Alors que les Nihil continuent de semer le trouble, le désordre et les morts, les Jedi et la République tentent de prendre la mesure de leur ennemi. Ce n’est pas une situation facile pour les Jedi qui doivent se réinventer et se lancer dans la bataille. C’est d’autant plus compliqué qu’ils doivent faire avec des impératifs politiques. Et cela les entraîne à ne pas toujours être libres de leurs choix, parfois au plus grand désespoir des gens du commun…
C’est une galaxie en plein bouleversement où une bonne nouvelle (le Flambeau Stellaire) a vite été effacée par les attaques des Nihil. Pourtant, le Flambeau stellaire est une remarquable prouesse, quelque chose qui rapproche les populations de la galaxie et montre aux gens les plus éloignés du centre galactique qu’ils comptent. Le Flambeau est devenu « le carrefour de cette région de la galaxie, offrant refuge et espoir à tous les êtres, quelle que soit leur espèce ».
Dans ce roman, on se rend compte que Coruscant a une bien mauvaise réputation. Pour les gens qui vivent dans les endroits les plus éloignés de la galaxie, Coruscant est un repaire qui favorise les privilégiés, ceux qui ont le pouvoir. Sylvestri Yarrow, une pilote dont le cargo a été abîmé par les Nihil, en donne une raison ; elle met le blâme l’attitude des sénateurs et autres politiques (« c’était le genre de manigance politicienne qui tenait les gens simples à distance de Coruscant, et voilà que Syl se retrouvait au beau milieu de cette mascarade »). Elle n’hésite pas à dire à Vernestra Rwoh que « vous ne devriez vous fier à personne sur cette misérable planète. Ma mère disait souvent que la politique est l’endroit où se rend la vérité pour mourir ». Cette affirmation illustre bien tout le mépris, tout le dédain ressenti par Sylvestri.
Le roman acte également le basculement des Jedi. Ils ne peuvent plus se contenter d’étudier la Force, ils doivent se battre. Le padawan Imri Cantaros résume parfaitement la situation : « peu de gens considéraient toujours les Nihil comme une menace mineure et localisée ; ces derniers temps, même les Jedi les plus pacifistes n’hésitaient pas à dégainer le sabre au premier signe de danger ». Il faut dire que les Nihil ont commis un bon nombre de massacres et repoussé les limites de l’horreur.
Jordanna, une ancienne amante de Sylvestri et proche des San Tekka, offre un point de vue un peu nuancé sur les Nihil. Si elle ne remet pas en cause leur aspect abject, elle tente d’expliquer ce qui peut pousser certains à les rejoindre. Elle dit que « les Nihil ont offert un foyer aux laissés-pour-compte et aux ratés de la galaxie. Ils ont donné quelque chose à des gens qui n’avaient rien, ce qui est un acte très puissant ». Mais, elle n’oublie pas de dire qu’ils sont néfastes (« Sont-ils mauvais ? Evidemment »).
Les Nihil sont dirigés par Marchion Ro. C’est un individu charismatique comme le remarque Nan. La jeune femme précise que « personne ne savait à quel peuple il appartenait. Tous ceux qui l’avaient questionné sur son espèce l’avaient payé de leur vie. Ro était aussi mortel que beau, et Nan s’estimait heureuse d’être autorisée à occuper le même espace que lui ». Ro assure donc son autorité sur le groupe par sa présence et par sa force, sa puissance. Il est impitoyable et très dangereux.
La mère de Sylvestri, Chancey Yarrow, a collaboré avec les Nihil, notamment par l’intermédiaire de Lourna Dee. Elle a ainsi pu rencontrer Marchion Ro et en donne une description très valorisante : « c’est l’âme des Nihil, le centre du Cyclone. Un visionnaire ».
Il faut noter que les Nihil étaient particulièrement intéressés par les travaux de Chancey Yarrow et tout ce qui tourne autour de l’hyperespace. C’est grâce à des Sentiers (des routes inconnues) qu’ils commettent leurs attaques et leurs massacres. Ainsi, Marchion Ro fait reposer une partie importante de sa stratégie sur les compétences de Mari San Tekka. Cette dernière, selon Chancey Yarrow, est une femme remarquable : « cette femme est capable de voir toutes les routes possibles à travers l’hyperespace, selon l’endroit et le moment (…) Son cerveau est l’équivalent de dix mille navordirnateurs ».
A l’opposé des Nihil, il y a les Jedi. Si ils ont compris qu’ils doivent se battre, ce n’est pas un choix qui a été fait de gaieté de coeur comme le remarque Reath Silas (« certains craignaient que leurs activités passent de la recherche, de l’éducation et de l’étude de la Force à la guerre et à la politique »). On pourrait presque croire que certains Jedi regrettent de ne plus être un groupe évoluant en marge des affaires galactiques…
Cohmac Vitus semble rejoindre ce point de vue. Il affirme que « les Jedi servent la Force. Nous sommes la lumière et nous ne pouvons obéir aveuglément à d’autres ordres (…) Nous allons là où nous pouvons le plus efficacement chasser l’obscurité de la galaxie, c’est la seule cause que nous devons servir ». Autrement dit, la protection des individus ne semble pas être une priorité.
Cette attitude interpelle Sylvestri. Elle ne comprend pas ce que des Jedi font sur Coruscant, un endroit relativement calme (« que faisaient les Jedi sur Coruscant, au lieu d’être à la frontière pour combattre les Nihil ? »).
C’est Jordanna qui donnera la critique la plus aboutie des Jedi : « ils ne sont pas doués pour le changement. Ou pour s’adapter au monde environnant. Les Jedi sont courageux, déterminés et héroïques, mais toutes ces qualités ne valent pas une semaine de rations si tu n’es pas capable de voir la galaxie telle qu’elle est ». Elle pense donc que les Jedi ne perçoivent pas la réalité des choses, qu’ils sont aveuglés par leurs codes et façons de faire. Si ce sont de bons combattants, ils sont freinés par leurs idéaux et leur méconnaissance des différents peuples et planètes, coutumes et habitudes…
Tout cela est illustré par les doutes qui traversent Vernestra Rwoh. Elle doit former un Jedi et ne se sent pas prête pour ça. Elle est habitée par des interrogations qu’elle ne peut pas partager (« j’ai peur que personne ne me prenne au sérieux à cause de mon âge, à part mon Padawan, et je ne suis pas sûre de lui donner les outils qu’il lui faut pur devenir un bon Chevalier »). L’Ordre Jedi est donc fragile.