith et ainsi établir la paix dans la galaxie. Jacen a pensé à ses parents, Luke et finalement l’opportunité Mara Jade s’est présentée à lui ; les deux se sont affrontés dans un terrible duel avec toutes leurs armes à disposition et donc pas uniquement les sabres laser. Après un âpre combat, Jacen a tué Mara. Avant de mourir, Mara a dit à Jacen qu’il ne gagnerait jamais tant Luke était fort. Puis, elle a contacté son époux et son fils Ben dans la Force.
 
La mort de Mara Jade est une nouvelle épreuve dans la vie de Luke et sans doute la plus forte, émotionnellement parlant, depuis la mort d’Anakin Solo dans le Nouvel Ordre Jedi. Il ne s’est jamais pardonné d’avoir envoyé son neveu dans une mission-suicide. 
Mais, Luke n’a pas la possibilité de porter le deuil. C’est la guerre. La survie de l’Ordre Jedi et la galaxie sont menacés par Jacen Solo. Ce dernier cherche de nouveaux alliés pour sortir la situation de l’impasse, les forces qui s’opposent sont équilibrées. Il va donc voir Tenel Ka avec qui il a eu une fille Allana. Tenel Ka est la Cheffe de Hapès et elle est à la tête d’une puissante armée. Elle fait passer son devoir envers son peuple avant ses sentiments pour Jacen. Elle lui demande donc de se réconcilier avec Luke, de ne plus traquer les Jedi. Jacen, sans doute un brin manipulateur, tente de lui faire comprendre qu’il voudrait bien mais qu’il est compliqué d’atteindre Luke tant il est noyé dans son chagrin et son mauvais choix. Il faut savoir qu’à la mort de Mara Luke est persuadé que c’est Lumiya (une ancienne ennemie) qui a tué sa femme et il traque et la tue. Il finit par se rendre compte qu’elle était innocente. C’est pour cela que Jacen ose dire à Tenel Ka que « je crois qu’il traverse une crise de confiance, Tenel Ka. Je crois qu’il a cessé de croire en lui-même… et en la Force. »

Les proches de Luke se rendent aussi compte que quelque chose ne va pas, que Luke a changé. Il fuit le contact. Leia en est un bon exemple. La jumelle de Luke a toujours eu un lien particulier avec lui, elle est donc en bonne position pour montrer que les choses ont changé. Même d’elle, il se ache : « Leia se manifesta à travers la force pour lui faire savoir qu’ils étaient arrivés mais la présence de Luke était tellement recentrée sur elle-même qu’elle en devenait presque indétectable. Et son aura se recroquevilla plus encore lorsqu’elle tenta de le toucher ».
Saba Sebatyne, une barabel Jedi, est connue pour sa sincérité et son point de vue unique sur les gens qui l’entourent. Sa culture lui fait avoir un avis différent sur la mort et sur le deuil, et la responsabilité envers les vivants. Saba se retrouve à présider la cérémonie d’hommage à Mara et remarque l’attitude amorphe de Luke (« Elle ne comprenait pas pourquoi Maître Skywalker semblait si perdu, pourquoi il avait cessé de parler à ses amis et concentré toute son attention sur son état intérieur »).

Le temps passe et la guerre continue d’être toujours aussi impitoyable. Les différents camps cherchent des alliées. Leia et Luke finissent par se revoir sur la planète des Wookies, Kashyyyk. Luke a changé physiquement : « Leia fut enfin en mesure de voir son frère pour la première fois  depuis sa brève vision des funérailles de Mara. Il avait les yeux rougis et cernés et son teint évoquait la couleur du duracier ».

Malheureusement pour Luke, il n’y a pas que la mort de Mara à supporter ; il doit également composer avec Ben, son fils, et l’empêcher de goûter au côté obscur de la Force. C’est une mission doublement compliquée puisque Ben a été quelque temps l’apprenti de Jacen et qu’il est persuadé que Jacen a tué Mara. Rien ne s’arrange quand Ben retourne sur le destroyer Anakin Solo pour confronter Jacen. Il est donc sous l’emprise de Jacen qui tente de le faire basculer. Après quelques péripéties (Luke simule sa mort), Luke et Jacen s’affrontent et ce dernier est à deux doigts de perdre. Il suffit d’un dernier coup pour l’achever et Ben demande à le faire, c’est son droit, c’est sa vengeance. Luke a alors peur de son fils devenir un Sith (« ces paroles firent frémir Luke au plus profond de lui-même. Il se sentit glacé et effrayé. Il entendait la haine brûlante dans la voix de son fils et percevait l’obscurité qui tourbillonnait au sein de son aura dans la Force. »)

Luke ne doit pas uniquement prendre soin de son fils, il a un Ordre à gérer. Il faut lutter contre Jacen qui répand la violence dans la galaxie et qui vise directement les Jedi après avoir tenté de prendre le contrôle de l’Académie. Les Maîtres ont des plans, ils ont des missions et ils aimeraient que Luke en mène une d’entre eux. Kyp Durron tente de convaincre Luke Skywalker de reprendre les choses en main (« on s’inquiète au sein de l’Ordre. Car on ne sait pas où nous allons. Les Jedi ont besoin que vous leur montriez la voie »). Kyp mentionne donc que les Jedi ont besoin d’un guide, d’un leader. En pure perte.

Ben fait le même diagnostic. Le fils n’est pas tendre avec son père, il ose lui dire franchement ce que les autres ne font que murmurer. Lui aussi sent et sait que Luke n’est plus le même. Il lui dit que « ton énergie se propageait avant à d’autres personnes (…) Mais ce n’est plus le cas. Depuis la mort de maman, on dirait que tu as un landspeeder posé sur ton dos ». Il ne s’arrête pas là, il poursuit sa réflexion et finit par comprendre que Luke a réellement baissé les bras (« tu as envie de mourir. D’être en paix. Avec elle. Morte. »)