Vecteur prime, le premier roman de la saga du Nouvel Ordre Jedi, a son lot d’événements marquants : l’introduction des Yuuzhan Vong, le fait que la vie existe en-dehors de cette galaxie, le record de Jaina à la Clé des Champs. Mais, il y en a un qui dépasse les autres : la mort de Chewbacca. Le Wookie se sacrifie pour sauver Yan Solo et son fils Anakin alors que les Vong sont en train de faire tomber une lune sur Sernpidal. La disparition de Chewbacca crée un grand vide chez les héros, et en particulier pour Yan.
Très vite, le lecteur comprend que Yan est fortement marqué par ce qui s’est passé. Han n’est pas qu’énervé ou démoralisé, il ne tourne pas uniquement le dos à sa famille. Le changement est également physique, il se laisse aller et ne prend plus soin de lui. Quand il finit par retourner chez lui, ses enfants se rendent compte de son état. Il a l’air négligé : « la multitude de taches, sur sa tunique autrefois blanche, se voyait sans peine, comme la crasse aux poignets, au col et aux coudes. Ses bottes étaient toutes crottées. Le pantalon fripé, échevelé, il passa sur ses joues havres, montrant des ongles sales ». Dans un premier temps, Yan tente de fuir ce qu’il a vécu. C’est sans doute pour ça qu’il boit et évite sa famille. Quand Leia ramène à la maison un Sénateur nommé Elegos, il voit là une autre opportunité pour échapper à sa peine. En effet, l’espèce d’Elegos a la capacité de manipuler les souvenirs et il désire en effacer certains liés à Chewbacca (« je l’ai vu à l’instant où la lune a heurté Sernpidal. Il était là, grondant et hurlant. L’air s’est enflammé. La lumière a fait de lui une silhouette noire, puis elle l’a dévoré. J’ai vu ses os »).
Au-delà des reproches qu’il fait à son plus jeune fils Anakin (ou ce que ce dernier s’imagine), Yan se sent en réalité vulnérable. L’homme a traversé un bon nombre de crises sans jamais perdre de gens réellement très proches. Certes, des gens sont morts ou ont été enlevés mais tout finissait toujours bien pour Leia, Luke ou ses enfants. Là, ce n’est pas le cas et il en a conscience. Il remarque que « l’avoir perdu m’a rappelé tout ce que je pouvais encore perdre. Je n’avais jamais éprouvé une telle peur… Vous imaginiez ça, moi, Yan Solo, terrorisé ? » Ceux qui voient Yan, proches ou non, se rendent bien compte qu’il a changé, que ce n’est plus le même homme, qu’il a perdu de sa superbe. Chalco, un vieillard croisé par Luke et Anakin, dit à ce dernier que « je l’ai vu une ou deux fois récemment. Il est anéanti par la mort de son partenaire ». Tout le monde savait que Yan et Chewbacca formaient un duo très lié, qu’ils était plus que des meilleurs amis. C3PO a vécu auprès d’eux deux. Lui aussi constate la même chose (« ayant été proche de Chewbacca et étant très humain, Yan souffrait le plus de sa disparition, oscillant entre l’angoisse et la rage, l’abattement et l’agitation. L’homme que C3PO avait autrefois trouvé invivable était profondément malheureux, aussi difficile à atteindre que s’il était resté enfermé dans son bloc de carbonite »).
La guerre continue et le temps passe. Yan vit les choses différemment. Parfois, il se sent coupable de ne plus avoir le même niveau de douleur quand il pense à son ami Wookie (« me voilà obligé de me concentrer sur mes souvenirs pour le revoir ou me rappeler le son de sa voix ») ; parfois il s’en prend à ceux qui veulent partager sa peine avec lui ou lui montrent des marques de soutien (« je suis un type normal avec des sentiments normaux et plus que sa part de défauts. Je ne vois pas Chewie, Luke. Pas comme tu dis voir Obi-Wan, Yoda et ton père. Je n’ai pas la Force à ma disposition »).
Yan est un type comme il en existe des milliards dans cette galaxie, il est entouré de gens remarquables et qui sortent de l’ordinaire : sa femme Leia bien entendue mais aussi les Jedi dont ses enfants. Malheureusement, sa famille se trouve confrontée à tout un tas de défis et de péripéties qui les mettent souvent en danger. Avec la mort de Chewbacca, Yan expérimente quelque chose de nouveau : la peur. Leia l’a bien compris. A une Jaina interloquée devant le comportement de son père, elle lui dit que « j’ignore comment nous avons survécu à tout ce qui nous est arrivé. Un miracle ! Cela aussi a contribué à donner à Yan une illusion d’invulnérabilité. La mort de Chewie l’a cruellement détrompé ».
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