La Haute République met en avant le long et lent déclin des Jedi qui culminera avec la purge impulsée par Dark Sidious.
Mais, bien avant, lors de la première phase de la Haute République, on avait déjà vu un affaiblissement notable des Jedi : ils n’ont pas réussi à cerner et battre les Nihil, ils ont été incapables de protéger la République des émergences ou de la destruction du Flambeau Stellaire. La perte d’influence des Jedi a commencé presque cent cinquante ans plus tôt. Les Jedi sont chassés, leur influence est remise en cause. L’idée qu’ils soient les seuls détenteurs de la vérité sur la Force est fortement combattue. On en a un exemple sur Jedha où « ils s’étaient retirés quand le mécontentement avait commencé à croitre parmi les autres cultes de la Force présents sur la lune des Pèlerins, et qui prétendaient que l’Ordre allait trop loin en se présentant comme la seule foi véritable ». Ainsi, les Jedi ne semblent plus les bienvenus sur Jedha et toute leur symbolique ou leur puissance est réduite à néant. Ils ne bénéficient plus de respect (« il n’y avait pas de temple Jedi sur cette Lune, même si la présence d’une imposante statue de Chevalier dans le désert causait toujours la consternation (…) Le problème avait été réglé par les manifestants qui l’avaient abattue »).
Cependant, il faut préciser que Jedha a l’air d’un endroit particulièrement violent : « le sang des croyants les plus crédules arrosait les rues pavées de Jedha depuis des générations et cette source ne semblait pas près de se tarir ».
De plus, on retrouve encore les membres de la Voie de la main ouverte. Les membres, et en particulier leur leader appelé la mère, leur reprochaient de souiller la Force en l’utilisant. La mère résume ce qu’elle pense en disant que « plus les Jedi et leurs semblables usent de la Force, plus ils la dépouillent de son pouvoir et plus la dévastation s’étend ».
La Mère (Elecia Zeveron) est au centre du roman. On apprend ce qui la motive, on comprend sa radicalité. La Mère est prête à tout pour atteindre ses objectifs, même à sacrifier ceux qui l’ont aidé. Le Héraut en fait l’amère expérience : la Voie de la Main ouverte est pointée du doigt sur Jedha et la Mère décide de lui faire porter la responsabilité alors que ce n’est pas le cas. Pire, elle le pointe du doigt de façon publique, sur des canaux de communication ouverts : « Tu récoltes ce que tu as semé et toi seul devras répondre de tes crimes. Montre aux fidèles de Jedha… montre à la galaxie… qu’au fond de ton coeur, tu es toujours un homme bon, un bon père… »
Sur Jedha, au plus fort du chaos, la Mère est gravement blessée : sa carapace s’effrite. Ses proches commencent à comprendre qu’il y a quelque chose de bien secret en elle, peut-être quelque chose de honteux. On peut lire que « Yana fut frappée par l’apparence d’Elecia. Elle semblait avoir vieilli de vingt ans ». Consciente que son autorité s’effrite, la Mère utilise des artifices pour le conserver (« cette dernière était assise sur ce qui ressemblait de manière inquiétante à un trône »).
La Mère n’a pas façonné la Voie de la Main ouverte sans raison. Elle l’a fait pour se venger des Jedi. En effet, grâce à une Jedi appelée Oliviah, on suppose que la Mère peut avoir un lien avec un Jedi, qu’elle en a peut-être déjà croisé (« j’ai vu son visage à elle, même quand tout a basculé, et j’ai raison »). C’est Marda qui nous apprend la réalité : « ils ont emmené sa soeur et l’ont laissée sur place… parce qu’elle n’était pas assez douée ». Autrement dit, tout laisse croire que la Mère a fait tout ça parce qu’elle était aigrie, jalouse. D’ailleurs, on sent toute cette haine quand elle crache que « je n’aimais pas ma soeur. Elle ne représentait rien pour moi. Ils se sont trompés. Ils auraient dû m’emmener, moi ». La Mère ne souhaitait pas rendre à la Force une sorte de pureté, ses objectifs n’étaient pas désintéressés. Elle souhaitait mettre à bas les Jedi.
La question amoureuse est également bien présente dans ce roman. C’est intéressant car elle est abordée du point de vue de groupes qui mettent en avant des interdit : les Jedi ont de gros problèmes avec l’attachement et les membres de la Main ouverte ne peuvent avoir de relation avec les Jedi. Marda Ro n’a pas oublié Kevmo Zink ; la Padawan a eu son lot d’aventures (« elle avait elle-même fricoté au fil des ans, parfois même sans se faire attraper »).
Le roman aborde aussi la question des amours morts, disparus : Marda a perdu Ro et sa cousine Yana a perdu Kor. Aucune des deux n’a réussi à tourner la page. Yana pense même que Kor lui parle, Yana Ro est bien souvent accompagnée par le souvenir de sa petite amie. Toutefois, Yana a conscience que ‘la chose qui hantait toutes ses heures de veille n’était pas Kor » et que « c’était le fruit de son imagination, la partie d’elle-même qui ne voulait pas la laisser partir ».
A la fin de la Voie de la duperie, les Jedi connaissaient la peur, en étant réduit à de la poussière par un égaliseur. Le Jedi Rell, choqué, précise que « on aurait … des enveloppes vides… la peau ressemblait à de la pierre ». S’ils sont capables de cette prouesse, cela est sans doute dû à leur origine, la planète d’où ils viennent (« la planète se répare toute seule (…) c’est la Force. Elle est si puissante ici. Si vivante »).
En réalité, la Voie de la vengeance est la consécration de Marda Ro, sa prise de pouvoir. Elle redéfinit ce qui doit motiver la Voie, et opte pour un changement de méthodes. Dans un moment assez intense, très marquant, elle clame que « les Jedi sont venus chercher la Voie de la main ouverte, mais ils arrivent trop tard. Ce rêve est brisé. Ce rêve a échoué. Nous avons échoué. Cependant, ce temps est révolu (…) Ils n’ont pas écouté notre avertissement et ils vont à présent en payer le prix, un prix qui ne sera plus une mais ouverte mais un poing fermé ».
Marda est tellement prête à atteindre son but qu’elle fait du mal à sa soeur (« Yana sentit d’abord la douleur, avant même de voir l’éclat du sabre laser. Elle recula en titubant, incapable d’intégrer ce qui venait de se passer, les doigts serrés sur le moignon calciné qui avait été son poignet droit »). Mais, il est fort probable que Marda ait été influencée à ce moment par une suggestion d’Art de la Mère.
Finalement, quand Marda dit que « l’équilibre doit être rétabli. La Force doit être libre », on retrouve une certaine idée d’anarchie, de liberté totale prônée par les Nihil.
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