jeudi 25 avril 2024

Qui est Shmi Skywalker ?

Les différents romans publiés ces dernières années nous en apprennent un peu plus sur Shmi Skywalker, un personnage peu traité mais important. C’est sa mort qui a fait basculer Anakin vers le côté obscur dans le film l’Attaque des Clones. 


Dans le Péril de la reine, on est plus tourné vers l’aspect d’esclave de la vie de Shmi. Sa vie ne lui appartient quasiment plus, elle est dépendante de la volonté d’un autre. Elle ne peut même pas protéger son fils contre les velléités de Watto, leur maître : « elle était impuissante. Elle ne pouvait ni protester ni manifester sa colère, ne pouvait ni marchander ni échanger. Elle n’avait rien à donner ». Cette affirmation dresse un tableau désespérant et négatif de Shmi. En réalité, dans son malheur d’esclave, Shmi a un talent comme le remarque Padmé. Il faut préciser que ce livre est orienté sur Padmé et nous offre parfois la vision de ses souvenirs. On peut ainsi lire que « en regardant les doigts habiles de Shmi assembler l’écran, chaque pièce se mettait en place si facilement que cela en paraissait presque magique ». Ce talent a ensuite été transmis à Anakin.


Dans l’Ombre de la reine, Padmé demande à Sabé, sa suivante, de rechercher Shmi. Padmé sait que Shmi est très importante pour Anakin. Elle se fait un devoir de dénoncer l’esclavage en général et de tirer Shmi de sa situation. Mais, Watto ne possède plus Shmi. Sabé ne trouve aucune trace de Shmi (« je sais que le ferrailleur l’a perdue. J’ignore s’il s’agissait d’un autre pari idiot ou s’il l’a vendue, mais elle n’est plus là. Je n’ai aucune idée de l’endroit où elle a pu aboutir »). Smhi a donc disparu comme un vulgaire objet perdu : cela illustre bien la condition d’une personne esclave. 


En réalité, on apprend dans l’Espoir de la Reine que Shmi a été affranchie et qu’elle a épousé un homme, Cliegg Lars. Ce n’était pas un mariage arrangé pour la tirer de l’emprise de l’esclavage mais un vrai mariage d’amour. Shmi a été accueillie et aimée par les Lars, et sa générosité leur a fait beaucoup de bien. Grâce à son attitude lors de la Menace fantôme où elle avait aidé Qui-Gon Jinn alors qu’elle n’avait pas grand-chose, on avait déjà un bel aperçu de la personne qu’était Shmi Skywalker : une personne altruiste, avec le coeur sur la main. Ce qu’on apprend le confirme : « il paraissait évident, dans la manière dont tous parlaient de Shmi, qu’elle n’avait pas été juste une pièce rapportée dans la famille Lars. Elle en avait été le centre ». Et la capture puis la disparition de Shmi a brisé ceux qui l’aimaient ; on apprend que « Cliegg était inconsolable » et « Owen furieux, même si sa rage n’égala en rien celle du fils de Shmi ».


Dans Comme des frères, Anakin a grandi en tant que Jedi, et il a dû apprendre à ne pas s’attacher. Ce n’est pas le fait de s’attacher qui pose problème, mais le fait de ne pas savoir lâcher prise si il le faut. Anakin n’a pas oublié sa mère, elle l’obsède toujours autant. Shmi Skywalker fait naître en lui tout un tas de sentiments qui le dépassent, qui le perturbent. On en a la preuve alors qu’il assiste à une cérémonie Jedi : « il revit l’expression de sa mère, les ride qui naissaient autour de son sourire, ses yeux qui ne jugeaient jamais (…) Soudain, le visage affectueux de Shmi Skywalker disparut de ses souvenirs, brusquement remplacé dans son esprit par le froid cinglant de la nuit. » Cela illustre bien l’impact de Shmi, sa mère, sur la vie d’Anakin. Elle a été une présence réconfortante et apaisante alors qu’ils étaient esclaves, et puis sa mort a fait naître en lui une immense douleur.


Dans le roman Ahsoka, on a le point de vue de Kenobi. Kenobi n’a pas réellement connu Shmi, n’a fait qu’entendre parler d’elle (« il s’était rendu sur la tombe de Shmi Skywalker pour s’excuser d’avoir perdu son fils. Il ne l’avait jamais rencontrée (…) Qui-Gon l’avait abandonnée ici, condamnée à son statut d’esclave, et Obi-Wan avait fait tout ce qui était en son pouvoir pour empêcher le retour d’Anakin »). Autrement dit, les Jedi ont tout fait pour séparer Anakin de sa mère. Qui-Gon a laissé Shmi derrière lui sans aucun regard, sans aucun regret, conditionné qu’il était par son enseignement de Jedi. Et Kenobi s’est conformé à ça.

lundi 15 avril 2024

Les clones, traitres et trahis

Et puis vient l’Ordre 66. Les clones se retournent contre les Jedi, ceux qui avec qui ils ont combattu lors d’une guerre montée de toutes pièces par le Sith Dark Sidious. C’est le dernier acte tragique d’une guerre dans laquelle les Jedi se sont lancés à contre-coeur. Elle aura précipité leur chute et la disparition de l’Ordre. 

