Après avoir vaincu les Vongs, traversé une guerre civile avec l’avènement de Dark Caedus et vu le retour des Sith, Luke Skywalker et l’Ordre Jedi aspirent à un repos mérité. Encore en convalescence suite à la blessure causée par Abeloth à la fin du roman Apocalypse, Luke se contente de former des nouveaux Jedi. Il a également en tête que l’époque est trouble et qu’il ne peut plus faire n’importe quoi : « l’époque où les Jedi pouvaient se permettre d’entraîner leurs propres ennemis était révolue. En disant cela, Luke repense à la longue lignée de Chevaliers passés du Côté Obscur (…) Le cas le plus récent étant celui de l’aîné de ses neveux, Jacen Solo, qui était devenu le Seigneur Sith Dark Caedus ». Les Jedi doivent être d’autant plus prudents que la menace Abeloth persiste. A la fin de la saga précédent, le Destin des Jedi, on apprend que seul un monolithe peut porter atteinte à Abeloth. Il faut donc localiser la Dague de Mortis (« Ohali Soroc était l’un des dix Chevaliers de la Quête chargés par Luke un an plus tôt de localiser Mortis, une planète légendaire, ayant abrité un trio d’entités de Force mythique : Ceux de la Famille ». Mais, ce n’est Abeloth la menace principale dans ce livre : ce sont les Qreph.
Les frères Qreph (Craitheus et Marvid) sont deux frères extrêmement riches et qui contrôlent une bonne part des industries galactiques dans l’ombre, et ce par coût de pression, menaces. Dans ce roman, ils menacent Lando et veulent acquérir une de ses entreprises. Ils en ont également après Han Solo car ils sont convaincus qu’il a tué leur mère. Ils utilisent alors leur puissance pour arriver à leurs fins : ils « ont commencé par la génétique de bétail, puis son passés à la production de droïdes et à la technologie cyborg. Ils détiennent désormais des entreprises spécialisées dans les produits chimiques, les services de détention privatisés, la finance à haut risque, la réassurance, la gestion de déchets, la nutrition de synthèse, le transport interstellaire de masse... » Dans le cas de Lando, ils décident de placer une bombe dans une de ses usines : des milliers de personnes sont tuées, Han et Leia sont gravement blessés. Cela a de fortes conséquences en attirant Luke et en déclenchant la colère de Lando qui est prêt à user de moyens illégaux pour se venger (« les disrupteurs étaient des armes capables de désintégrer les cibles à l’échelle moléculaire, causant une douleur telle que leur utilisation était interdite dans presque toutes les sociétés civilisées de la galaxie »).
Plus tard, les Qreph mettront la main sur Han et le tortureront physiquement et moralement. Ils lui posent des questions qui reviennent sur certains des événements les plus douloureux de sa vie et des plus marquants de la saga : « qu’avez vous ressenti à la mort de Chewbacca ? », « pourquoi n’avez-vous pas autant pleuré la mort de votre fils Anakin que celle de votre ami Wookie » et « pourquoi aimiez-vous moins votre fils Jacen qu’Anakin ? »
L’Ultime Épreuve a également le mérite de montrer la force de Luke Skywalker. En effet, on y retrouve la Sith Vestara Khai (sous le déguisement de Savara) qui travaille pour les Qreph. Quand elle apprend que Luke est présent, elle manifeste des signes de peur : « seule une palpitation des narines trahit la panique de Savara. Ce signe suffit à confirmer ce que Vena avait deviné : le nom de Skywalker ébranlait la jeune femme ». D’ailleurs, un peu plus tard, elle prévient les Qreph un peu trop sûrs d’eux de faire attention. Il ne faut pas sous-estimer Luke et sa seule présence peut suffire à faire capoter bien des plans (« Et désormais, grâce à Mitra, c’est impossible (…) c’est Luke Skywalker que vous avez sous les yeux, reprit-elle. On n’a droit qu’à une chance avec lui… et encore »).
Vestara est quasiment seule. Elle ne peut compter que sur Vaisseau. Elle est traquée par les Jedi et rien ne laisse croire que les Sith survivants de la Tribu perdue aient plaisir à l’accueillir et la revoir. Elle doit tout faire pour survivre, d’autant plus que les Qreph ne sont pas des employeurs simples à gérer. L’étau se resserre sur elle quand Ben Skywalker arrive. Elle n’a pas oublié qu’elle a eu une relation amoureuse avec le jeune homme et que ce dernier a été trompé par son comportement : « Ben Skywalker était un problème d’une autre nature : il savait comment Vestara raisonnait et ce qu’elle ressentait, car il la connaissant mieux que personne (…) Ben ne s’arrêterait pas avant que Vestara ne meure, ou avant de perdre la vie en tentant de la tuer ».
Ambitieux, les Qreph ne sont pas doués du don de la Force mais ils tentent d’user d’un monolithe, un lieu particulier qui déforme le temps et l’espace pour acquérir du pouvoir. Ils n’ont aucune réelle idée de l’endroit où ils finissent par arriver, un endroit qui impressionne même le Grand Maître de l’Ordre Jedi Luke Skywalker : « la Force est très puissante dans ce lieu. Très puissante. Elle guérit même celui qui ne sont pas adeptes de la Force, et rapidement ». C’est dans ce monolithe que Luke arrivera à la conclusion de sa réflexion sur ce qu’est la Force, une réflexion amorcée il y a des décennies. Lui qui est passé par tant d’épreuves, a vu la rédemption, le retour vers la lumière, le Sith, le bien et le mal rencontre un dernier défi qui l’éclaire (« il était noyé dans la douleur et empli de bien-être. Il réalisa que c’était l’essence de la Force. La Force était la vie. La vie impliquait de grandir et de rien ne grandissait sans changer. Et le changement était la destruction. C’était pour cela que le Côté Obscur existait. La vie entraînait la mort, la mort nourrissait la vie, la destruction précédait le renouveau. Et la douleur venait avant la guérison. Le Côté Obscur était aussi nécessaire à la vie que le Côté Lumineux »).
Parvenant à défaire les Qreph, Leia et Luke en arrivent à la conclusion qu’ils ne peuvent pas continuer comme ça. Il faut passer le relais, il en ont assez fait. Ils ne peuvent pas combattre tous les jours ; c’est ce que Leia dit à son mari Han Solo : « nous avons passé toute notre vie à nous battre pour que la galaxie soit un monde meilleur. Mais il n’y a pas que le combat dans la vie, Han. Il faut consacrer du temps au repos, à l’amour et au bonheur ». C’est assez plaisant de lire ça dans la bouche de Leia, elle qui a tant et trop sacrifié pour une galaxie qui lui a été bien peu redevable. D’ailleurs, Leia a pu compter sur la Force pour affronter tout ça, ce qui n’est pas le cas de Han. Ce fait montre à quel point Han a dû être amoureux de sa femme pour rester à ses côtés malgré toutes les crises (« si le voyage dans le monolithe lui avait appris quelque chose, c’était à quel point Han était exceptionnel. Depuis plus de quarante ans, il l’avait suivie, elle et les autres Jedi, sans l’aide de la Force »).
Luke a conscience que les futurs défis des Jedi devront se faire sans lui. La menace Abeloth est toujours présente mais ce n’est plus à lui de s’en charger. Il a fait tout ce qu’il a pu pour créer un Ordre vigoureux et il a visiblement réussi puisque les Jedi ont survécu à toutes les crises de ces vingt dernières années. Alors, « le moment était venu pour lui de se mettre à l’écart, de laisser sa création grandir sans lui, de lui permettre de le dépasser. »
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