On peut se demander si Qui-Gon Jinn a bien observé le jeune Anakin Skywalker avant de proposer qu'il soit formé avant de devenir un Jedi. Car, dès la Menace fantôme, on comprend très vite que l'ancien esclave est à la fois prisonnier et dépassé par ses émotions. Ayant grandi esclave, à la merci du bon vouloir de ses maîtres, Anakin n'a pas beaucoup de moments de liberté. Il y a bien sa passion pour les pods et les droïdes mais ce sont des passions tournées vers des créatures. Dès lors, dès qu'une femme va entrer dans son environnement, tout va basculer.
Padmé chamboule la vie monotone d'Anakin. Elle est la curiosité et le changement. Pour un garçon comme Anakin, Padmé attire tout de suite l'attention (« Anakin Skywalker ne parvenait pas à détacher son regard de la jeune fille. Il l'avait remarquée dès qu'elle avait franchi le seul de la boutique de Watto »). Quand il lui parle, on voit qu'Anakin est soumis à ses rêves d'enfant et à ses rêves d'esclave : « Êtes-vous un ange ? (…) Ce sont les plus belles créatures de tout l'univers. On dit qu'elles sont bonté et sagesse, et si jolies que les pirates de l'espace les plus endurcis pleurent comme des enfants en les voyant ». A sa façon, Padmé est aussi belle que sa mère et elle est aussi une femme presque mythique venue le tirer de sa situation pénible. Il n'est donc pas étonnant de le voir dépasser par la situation et prononcer des paroles un tant soit peu malaisantes (« je vais vous épouser, dit soudain le garçon »).
Padmé est devenue une obsession. Alors qu'il la connaît depuis très peu de temps, Anakin a un réel coup de foudre. Padmé hante ses pensées, ses idées, ses projets. On lit qu' « il pensait à Padmé, à cette occasion inespérée de l'emmener chez lui et de la présenter à sa mère, de lui expliquer ses projets d'avenir, de lui tenir la main un peu plus longtemps ». Tout est donc bon prétexte pour passer du temps avec la jeune femme, même une tempête de sable. Peu importe la situation, dans la boutique, en pleine tempête ou en pleine bataille, il la dévisage tout le temps, d'une façon presque assez malsaine. On en a un bel exemple lors de la bataille finale : « Anakin ne quittait pas Padmé du regard (…) Son amie se déplaçait avec la fluidité et l'efficacité d'un vétéran. Elle ne ressemblait plus à une jeune fille, mais à une guerrière mortellement dangereuse ».
Mais, les choses changent quand Padmé annonce qu'elle est en réalité la Reine de Naboo. Anakin prend en pleine face son statut : il n'est qu'un ancien esclave, il ne vaut pas grand-chose. Pourtant, ses sentiments sont toujours là. Il doute un peu, pas de l'amour qu'il éprouve mais de la façon dont un peu régler les choses (« depuis qu'il savait qu'elle n'était pas simplement une jeune fille, mais une Reine, l'enfant se posait de terribles questions. Il avait juré qu'il l'épouserait un jour, et il était sincère, mais comment un ancien esclave pouvait-il devenir le mari d'une souveraine ? »)
Son obsession en devient maladive. La peur de perdre Padmé commence à poindre et laisse entrevoir ce qui le mènera à sa perte. Quand il admire Padmé, ce n'est plus seulement sa beauté et le bien apportés qui sont mis en avant mais la façon dont ça le perturbe (« ce visage qu'il trouvait si beau qu'il en avait la gorge serrée »). Incapable de gérer ce qu'il ressent, Anakin est étouffé par ses cauchemars, d'autant plus qu'ils placent Padmé en position menaçante pour lui (« la jeune femme se trouvait en tête de la vague obscure de son rêve, et cette vague était une armée, et cette armée marchait vers lui »).
Anakin a donc du mal à gérer ou envisager d'éventuelles séparations, l'éloignement. Cela se confirme lorsqu'il doit entamer sa formation de Jedi et donc laisser derrière lui ceux à qui il tient. Il avait eu du mal à se séparer de Shmi, il a du mal à se faire à la nouvelle attitude de Padmé (« avec Padmé, qui lui avait à peine dit trois mots depuis que le Conseil avait accepté qu'il suive une formation »).
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