Le roman La Menace fantôme dresse un portrait assez complet de Qui-Gon Jinn. On comprend qu’il est un Jedi respecté mais pas si bien vu que cela au sein de l’Ordre. Son principal problème semble être le fait qu’il défie les règles, pas parce qu’il aime ça, mais parce qu’il estime qu’il faut parfois emprunter une autre voie.
Kenobi, son apprenti, est le mieux placé pour observer Qui-Gon Jinn. S’il peut sembler content d’avoir un Maître comme lui, il remarque aussi que « con mentor avait souvent tendance à s’impliquer dans certaines affaires plus que de raison ». En réalité, Jinn semble manquer de détachement. Il n’a pas la froideur qu’ont certains Maîtres Jedi qui leur permet de ne pas s’impliquer. Cela a des conséquences sur la carrière de Jinn puisque « ce genre de comportement lui avait déjà occasionné bon nombre de soucis avec le Conseil Jedi ».
Toutefois, même s’il n’occupe sans doute pas la place qu’il mérite au sein de l’Ordre, Kenobi est fier d’avoir Qui-Gon Jinn. Il a des termes élogieux quand il pense à lui : « son mentor était probablement le plus grand Jedi ayant jamais existé, un membre prépondérant du Conseil, un guerrier farouche et courageux refusant de se laisser intimidé ». Ainsi, même son attitude malgré limite, Qui-Gon Jinn reste un Jedi de valeur, respecté et important. Sa parole n’est pas négligée.
Jinn n’est ni aveugle ni stupide. Il mesure les conséquences de ses actes. Il sait que con caractère et son comportement peuvent jouer contre lui. Il sait aussi que ses pairs du Conseil ont un avis équilibré sur lui : ils l’estiment mais savent qu’il est difficilement incontrôlable. On en a la preuve quand il se livre à un moment d’introspection (« il n’ignorait pas ce qu’on disait de lui au Conseil. Il était obstiné, souvent téméraire dans ses choix. Il était fort, très fort, mais gaspillait son potentiel dans la défense de causes qui ne méritaient pas son attention »).
Sa rencontre avec Anakin Skywalker en est un bon exemple. Alors qu’il est envoyé régler un problème économique sur la planète Naboo, il se perd dans une mission qui ne lui est même pas demandée. En faisant la connaissance d’Anakin, il se convainc que le jeune garçon est important. Et il se rend compte qu’il n’a même pas de fondement, dans un premier temps, pour expliquer cela : « le Maître Jedi resta silencieux un long moment, réfléchissant. Il éprouvait pour Anakin un attachement qu’il ne parvenait pas à s’expliquer ».
Kenobi et Qui-Gon Jinn font quelques tests et se rendent compte que le jeune Anakin pourrait avoir une place particulière dans la Force. Kenobi est content de rencontrer Anakin mais il a des doutes quand il apprend les plans de Qui-Gon Jinn. Contre toute logique, Jinn veut ramener Anakin à Coruscant et le former comme futur Jedi. C’est impossible étant donné l’âge d’Anakin. Mais Qui-Gon persiste dans on entreprise. Kenobi entrevoit un futur compliqué. Il appréhende : Qui-Gon Jinn « défierait le Conseil une fois de plus et le résultat serait le même qu’en maintes autres occasions : il n’aurait pas gain de cause ; sa stature de Maître Jedi en prendrait un autre coup ». Autrement dit, Kenobi craint que Qui-Gon sape peu à peu son crédit
Qui-Gon Jinn s’entête. Il présente Anakin au Conseil et va même plus loin en parlant de vieilles prophéties et d’Elu. Il veut prendre Anakin comme padawan, ce qui est impossible étant donné son statut de Maître et qu’il ait déjà un apprenti (Kenobi). Il déclare alors publiquement qu’il est prêt à se débarrasser de Kenobi, sous le motif que ce dernier serait prêt. On peut penser qu’il dit ça sans arrière-pensée mais même lui se rend compte que la chose est blessante pour Obi-Wan (« pour ne rien arranger, le Maître Jedi avait offensé Obi-Wan (…) la déchirure ne serait pas éternelle, mais il faudrait du temps pour que la blessure du jeune homme guérisse »).
Kenobi est vexé. Il a passé tant de temps avec Qui-Gon et le fait d’être mis de côté comme ça le dérange ; on peut d’ailleurs penser qu’il est trop attaché. Mais, il connait aussi Qui-Gon Jinn, il est habitué à ses frasques, à son comportement. Et même si le Jedi n’a pas voulu être méchant, la peine est quand même présente : « son Maître était comme un père pour lui, le seul qu’il eût jamais connu. Furieux que Qui-Gon le rejette pour s’occuper de l’enfant, il n’en connaissait pas moins trop le caractère passionné du Jedi pour s’en étonner ». Kenobi pense donc que « Qui-Gon n’avait pas eu l’intention de blesse » et qu’il « croyait au destin de l’enfant et cela primait sur tout ».
Yoda, lui, a énormément d’estime pour son ami : « un grand guerrier était Qui-Gon ». Mais, il reconnait que Qui-Gon était animé d’un feu presque trop brûlant (« mais beaucoup plus il aurait pu être, s’il n’avait pas voulu aller trop vite ». Yoda pense donc que Qui-Gon Jinn manquait de retenue, qu’il se perdait trop dans les causes qui lui tenaient à coeur. Et cela lui a joué des tours.








