Le roman Catalyseur est intéressant à plus d'un titre. Les personnages principaux ne sont pas des Jedi ou l'Empereur, Vador. S'ils sont évoqués, ils sont au second-plan. Le livre tourne autour de Orson Krennic et Galen Erso, leur relation ; ce sont deux protagonistes importants pour le développement de l’Étoile de la Mort. Surtout, le livre couvre la Guerre des Clones, la chute de la République et le début de la période impériale.
C'est Krennic qui nous donne un premier aperçu de la guerre des Clones, de l'affrontement entre la République et les Séparatistes. On sent dans ses propos de l'inquiétude, l'impression que les forces républicaines sont au pied du mur et dépassées. En rendant visite à Galen et Lyra Erso, il leur dresse un triste tableau de la situation : « nous nous retrouvons régulièrement face à des adversaires plus nombreux et mieux armés. Pour le moment, nous disposons d'un nombre fini de soldats clones contre ce qui semble parfois un nombre infini de droïdes ». Les troupes sont donc dépassées. Malgré tout, la situation pourrait ne pas être catastrophique si les leaders militaires, les Jedi en tête, arrivaient à trouver des solutions. Or, cela n'a pas l'air d'être le cas : eux aussi sont dominés. Ils ne font pas le poids face à Dooku (« eux aussi font ce qu'ils peuvent. Mais n'oubliez pas que Dooku est un des leurs et que c'est un opposant plein de ressources. On a parfois l'impression qu'il est capable de lire dans nos esprits »). Bien entendu, Krennic n'a aucune idée que tout cela est une vaste mise en scène orchestrée par Dark Sidious (Palpatine). Le moral est donc atteint : ce ne sont pas uniquement les gradés qui se rendent compte de leur impuissance mais aussi toute la population qui se rend compte que la guerre dure et a des conséquences certaines : « La guerre avait attiré des milliers de réfugiés sur Coruscant, dont la plupart, sans la moindre opportunité d'emploi, étaient contraints à vivre dans des centres de relogement horriblement surpeuplés. »
Si Krennic vient voir les Erso, ce n'est pas de façon désintéressée. Galen et lyra forment un remarquable duo, lui menant des recherches et elle permettant à son mari d'exercer tout son talent. Au début du récit, Galen Erso travaille pour l'entreprise Zerpen et mène des recherches sur les cristaux. Si Galen peut mener des recherches sur les cristaux kyber, c'est avec d'énormes difficultés tant les Jedi les protègent et refusent une exploitation. On lit que « la gemme synthétique avait été claquée sur un véritable kyber que Zerpen s'était procuré à grands frais et avec beaucoup de difficultés. Les cristaux qualifiés de vivants étaient la propriété presque exclusive des Jedi, qui semblaient les considérer comme sacro-saints. Ceux de la taille d'un doigt alimentaient leurs sabres laser ». Malgré cela, Galen mène donc des recherches. Il est même une référence, sans doute le plus brillant dans son domaine. C'est suffisant pour que Krennic, en quête d'ascension politique, parle de lui au Vice-Président Mas Amedda (« Galen Erso est l'un des polymathématiciens les plus réputés du Noyau (…) Il fait actuellement autorité en matière de cristaux et de leur exploitation pour fournir de l'énergie enrichie (…) Ses recherches les plus récentes se concentrent sur les cristaux kyber »). Après quelques péripéties, Galen, Lyra et Jyn (leur fille) se retrouvent sans argent et sans emploi. Krennic fait ce qu'il peut pour les aider, espérant secrètement convaincre Galen de travailler pour lui. Mais Galen est un idéaliste, il refuse de mettre son intelligence au service de l'armée, il ne veut pas participer à la guerre. Il clame qu'il n'a « pas d’allégeance pour la machine de guerre républicaine ». Il a besoin d'argent, il précise donc que « s'il y a une place pour moi dans l'enrichissement d'énergie, j'accepterai l'opportunité sans hésiter ». Pourtant, ses proches lui disent que la guerre est profitable pour la recherche, que la République dépense et embauche sans compter. La République a besoin des scientifiques pour faire face aux Séparatistes, il y a des opportunités à ne pas manquer. Reeva Demesne tente de convaincre Galen : « Le Comte Dooku nous a secoués, nous nous sommes réveillés dans une dure réalité et nous avons presque tous troqué la théorie contre la pratique. L'avantage, c'est que nous avons des fonds illimités, ce qui est merveilleux pour la recherche (…) Notre équipe travaille à la protection de quelque chose de plus grand... avec une couverture beaucoup plus large. » Sans le savoir, Reeva Demesne vient d'évoquer la première Étoile de la Mort.