Pendant les quelques années de la Guerre des Clones, Jedi et clones ont passé beaucoup de temps ensemble. Opposés aux séparatistes et à leur armée de droïdes, ils ont appris à créer des liens, à se respecter en tant que combattants. Même pris par les combats, certains Jedi prennent le temps de réfléchir sur la situation. C’est par exemple le cas du Jedi Shryne : « Shryne sentait que les clones avaient une meilleure vision d’ensemble de la guerre que lui (…) Créés pour faire la guerre, ils devaient se dire que les Jedi étaient fous d’aller se battre vêtus d’une simple tunique et de robe à capuchon, avec pour seule arme un sabre laser ». On peut donc supposer que les clones ont gagné le respect des Jedi. Ils ne voient pas en eux de simples créatures crées pour faire la guerre mais aussi des individus avec leur propre personnalité. Se différencier les uns des autres malgré leur origine commune, c’est ce que les clones ont l’air de chercher à faire. Salve en est un bon exemple : « sur le côté gauche de son casque constelle d’impacts de shrapnel, on pouvait lire gravé au laser : Le service est ma vie (…) S’il n’appartenait pas aux CRA - les Commandos de Reconnaissance Avancée - il en avait les manières, et celles de leur modèle à tous, Jango Fett ».

Qu’ils aient tous le même visage ne semble pas embêter les clones et les Jedi. C’est même devenu un sujet de plaisanterie qui « avait maintenant plus de trois ans, mais elle avait toujours beaucoup de succès parmi les clones et entre les clones et les Jedi ».


Tout laisse donc supposer qu’il y a une relation de confiance. Mais, les clones doivent obéir aux ordres. C’est dans leur programmation. Quand l’Ordre 66 est déclenché, des Jedi sont abattus sur un bon nombre de planètes par les clones. Shryne, lui, échappe de très peu au pire grâce à un clone, Grimpeur, qui décide de lui accorder un sourire. Il affirme qu’ « en souvenir du bon vieux temps, je vous laisse une chance de vous enfuir. Mais les ordres sont les ordres. Si nous nous retrouvons, nous engagerons le combat ». 

Si Grimpeur ne tue pas Shryne et les autres Jedi, ce n’est pas nécessairement par sympathie pour eux mais aussi parce qu’il a besoin de comprendre la raison de l’ordre. Son supérieur, Salve, lui dit que les Jedi ont trahi le Chancelier, que les clones doivent obéir au Chancelier. Grimpeur doute encore, il ne comprend pas le plan des Jedi. Les questions qu’il se pose (« vous savez, la rumeur que les Jedi y soient pour beaucoup dans la création de la Grande Armée. Pensaient-ils que nous serions de leur côté le jour où ils agiraient ou comptaient-ils se retourner contre nous aussi ? ») semblent légitimes. Grimpeur ne semble pas adhérer pleinement à la thèse du coup d’Etat contre la République et Palpatine.


Tout cela aurait pu ne pas avoir de conséquences mais Vador débarque et demande des comptes. Globalement, Vador analyse que l’Ordre 66 a été une brillante manœuvre de son Maître Sidious et un succès : « les soldats - surtout les commandants - avaient été programmés pour montrer une loyauté indéfectible au Chancelier. Suprême dans son rôle de Commandeur en chef de la Grande Armée de la République (…) des milliers de Jedi avaient été assassinés par des soldats qui pendant trois ans n’avaient toujours répondu qu’à leurs ordres ». 

Mais, Vador vient demander des comptes aux clones qui n’ont pas tué les Jedi et leur ont laissé une chance. Il n’est pas là pour poser des questions mais pour punir. Grimpeur n’est pas d’accord (« Nous sommes des soldats raisonnables. Nous ne tuons pas les nôtres sans raison valable ») ; mal lui en prend : deux de ses camarades sont tués et lui est blessé et capturé. Voilà ce que récoltent les clones dissidents de l’Ordre 66.


Les clones ont donc été vitaux pour les plans de Sidious. Ils ont fait le sale boulot en tuant les Jedi et en éliminant du tableau les plus grands opposants du Sith. Sans eux, l’ascension de Sidious aurait été bien plus compliquée. Malheureusement pour les clones, Sidious est un être retors qui pense déjà au futur. Dans un discours, il trace un sombre avenir pour les clones. Il pense que la façon dont ils ont été élevés va desservir l’Empire et qu’il faut envisager de les remplacer : « notre armée actuelle subit un vieillissement accéléré, aussi faudra-t-il la remplacer peu à peu. Je soupçonne les Jedi d’avoir voulu créer une armée à l’espérance de vie brève, pensant qu’ils n’en auraient plus besoin une fois qu’ils auraient renversé le gouvernement de la République ». Là encore, le destin des Jedi et des clones est lié. Là encore, on comprend que les deux ont été manipulés par Sidious et que la chute de l’un entraîne la chute de l’autre.

Starstone, une apprentie Jedi, a bien saisi que les deux groupes ne sont que des pantins manipulés : « tout comme les Jedi, les soldats qui avaient été créés pour servir la République étaient les victimes de la traîtrise de Palpatine. Et maintenant ils mourraient des mains de ceux qui étaient à l’origine de leur naissance. C’est mal. C’est terriblement mal. Mais la notion d’ironie tragique ne faisait pas partie de la programmation des clones ».


Couverture The Living Force (on voit le Conseil Jedi)