L'Empire de Palpatine est farouchement pro-humain et tourné vers les Mondes du Noyau. Tout transpire en ce sens, notamment le traitement violent et irrespectueux des mondes éloignés. Dès lors, tout ce qui détonne, tout ce qui n'est pas humain, tout ce qui n'est pas issu de la bonne société est forcément montré du doigt. Le cas de Thrawn, ce Chiss qui finira Grand Amiral, est intéressant car il subira les moqueries liées à son physique et à son origine géographique. Dans le roman éponyme, Thrawn est découvert. La Marine le confie aux bons soins d'Eli Vanto : il est là pour lui apprendre les langues communes et l'initier, autant qu'il peut, aux subtilités politiques. Vanto occupe une place particulière aux côtés de Thrawn : il voit le Chiss progresser alors que lui stagne. Car Vanto n'est pas plus à sa place sur Coruscant et dans les hauts-rangs de la Marine que Thrawn (« vous avez beaucoup progressé en basic ces deux derniers jours. Vous le parlez aussi bien que moi. Peut-être même mieux : vous n'avez pas d'accent de l'Espace Sauvage dont les gens pourraient se moquer »). Surtout Vanto observe Thrawn et se rend compte que l'humanoïde bleu a très peu conscience de ce qui se passe, de tout ceux qui veulent lui mettre des bâtons dans les roues. Il constate qu'un « non-humain qui, encore plus qu'Eli lui-même, était ici comme un poisson hors de l'eau. Un non-humain pour qui la réussite était impossible ». Il dresse alors une liste de peuples, d'espèces qui sont brimées, moquées : « il avait entendu toutes les plaisanteries sur les Falleens, les Umbarans, les Neimodiens, et autres non-humains ».
Quand Thrawn progresse dans la hiérarchie et devient de plus en plus gradé, peu de choses changent. Les préjugés sont toujours là. Lors d'une réunion visant à calmer quelques velléités insurrectionnelles sur des planètes, Thrawn est invité. Mais sa présence n'est pas la bienvenue, n'est pas si souhaitée. L'amiral Durril n'exprime pas ouvertement son mécontentement mais son corps parle (« par ses traits et sa posture, Durril montre qu'il désapprouve la présence d'un non-humain en ces lieux »). Palpatine a bien conscience que son Empire discrimine et cela ne le dérange pas ; en effet, l'Empereur est en plein dans les machinations politiques, il adore placer ses subordonnées en position difficile, les uns contre les autres. Lorsque Thrawn est promu Grand Amiral, il a une réflexion intéressante : « même si je crois que beaucoup ne le voient pas de cet œil ».
Pourquoi ce mépris envers les non-humains ? La question est légitime. C'est Vanto qui nous offre une réponse, une explication qui a un lien avec l'histoire récente de la galaxie. Il explique que « il y avait beaucoup de groupes différents de non-humains au sein du mouvement séparatiste. La Guerre des Clones a causé la mort de beaucoup de gens et dévasté des planètes entières ». Les non-humains paient donc les conséquences de ce terrible conflit (qui n'était qu'une énorme manipulation du Sith Dark Sidious).
Dans tous les cas, pour réussir dans les hautes sphères, il vaut mieux être humain et venir de Coruscant et des planètes autour (« on ressent beaucoup de dédain dans les Mondes du Noyau à l'égard de tous ceux qui viennent d'au-delà de la Bordure Médiane, qu'ils soient humains ou non »). Arihnda Pryce en fait l'amère expérience. Elle qui est une femme relativement influente, qui est en position de supériorité sociale est moquée : « même auprès des gens ordinaires, son accent de la Bordure Extérieure et son absence d'origines coruscanti l'avaient exposée aux moqueries et au mépris ». Toute la société est donc touchée par ce phénomène, du plus bas niveau au plus haut rang : « si l'irrévérence envers les non-humains n'était pas la politique officielle, elle imprégnait néanmoins en toute discrétion l'ensemble de la Marine ».
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