En quelques jours, la guerre se termine. Les Séparatistes sont vaincus, Dooku tué quelques temps avant. Grievous a disparu et Palpatine a même évité une guerre civile en éliminant les Jedi qui prévoyaient de renverser la République. C'est en tout cas que murmure la rumeur, d'autant plus que Palpatine a changé physiquement (« l'Empereur Palpatine se trouvait à bord. On disait qu'il se remettait de blessures causées par un affrontement contre un Jedi déloyal. L'Empereur était accompagné d'un nouveau membre de sa cour, un individu masqué, vêtu de noir des pieds à la tête, portant une cape et connu uniquement sous le nom de Dark Vador »). La République est donc devenue l'Empire, il y a de nouvelles têtes importantes. Il y a également des anciens républicains qui ont montré leur loyauté, leur efficacité et qui sont montés en grade. C'est le cas de Tarkin : « Tarkin avait été promu amiral avant la fin de la guerre, mais Moff était un nouveau rang, conféré par l'Empereur à environ une dizaine de ses officiers et commandants régionaux les plus méritants. » Enfin, pour bien marquer sa victoire sur les Jedi, Palpatine a déplacé une partie de la bureaucratie impériale dans leur ancien Temple ; C'est ce que constate Krennic quand il rend visite à Amedda (« ils se trouvaient tous les deux dans le bureau temporaire du Vizir dans une des anciennes tours du Temple Jedi, qui subissait de lourdes rénovations afin d'être transformé en siège de la Cour impériale »).
Krennic, lui, est content de la défaite des Jedi. Pas parce qu'il leur en voulait mais parce qu'ils étaient indécis et n'offraient pas les réponses dans une période troublée. Il avait l'impression qu'ils refusaient de se salir les mains : « S'ils avaient fait usage de tous leurs pouvoirs, la guerre se serait terminée en un clin d’œil (…) Ils avaient beau être soi-disant objectifs, ce n'étaient pas des scientifiques mais des mystiques (…) Mais les notions de bien et de mal ne peuvent plus être dictées par un petit groupe, dans le seul but de protéger une vision de la vérité qui leur est propre. » Il ne va donc pas pleurer la disparition des Jedi, d'autant qu'elle ouvre la porte à l’exploitation des cristaux kyber (« maintenant que les Jedi ont été... dissous, l'Empire a un accès illimité aux planètes qui, depuis des siècles, étaient uniquement réservées à l'Ordre. Et pas seulement à ces petits échantillons, mais à des cristaux énormes »).
L'Empire est pour certains la chance de pouvoir s'élever, elle est pour d'autres la possibilité d'exorciser le traumatisme de la guerre des clones. Dans les deux cas, c'est à qui se montrera le plus impitoyable, le plus soumis à la nouvelle doctrine impériale. Tarkin résume parfaitement ce qu'est ce nouvel Empire : « les opérations de nettoyage dans les Confins Occidentaux l'avaient convaincu de l'utilité de la super arme. L'Empereur, les Moffs, l'armée impériale d'officiers et de stormtroopers ne suffiraient jamais pour dominer la galaxie entière. Seule la terreur ramènerait l'ordre durable et la station de combat incarnerait cette peur ». Tarkin adhère donc à ce qui deviendra l’Étoile de la Mort. Elle doit ramener le calme, soumettre les peuples. Tarkin et Krennic sont en rivalité : Tarkin se rend compte que Krennic se sert du projet de la super arme pour tenter de gagner en influence, en pouvoir. Il n'a pas tort car c'est exactement ce que cherche Krennic (« comme il avait progressé depuis ses premiers briefings ! (…) Il deviendrait très certainement un habitué de la cour de l'Empereur, il serait aux commandes d'une arme qui impressionnerait même Dark Vador et rendrait Tarkin jaloux à tout jamais »).
Krennic a lié son sort à celui de Galen Erso. Il compte sur l'intelligence du scientifique pour développer l'arme. Le coup est donc terrible pour lui quand Galen Erso fuit. Non seulement cela met en danger le projet mais en plus cela le rabaisse. Cela fait au moins un content : Tarkin. Il jubile même : « il n'était pas regrettable du tout que Krennic ait été handicapé par cette défection inattendue. Le commandant opiniâtre et impulsif avait gagné trop de prestige aux yeux du Vizir Amedda. (…) Tarkin était ravi de voir son rival descendre d'un cran ».
Enfin, dans ce roman, on a les premières esquisses de ce que sera le mouvement anti-impérial, anti-Palpatine. Saw Gerrera voit des planètes être exploitées pour fournir des ressources, des minerais, de la main d’œuvre. Il sait que le combat sera celui d'une vie, que l'Empire est un adversaire redoutable, déterminé et sans pitié. Mais, il est là pour se battre. Il affirme que « pour l'Empire, nous sommes rien de plus que des mottes de terre accrochées aux semelles de leur bottes. Et Salient n'est qu'un coup d'essai. Leur objectif est une domination totale à l'échelle galactique. Et c'est là que nous intervenons, même si ce n'est que pour les secouer un peu : nous nous rebellons contre l'injustice ». Dans le film Rouge One, nous retrouvons la famille Erso sur la planète Lah'mu. C'est une planète éloignée et peu peuplée qui a échappée aux griffes de l'Empire. C'est une chance car l'Empire fait preuve d'un caractère impitoyable dans son ascension : « Ça devient de plus en plus difficile de trouver des planètes que l'Empire ne s'est pas appropriées. De plus en plus de systèmes stellaires se soumettent, de plus en plus de planètes sont ravagées et leurs ressources pillées. Lah'mu est une exception. »