L'effet a été saisissant quand, dans l'Ascension de Skywalker, on a vu une incarnation visiblement obscure de Rey. Les deux premiers films de la postlogie montraient que Rey auraient bien du mal à rejoindre les rangs des anciens Jedi, tels qu'ils ont été façonnés par Yoda et Windu et les autres Maîtres de l'époque. Rey est bien trop âgée, bien trop indépendante. Pour autant, Rey cherche quand même à être formée, elle veut qu'on lui explique son pouvoir, ses talents. Elle suit donc les enseignements de Luke et Leia. Mais Rey est autant façonnée par eux qu'elle l'est par Kylo Ren. L'homme a un fort impact sur elle, leur relation est conflictuelle. Ren cherche à l'attirer, il tente de lui montrer qu'il n'y a pas de mal à vouloir dépasser l'antagonisme Jedi/Sith, à rejeter les leçons de Luke comme lui l'a fait. Il n'est donc pas étonnant de voir que c'est Kylo Ren qui révèle la vérité à Rey : elle est la petite-fille de Palpatine. Luke et Leia n'ont pas eu le courage ou l'envie de le faire, ils ne voulaient pas la froisser, la détourner de son objectif. Kylo ne s'en prive pas : il sait que ça peut bousculer la jeune femme. Et c'est le cas, à en juger par sa première réaction (« C'était la vérité. Elle le sentait. Toute cette obscurité en elle, cette rage... »). C'est bien joué de la part de Kylo : il a bien senti que Rey cherchait à savoir qui elle était, pourquoi elle avait un lien si fort avec la Force. La raison qu'il lui donne doit également la convaincre qu'elle ne doit pas avoir honte de ce qu'elle est. La réputation de Palpatine est bien connue : Rey se rend compte qu' « elle était une Palpatine. La descendante du mal à l'état pur »). La nouvelle est déstabilisante, dure à avaler.
Rey est chamboulée. Savoir qu'elle est de lignée de Palpatine n'arrange en rien sa recherche d'identité. Cela la rend encore plus friable, encore plus solitaire. Quand elle fait face à son incarnation obscure, elle est déstabilisée : « C'était elle. Son visage, son corps. Froide et sombre, vêtue d'une cape Sith, enfin complète ». D'une certaine façon, c'est ce vers quoi elle doit tendre. Mais, elle ne peut l'accepter, elle ne peut admettre d'être du côté (ou du sang) de ceux qui font souffrir tant de gens à travers la galaxie. Malgré son aspect reculé, Rey aime aider les gens ; on le voit à ce qu'elle fait avec BB-8 au début du Réveil de la Force ou avec la mission qu'elle mène pour retrouver Luke.
Rey doute. Elle hésite : « elle avait toujours cru que Leia avait accepté de la former parce qu'elle la considérait comme une arme (…) Est-ce que la générale voyait vraiment autre chose en elle ? Quelque chose de bien. » Si Rey décide de partir seule défier Palpatine, prête à se sacrifier, les choses changent quand la Résistance les rejoint. Des gens sont prêts à mourir pour une cause, prêts à mourir avec elle ; elle n'est plus seule. Mais, Rey fait face à un grand manipulateur qui tente de la convaincre du contraire. Sidious manie les mots de façon à ce que Rey soit convaincu que tout est de faute. Le Seigneur Sith insiste à un point que Rey pense que « les combattants de la Résistance étaient en train de perdre. L'Empereur la manipulait, c'était certain, mais en lui montrant la vérité ; C'était à cause de Rey qu'ils se faisaient massacrer ». Rien ne s'arrange quand Palpatine subtilise l'énergie de Rey et de Kylo Ren (venu la rejoindre). Ce qu'elle voit (« des larmes coulèrent sur le visage de la jeune femme alors que Palpatine utilisait le pouvoir volé pour créer des éclairs de Force ») renforce son sentiment de culpabilité : c'est son énergie qui permet à Palpatine d’atteindre ses proches et ses alliés. Rey se convainc que c'est de sa faute si ils se font écraser.
Rey est battue par Palpatine. Au sol, elle tente de contacter les Jedi du passé. Son entreprise est couronnée de succès : « elle choisit d'être l'intermédiaire de ces voix. Leur vaisseau ». On peut presque dire que Rey n'existe pas pour elle-même à ce moment. Palpatine la voulait pour retrouver une forme physique, les Jedi se servent d'elle pour détruire le Sith ; Rey n'est qu'un outil. La mort de Palpatine est bien entendu un soulagement mais elle laisse un goût amer dans la bouche de Rey. Elle est heureuse, mais pas complètement. Il y a toujours ce doute en elle, cette retenue. Elle se demande si les réactions seraient si sincère si les gens savaient la réalité : « la nouvelle de la mort de l'Empereur s'était déjà répandue. Rey se demanda s'ils auraient été aussi prompts à la féliciter s'ils avaient su qu'elle était sa petite fille ». Peut-on lui donner tort quand on a vu la façon dont Leia a été traitée après la révélation que Dark Vador était son père ?
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